Le Web 2.0, une révolution ?

A force d'entendre parler de Web 2, on finit par se demander ce qu'est vraiment le "Web 2.0". Essayons de voir ensemble, si le Web 2.0 est une vrai révolution ?

La fameuse encyclopédie en ligne Wikipedia parle même de "Web 1.5" pour décrire les contenus dynamiques, alors que le Web 1.0 est décrit comme un Web complètement statique. On se rend compte, via cette terminologie, que le Web est devenu une application à part entière puisqu'on se permet de le nommer accompagné d'un numéro de version (jusqu'alors réservé aux saintes applications installées sur le poste client). Chacun sait que l'appellation même de "Web 2.0", inventée par Dale Dougherty, visait davantage à parler d'une renaissance que d'une révolution.

Une renaissance plutôt qu’une révolution
Renaissance, car il s'agit simplement d'un nouveau potentiel qui est exploité. Le Web 2.0 n'a pas placé l'utilisateur au centre, c'était déjà le cas auparavant (rappelez-vous, quand vous faisiez vos pages statiques). C'est seulement la démocratisation de l'accès au haut débit qui a permis l'arrivée massive d'utilisateurs néophytes. Il restait à trouver simplement une manière de l'impliquer, pour qu'il génère encore et toujours plus de trafic. L'aspect communautaire se charge ensuite de placer tous ses nouveaux utilisateurs dans des marchés bien précis. Ce qui permet d'atteindre des cibles inaccessibles par ailleurs.

Renaissance car il suffit simplement de regarder les tenants et les aboutissants des différentes "version" du Web. A l'origine, l'information été mise à disposition des internautes, et chacun pouvait les consulter, et même ouvrir à son tour un site pour compléter ou ajouter certaines informations. Aujourd'hui, on dit souvent que le Web est devenu social. Mais qu'est ce donc qu'un Web social ? En fait, il s'agit plus d'un réseau. Par "social", on pense que le Web est devenu plus communautaire qu'il ne l'était. C'est à dire que l'utilisateur tisse lui-même son propre réseau social à travers les différents sites auxquels il participe. Il fait parti d'une communauté, et en tant que tel, il doit partager, et participer à la vie de la communauté. Mais comme toute communauté, il existe des difficultés.

Comme chaque communauté, le nouveau peut-être exclu, ou peut avoir besoin de l'aval d'un parrain pour accéder aux services (il n'y a qu'à regarder le phénomène des ventes privées). D'autres part, c'est toujours celui ou celle qui est le plus actif qui est mis en avant. On ne recherche pas forcément la perle rare, mais plutôt celui qui fera venir le plus de trafic. On parle alors de buzz. Fini donc l'aspect social qui pourrait faire croire à un "American Dream" sans rien faire. Il faut faire du buzz pour que ça marche. Le Web 2.0 n'est donc pas la baguette magique qui vous transformera en princesse du jour au lendemain. Comme chaque communauté, tout le monde dirige. Ou plutôt, personne ne dirige vraiment. Il n'y a qu'à regarder l'exemple récent de Digg.com, qui a dû plier sous l'influence de sa communauté d'utilisateur, sous peine de perdre beaucoup de trafic, et donc, beaucoup de revenus.

Un Web pas si accessible que cela
Le Web 2.0 est également très contradictoire entre sa philosophie et son propre fonctionnement. Le Web 2.0 se veut être un Web plus accessible, mais intrinsèquement, il ne l'est pas. L'utilisation intensive, et parfois abusive des technologies de type Ajax ou Flash, met à l'écart tous les utilisateurs ayant un handicap. C'est sans doute le point le plus critiquable du Web 2.0 et de ses innombrables services crées chaque jour. Le Web social apparaît donc comme un reflet de la société. Et comme dans la société, personne n'en parle. C'est comme ça.

Un modèle économique discutable
Enfin, le business model des sociétés du Web 2.0 est également très discutable. Beaucoup, (pour ne pas dire toutes), les sociétés du Web 2.0 ne savent pas comment monétiser leurs utilisateurs. Pour citer un exemple français, la société Netvibes, qui permet de construire sa page personnalisée, et certainement un des leaders de son marché. Mais que se passera-t-il lorsque les utilisateurs verront apparaître des bandeaux publicitaires ou de la publicité contextuelle sur leur page préférée ? Iront-ils chez un concurrent sans publicité ? La réponse n'est pas simple. Le Web 2.0 s'étant construit autour de l'idée que l'utilisateur est au centre de tout, que se passe-t-il lorsqu'il n'y a plus assez d'utilisateur.

Pas simple donc de comprendre le Web 2.0. Certains diront que c'est simplement du marketing, d'autres parlent de révolution, mais ce qui est certain, c'est que l'évolution du Web nous conduit vers un simple miroir de la société alors qu'il pourrait être bien plus. Encore faut-t-il que l'utilisateur le veuille puisque maintenant, c'est lui qui commande.