Le e-commerce : un recruteur entièrement à part

Alors que le commerce électronique se développe un peu plus chaque jour, les entreprises du secteur doivent apprendre à recruter et à conserver leurs bons éléments. Un savoir-faire qui ne s'improvise pas.

Le recrutement dans le e-commerce est spécifique pour au moins deux raisons.

D'une part, en cette période de crise, le e-commerce est un des rares secteurs en plein essor. Les rapports sont donc parfois inversés avec plus d'offres que de candidats.
Ensuite parce que le e-commerce crée régulièrement de nouveaux métiers spécifiques à l'Internet, tandis que la formation initiale reste à la traîne en France.
Ces deux facteurs conjugués font qu'il n'est pas toujours facile de trouver la bonne personne au bon moment, et une fois trouvée, l'intégrer dans des équipes qui s'étoffent vite est aussi un point de focalisation important.

Une étude réalisée pour la Fevad (Fédération du e-commerce et de la vente à distance) et le Club des DRH du Net sur la situation de l’emploi dans le e-commerce indique qu'en 2010 le e-commerce représentait 60 000 emplois équivalents temps plein en France.
Pour 2011, huit entreprises sur dix anticipaient une augmentation de leurs effectifs.
La hausse des effectifs chez les pure players, ceux qui vendent uniquement en ligne, a été particulièrement élevée en 2010 : 12% sur l’ensemble de l’année, la courbe s’alignant sur la création des sites de e-commerce qui, selon la Fevad, seraient plus de 70 000 actifs au deuxième trimestre 2010, soit 16 000 de plus qu’un an auparavant.
Il y a donc et il y aura donc de plus en plus d'offres d'emploi dans le secteur et ce pour des profils très variés.
Des compétences très différentes
En créant de nouveaux métiers spécifiques à l’internet, d'un haut degré de qualification - informatique, marketing, ressources humaines, mais également nécessitant une moindre qualification - logistique, manutention… le secteur de l'e-commerce s'ouvre à des profils et des compétences très différentes.
Je ne reviendrai pas longuement ici sur l'évolution du management, mais la technologie web au cœur des processus des entreprises de e-commerce offre plus d'horizontalité à un fonctionnement qui nécessite une organisation collaborative plus forte que dans d'autres secteurs. C'est sans doute en partie la raison pour laquelle le e-commerce séduit les jeunes. En 2010, la part des moins de 25 ans dans les effectifs du e-commerce s’élevait à 11%, et 84% des effectifs étaient âgés de 25 à 39 ans. Dans un contexte économique et social particulièrement difficile pour les jeunes en particulier, le e-commerce constitue un débouché, quel que soit leur niveau de qualification.

Avec la pratique du télétravail déjà bien implantée - plus d’un tiers des entreprises du e-commerce comptent en effet au moins un salarié en télétravail, à temps complet ou à temps partiel, c'est bien plus que les 22% dans l’ensemble de l’économie.
Comparativement aux autres secteurs, la rémunération des salariés du e-commerce est relativement élevée avec un salaire mensuel net moyen d'environ 2 300 euros, soit 300 euros de plus que la moyenne observée dans le commerce.

Alors pourquoi est-il si difficile de trouver les bons profils ?
Plusieurs raisons à cela. La première correspondant aux suites des crise de 2001 et de 2008/2009 qui ont eu un effet "repoussoir" sur les candidats essentiellement en informatique et en marketing, qui sont à la fois des postes charnières et avec des compétences très spécifiques dans le secteur du e-commerce.
Ils se sont investis dans d'autres secteurs et en termes de marketing par exemple, accroître le trafic d'un site ce n'est pas la même chose qu'attirer des clients dans une boutique.
La seconde tient plus à la psychologie de la nouvelle génération, qui n'a pas forcément autant envie de s'investir dans le travail que la précédente, et là, cela n'a rien de spécifique aux métiers du e-commerce, c'est un constat plus général.

Des perspectives d'évolution plus vastes
Point positif pour les nouveaux entrants, ces difficultés de recrutement et de trouver des profils adaptés offrent des perspectives de carrière en interne plus rapide et plus vastes que dans d'autres secteurs. Non seulement un soin particulier est apporté pour l'intégration mais également à la "fidélisation" : il arrive fréquemment que les salariés moins qualifiés soient formés en interne pour des postes plus qualifiés que l'on arrive pas à pourvoir. Et également, qu'un autodidacte passionné entré pour une autre fonction mais ayant fait preuve de compétences prenne en charge une fonction à laquelle il n'aurait pu aspirer dans un autre secteur que l'e-commerce.

Tout va plus vite !
En attendant que la formation initiale draine sur le marché les profils compétents correspondant aux nouveaux métiers qui se créent chaque jour, nombre d'entreprises du secteur du e-commerce atteignent leur taille critique et doivent se structurer, recruter et intégrer les nouvelles individualités, à la fois en faisant le deuil de ce qui donnait à l'entreprise d'hier cette atmosphère de "cellule familiale", tout en pariant sur la prise de la greffe garante de ce que sera la (grande) entreprise de demain.
Et dans le web en général, et le e-commerce en particulier, tout va plus vite.
Que vous soyez chef d'une entreprise de e-commerce ou candidat dans une entreprise de e-commerce, ne l'oubliez pas !