Apple Watch et la santé connectée : sans intelligence, la donnée n’est rien.

Quelques jours après la présentation de l’Apple Watch, et de son potentiel de vaisseau amiral de la santé connectée, une question mérite d’être posée : que peuvent apporter, réellement, les données récoltées ?

Mardi 9 Septembre au soir, Apple a non seulement présenté une nouvelle ligne de produit, mais a également ouvert un nouveau chapitre de son positionnement de marque. Après avoir amené ses utilisateurs à penser différemment, avoir simplifié leur quotidien via des objets hauts de gamme au design (au sens ergonomique du terme) ultra réfléchi, le géant américain prend maintenant soin de leur santé.

Cette entrée fracassante, bien qu’attendue, sur le marché des objets connectés va sans nul doute déniaiser un marché certes en vogue, mais balbutiant. Mais au delà des nouveaux usages que la marque à la pomme va sans nul doute créer dans notre futur, remettons l’église au centre du village, l’utilisateur au centre de nos préoccupations. Que peut, réellement, apporter cette Apple Watch à notre santé ?

Des données, tu récolteras

Apple ne s’en est pas fait grand mystère : bien sûr, cette montre pourra donner l’heure, mais l’un de ses principaux intérêts et de permettre de récupérer, de manière transparente pour l’utilisateur, bon nombre de ses données de vie, à l’aide de multiples capteurs, processeurs intégrés dans le boitier.

Si l’Apple Watch permet bien sûr de récupérer des données devenues « classiques », liées au comportement de l’utilisateur (nombre de pas effectués, nombre d’étages gravis), son positionnement sur notre avant bras lui permet (tel que nous l’avions évoqué dans cet article au printemps dernier) de récupérer des données plus rares, telles que le rythme cardiaque, ou encore semble-t-il la pression sanguine.
De quoi significativement la distinguer de la plupart des objets connectés du marché, malheureusement limités à certaines données un peu basiques, coincés qu’ils sont dans la poche de nos pantalons.
Mieux encore : nous pouvons nous attendre, au vu de la tradition d’excellence des ingénieurs de Cupertino, que les données remontées soient fiables et que l’on puisse, à ce titre, les interpréter et les mettre en perspective, sur une base scientifique. Alors que les rayons d’objets connectés ont vu apparaître bon nombre d’objets gadgets ces derniers mois, c’est une bonne nouvelle qu’il nous faut célébrer… même si tout reste à faire.

Sans intelligence, la donnée n’est rien

Récupérer les données, c’est bien. Mais soyons honnêtes : la vraie étape, c’est celle d’après : l’interprétation, l’utilisation de ces données.
Ok, en 2012, une balance connectée pouvait être réellement innovante. Mais nous sommes bientôt en 2015 et de nos jours,
  la question n’est plus de savoir comment récupérer des données : entre les objets connectés, les applications mobiles, les smartphones ou les nouveaux objets intelligents type Apple Watch, les données sont partout, ne demandant qu’à être récupérées. Au risque que l’utilisateur ne se retrouve noyé dans un océan de données qu’il ne saurait interpréter ou – pire – qu’il interprèterait de la plus mauvaise des manières.
Sans interprétation, une donnée est peut même être dangereuse, nourriture numérique pour homme hypocondriaque moderne. Prenons le cas de HealthBook, l’application carnet de santé embarquée dans l’iPhone. Complet s’il en est, ce carnet de santé digital pèche toutefois par une complexité qui ne peut que rendre la santé, ou tout du moins le suivi de son état de santé, anxiogène : quel intérêt de suivre au quotidien l’évolution d’une donnée… sans précisément savoir ce qu’elle représente ?
Oui, la santé connectée prendra tout son sens lorsque les données seront expliquées, interprétées, mises en perspective.

Les données ont un sens, encore faut-il leur en donner

L’accompagnement intelligent des utilisateurs dans ce flot de données marquera donc une étape essentielle dans le développement de la santé connectée (et plus généralement, le monde de l’internet des objets). Bonne nouvelle : les technologies nous permettant de donner du sens à ces données existent. Depuis peu, mais elles existent.
Malgré l’incroyable volume des données ainsi produites par chaque être humain quotidiennement, les technologies dites du BigData nous permettent d’agréger, d’analyser, et d’interpréter ces données, de leur donner du sens individuel (croiser différentes données d’un seul et même utilisateur pour y repérer des tendances) mais, surtout un sens au niveau de l’ensemble des utilisateurs. Car oui, le traitement massif des données permettra la mise en lumière de corrélations entre certains comportements et l’apparition de troubles de la santé. Et, une fois que ces corrélations auront été identifiées, il sera plus simple de faire de la prévention ciblée, personnalisée.

Une époque formidable s’ouvre à nous. Bien sûr, il nous faut encore consolider la confiance des utilisateurs par rapport à la confidentialité des données : heureusement, de plus en plus de services responsables, dont le modèle économique ne repose pas sur la vente des données personnelles, apparaissent et crédibilisent le marché. Ensuite…
Les usages, donc les données, sont là. Les technologies pour les exploiter également. 

A nous de jouer pour créer les services de demain, qui pourront avoir un réel impact sur la santé de leurs utilisateurs. Bonne nouvelle : ces services sont déjà là.