OpenData : un enjeu d’intérêt national

La réutilisation des données publiques constitue un enjeu de développement économique important pour les PME. De nombreuses entreprises sont prêtes à lancer des projets innovants et économiquement viables de réutilisation de ces données.

L'OpenData (réutilisation des données publiques) est un sujet d'actualité forte en ce moment mais il existe peu d'exemples concrets de sa mise en oeuvre. L'OpenData est pourtant comparable, par l'ampleur de sa portée, à la révolution de l'avènement d'Internet. Plus de 5 ans après la transcription en France de la directive européenne sur la réutilisation des données publiques, les politiques s'emparent du sujet. La mission Etalab, menée par le gouvernement, la création d'un groupe de travail au sein du Conseil National du Numérique ou les initiatives portées par des collectivités sont des éléments positifs. Cela ne doit pas faire oublier le retard de la France en la matière par rapport aux Etats-Unis ou à d'autres pays européens comme l'Angleterre ou les pays scandinaves.

Les données publiques constituent par leur variété, leur qualité, leur exhaustivité une pépite incroyable. En effet, indépendamment de leur usage dans le cadre de missions de service public, elles peuvent être transformées, croisées, agrégées afin de devenir plus accessibles ou de permettre la création de nouveaux services.

Dans un pays où l'on s'efforce  de trouver des relais de croissance, notamment en compensant le déficit de PME (qui sont créatrices d'emplois), l'ouverture des données publiques représente un potentiel d'innovations exponentiel. Chaque réutilisation, en portant à la connaissance du public des données méconnues, servira de déclencheur à de nouvelles réutilisations et à une chaîne de création de valeur. Or, il existe en France des entreprises prêtes à lancer des projets innovants et économiquement viables de réutilisation de ces données.

Les visages de l'OpenData sont multiples : e-démocratie (notamment le collectif Regards Citoyens), data-journalisme (cf. article du Journal du Net sur les frais de bouche des 20 plus grandes villes françaises), outil de relance économique, etc. mais tous n'ont qu'un seul but : permettre au plus grand nombre d'accéder à cette connaissance inestimable qui est aujourd'hui méconnue. OpenData et activité économique ne sont pas opposés : il n'y a pas de marchandisation d'un patrimoine public. Au contraire, les projets privés sont autant de relais de valorisation de l'action publique en permettant d'offrir à tous des services nouveaux et complémentaires. Cela nécessite des investissements importants. V

oilà pourquoi, la question  du gratuit/payant ne peut pas être la base sur laquelle juger les projets. Les critères d'appréciation doivent s'inspirer des questions suivantes : quelle est la qualité du service, quelle est la valeur ajoutée apportée par l'entreprise ?
La France peut devenir un gigantesque laboratoire à idées. Pour cela, il suffit simplement d'ouvrir les données, toutes les données accessibles selon la loi, sans exclusivité, dans des conditions de justice, de transparence, de non-discrimination et selon un principe général de gratuité.

La loi le permet depuis 2005, voilà pourquoi, il est important que les politiques oeuvrent pour que son application soit effective et entière dès aujourd'hui aussi bien au niveau de l'Etat que des collectivités.

En France, les projets de réutilisation sont multiples : le projet privé DataPublica recense les données publiques réutilisables, les agrège et les transpose dans des formats ouverts. Au niveau local, les données de transport de la Ville de Rennes ou de la Communauté Urbaine de Bordeaux ont été ouvertes afin de permettre le développement de sociétés créant des services mobiles de proximité. Enfin au niveau national, des institutions telles que le Ministère de la Défense, le Ministère de l'Intérieur ou l'INA jouent la carte de la transparence et de la réutilisation. La Direction de l'Information Légale et Administrative met à disposition de nombreux réutilisateurs privés l'ensemble des textes législatifs qu'elle publie.

A l'étranger, où les projets sont extrêmement nombreux et les champs d'application variés, notons dans le domaine du patrimoine les politiques très volontaristes des « National Archives » en Angleterre ou de la « Library of Congress » et de la « National Archives and Records Administration » aux USA qui permettent à de nombreuses sociétés et associations de voir le jour et de développer des initiatives originales de valorisation du patrimoine.

Les impacts pour l'économie d'un pays sont évidents. En Espagne, une récente étude démontre que déjà plus de 5 000 personnes ont un emploi qui dépend directement de la réutilisation des données publiques. Dans une étude récente, l'Union Européenne estimait que le chiffre d'affaires généré par la réutilisation dans l'ensemble des pays de l'Union pourrait être, à maturité, de 27 milliards d'euros par an.

C'est à la lumière de ces constats que Genealogie.com développe un projet innovant de valorisation des archives d'état-civil de plus de 120 ans. L'objectif : permettre à tous les Français de retrouver facilement leurs origines. Pour servir cet objectif, Genealogie.com doit agréger l'ensemble des données disponibles au niveau départemental et transcrire de façon systématique ces documents manuscrits anciens afin de mettre en place des moteurs de recherche patronymiques.

Ce projet répond à une réelle attente des Français. Selon Ipsos en 2010, 61 % des Français ont déjà fait une recherche généalogique mais un sur deux est incapable de citer un seul de ses arrière-grands-parents. Même si les départements ont développé des programmes de numérisation, il manque les outils qui permettent de s'orienter simplement dans ces fonds et de les décrypter. C'est dans cet intervalle que des initiatives privées peuvent s'inscrire sans dénaturer l'objectif premier de toute politique culturelle : apporter à tous la connaissance d'un patrimoine et les moyens de l'apprécier.

Genealogie.com entend apporter sa pierre à l'édifice, en complément des initiatives publiques et associatives. Elle appuie son action sur les évaluations de l'APIE, les recommandations de la CNIL et les avis favorables de la CADA qui confortent et encadrent ce projet.

A l'heure où les Etats s'émeuvent de l'hégémonie de tel ou tel acteur, le développement de l'OpenData en France contribuera à assurer la permanence de l'innovation française et le dynamisme de son économie. La qualité des données publiques et le dynamisme des PME permettront à la France de combler rapidement son retard. Alors, pour « réutiliser » le slogan de la Ville de Rennes, il faut dès maintenant « libérer les énergies créatrices ».

Voilà pourquoi, comme au sein du GFII, tous les acteurs de la société (administrations, citoyens, entreprises, associations professionnelles) doivent aujourd'hui travailler à rendre possible l'OpenData en France.
C'est un enjeu capital pour la France : les données qui s'ouvrent aujourd'hui sont les emplois de demain.