Le premier réseau social reste le lien hypertexte

Aujourd'hui, les réseaux sociaux se multiplient et se concurrencent. Pourtant, le renforcement de l'un ne signifie pas la mort de l'autre. Pourquoi ? Parce que pour le vulgum internautus, le réseau, c'est le Web entier et non un site.

Récemment sont apparus les concepts de réseaux sociaux et d'univers virtuels, présentés comme le futur du Web. Facebook, Myspace, Second Life, Habbo, Ziki, flickr, Twitter... la liste des nominés est sans fin.

L'ADSL, l'ergonomie des sites Web, une éducation à l'e-mail et à l'Internet en entreprise ont décomplexé le grand public face à son clavier. Du coup on se retrouve avec des connaissances qui n'ont pas de télé chez eux "parce que c'est le mal" mais qui passent une (bonne) partie de leur temps à envoyer des vidéos plus ou moins ridicules sur Youtube et à dire qu'ils sont "heureux", "@home", "@work" ou  "tired".

Pourtant tout ceci n'a rien résolu au grand mantra (justifié) de certains penseurs du Web : comment "exister" en ligne, gérer mes identités, dire aux uns ce que d'autres ne doivent absolument pas savoir... Le lobbying autour d'un Web dit ouvert - via les micro-formats ou les plate-formes type open-social / Yahoo pipes - confirme à la fois cet état de fait et notre grand décalage avec la vie réelle.

Car nous, utilisateurs dits avançés, perdons parfois un peu les pédales. Tout ceci n'est-il pas un peu du vent ? Pour la majorité des gens, le Web, c'est un outil pratique ("quel film ce soir?") ou un divertissement ("je vais sur Facebook", qui est définitivement vu par beaucoup comme un jeu de rôle en ligne).

Pendant que certains sont sur Myspace, d'autres sont sur Yahoo, 20 minutes, vos blogs, ce site et des millions d'autres. Le Web c'est l'ensemble de ces sites. Pas l'un, pas l'autre. On parle de Facebook comme d'un Web dans le Web. AOL était un Web dans le Web, un mega extranet dont certaines personnes ne sortaient pas. Cela a tenu dix ans : belle performance. Sauf que les utilisateurs de Myspace et Facebook connaissent d'autres sites. Si pour le moment ils y consomment une partie de leur temps libre, ils le passeront ailleurs dans six mois. On considérait Myspace comme le réseau des réseaux, quasi intouchable ? Facebook est arrivé, certes, mais ne le réduit pas. L'audience de Myspace croît encore, + 25 % ces trois derniers mois.

Pourquoi ? Parce que pour le vulgum internautus, le réseau, c'est le Web entier. Il se balade sur le réseau via des liens hypertextes, un point c'est tout. Que le profil de son ami soit en ce moment plus fun sur Facebook, qu'il soit plus coloré sur Myspace, qu'il soit contrôlé sur Webjam, quelle importance ! Il se balade de l'un à l'autre, simplement, légèrement, en cliquant deci delà. Tel l'internaute, il papillone. La plate-forme n'a pas tant d'importance. C'est pour ça que les sites Internet ne vont pas mourir, les blogs non plus, et Facebook non plus. C'est ça le Web ouvert, et tant qu'on l'aura, on sera libre !