Commander ses objets en claquant des doigts, l'avenir de la domotique ?

Commander ses objets en claquant des doigts, l'avenir de la domotique ? Plusieurs start-up, comme Bluemint Labs et Thalmic Labs, ont développé des appareils de contrôle gestuel de l'Internet des objets. Un marché prometteur.

Plus besoin de se déplacer ou de pianoter sur son smartphone, lever le petit doigt suffit désormais à diriger certains objets connectés. Des start-up comme Bluemint Labs ou Thalmic Labs ont développé des appareils capables de détecter les mouvements et de transmettre par exemple des commandes aux volets, lampes intelligentes et autres appareils domotiques.

La pépite canadienne Thalmic Labs, créée en 2012 et basée dans la province de l'Ontario, a créé le bracelet connecté Myo. Il est en mesure d'identifier les mouvements du bras mais aussi des doigts de son utilisateur. Il combine pour y parvenir la mesure de données spatiales avec un gyroscope et un accéléromètre avec celle de l'activité électrique des muscles. Ce brassard intelligent, qui ressemble à une chenille de char militaire, se place en haut de l'avant-bras à proximité du coude.

Le bandeau connecté Myo détecte l'activité musculaire du bras de son utilisateur. © Thalmic Labs

A partir des signaux enregistrés, il permet de contrôler d'un simple geste un smartphone (pour passer un coup de téléphone en réalisant un mouvement de gauche à droite lorsqu'on est en voiture par exemple), mais également toute une série d'objets connectés, comme un drone Parrot ou encore une ampoule intelligente Hue de Philips. "Myo peut être facilement associé à tous les appareils communicants équipés de Bluetooth", explique Sameera Banduk, directrice marketing de l'entreprise.

Thalmic Labs se focalise sur le marché BtoC. Lorsqu'on lui demande si le grand public est prêt à accueillir cette technologie innovante et les nouveaux usages qu'elle implique, Sameera Banduk répond avec des chiffres : "nous commercialisons Myo à grande échelle depuis mars 2015 à 199 dollars pièce. Nous avons déjà écoulé plus de 50 000 unités."

La jeune pousse, qui compte aujourd'hui plus de 100 salariés, a reçu un soutien sans réserve des investisseurs. Depuis sa création, elle a levé plus de 135 millions de dollars. "Lors de notre dernier tour de table en septembre 2016, nous avons collecté 120 millions de dollars chez des fonds de capital-risque appartenant à de grands groupes du web et de l'électronique, comme Intel ou Amazon", se félicite la directrice marketing. Intéressant lorsque l'on sait que le géant du e-commerce essaye de percer sur le marché de l'IoT grâce à son haut-parleur intelligent Echo, qui permet de contrôler des objets connectés par la voix…

"Le fondateur de notre société Bluemint Labs a créé Bixi, notre outil de contrôle gestuel, parce qu'il avait besoin d'augmenter le volume de sa musique favorite sur son smartphone lorsqu'il faisait du vélo. Dans certaines situations, contrôler un appareil grâce au mouvement est plus commode que de le faire via une application mobile. Les consommateurs adopteront naturellement cette nouvelle pratique, qui est moins gênante en public que le contrôle vocal", raconte Luc Jourdan, directeur marketing la start-up grenobloise Bluemint Labs, fondée en octobre 2015. Les systèmes de contrôle gestuels sont aussi moins intrusifs que les appareils de contrôle vocal, qui écoutent en permanence ce que dit leur utilisateur, même s'ils n'enregistrent pas forcément les données.

Le Bixi indique avec ses Leds de quel côté se trouve l'objet connecté auquel il est relié à un instant T. © Bluemint Labs

Bixi est un bouton de 5,5 centimètres de diamètre et de 1 centimètre d'épaisseur. Ce disque aimanté peut être simplement posé sur une table, mais également fixé dans une voiture, sur un frigo ou une bicyclette. Il permet de commander un smartphone ou une tablette et une bibliothèque de 12 objets connectés comme les ampoules Hue de Philips, via l'application dédiée. "Cette bibliothèque va être étendue en fonction des besoins de notre clientèle", précise Luc Jourdan. Les clients peuvent aussi relier eux-mêmes au Bixi tous les appareils équipés du service d'automatisation des taches IFTTT, rebaptisé récemment IF.

Le bouton intelligent détecte les mouvements de son utilisateur grâce à des capteurs optiques. Après avoir analysé ces gestes grâce à des algorithmes développés par la start-up, il transmet via l'application mobile installée sur le smartphone de son propriétaire des ordres aux objets connectés reliés. Chaque Bixi peut reconnaître sept mouvements différents et permet de contrôler deux appareils mobiles en même temps. Pour savoir à quel objet le bouton est relié à un instant T, l'utilisateur réalise deux fois un petit geste de la main de haut en bas. Les Leds placées au-dessus du Bixi s'allument du côté où se situe l'équipement associé. Si le client veut commander l'autre appareil, il refait ce même mouvement. Le Bixi se connecte alors à l'objet numéro deux.

Depuis sa création en 2012, Thalmic Labs a levé plus de 135 millions de dollars

"Nous avons voulu que notre interface homme-machine soit très facile à utiliser. Que les gestes qu'elle reconnaît soient instinctifs pour le client. Relier plus de deux objets au Bixi créait trop de complexité", explique le directeur marketing. Les utilisateurs qui ont plus de deux appareils à commander peuvent acheter plusieurs boutons (ils coûtent 99 euros), ou passer par l'application pour connecter de nouveaux appareils lorsque c'est nécessaire.

Ne serait-il pas plus logique l'intégrer la technologie Bluemint Labs directement dans les objets connectés ? "Nous discutons en ce moment avec le spécialiste américain de l'électronique grand public Bose pour construire un partenariat de ce type. Mais le Bixi a du sens en tant qu'appareil indépendant, car il permet à son utilisateur d'être libre. Il peut le relier avec les objets dont il a besoin a un instant T", explique Luc Jourdan.

Bluemint Labs commencera à vendre son produit chez des distributeurs comme la Fnac début 2017. La start-up a d'ores et déjà pré-commercialisé plus de 1 700 unités dans le cadre d'une campagne en cours sur le site de crowdfunding Kickstarter, où elle a levé plus de 107 400 dollars sur un objectif initial de 25 000. La jeune pousse développe un nouvel appareil qu'elle présentera au CES 2017 à Las Vegas, en janvier prochain. Il pourrait s'agir d'un appareil mêlant le contrôle vocal et gestuel, même si le directeur marketing refuse de donner plus de détails.