Les start-up de l'IoT modulaire ciblent le marché des cancres de l'informatique

Les start-up de l'IoT modulaire ciblent le marché des cancres de l'informatique Ne rien connaître à l'IoT n'est plus un frein pour développer un objet connecté. Des start-up commercialisent des briques communicantes qui permettent de créer facilement et à bas coût des appareils intelligents.

Concevoir un objet connecté avec des connaissances en électronique et en informatique proches de zéro est désormais possible. Des start-up comme Sam Labs, Luxorobo ou encore Nascent Objects ont développé des blocs IoT modulaires dotés de différentes fonctions (mesure de la température, du niveau d'humidité, de la rotation, de la vitesse…) qui se connectent facilement les uns aux autres. Leur objectif : permettre à un public de novices, âgé de 7 à 77 ans, de développer des appareils intelligents en un clin d'œil.

Ces briques communicantes, qui ressemblent à des Lego, peuvent être utiles dans différents contextes : "nous commercialisons nos appareils en BtoB, auprès d'entreprises qui veulent permettre à leurs salariés de concevoir des objets connectés pour être plus efficaces dans leur branche métier, sans mobiliser des équipes informatiques et électroniques importantes. Cela leur permet de réduire le coût de développement de leurs projets IoT (chaque brique coûte 23 livres, ndlr)", explique Adriana Goldenberg, responsable commerciale de Sam Labs.

Sam Labs a levé 4,5 millions de dollars en avril 2016 pour booster la vente de ses modules

"Les entrepreneurs qui se lancent dans l'Internet des objets utilisent également nos blocs pour tester plusieurs prototypes auprès d'un panel de consommateurs, avant de démarrer la production à grande échelle de leur produit. Ces deux activités tournées vers les professionnels représentent la moitié de notre chiffre d'affaires", poursuit la commerciale, qui refuse de donner plus de détails sur les résultats de l'entreprise.

Un signe que le business de l'IoT pour les nuls est prometteur ? Facebook a racheté la start-up californienne spécialiste de l'IoT modulaire Nascent Objects pour un montant non divulgué en septembre 2016. Créée en 2014, la jeune pousse a été intégrée au Building 8 lab, le laboratoire hardware du réseau social. Situé au siège du groupe à Menlo Park, cet espace de plus de 2 000 mètres carrés est centré sur le prototypage rapide d'appareils. Il vise à accélérer au maximum le cycle allant de l'idée à la mise sur le marché d'un produit. Facebook développe au sein de ce labo de R&D des drones, des satellites, des dispositifs de réalité virtuelle, mais également des outils pour améliorer le fonctionnement de ses serveurs informatiques.

Regina Dugan, qui dirige cet atelier de R&D, a posté le jour du rachat la vidéo et le commentaire suivant sur sa page Facebook : "nous espérons créer ensemble du hardware avec une rapidité proche de celle qui est à l'œuvre dans le monde du logiciel."

Mais les start-up spécialistes de l'IoT modulaire ne sont pas seulement tournées vers une cible business. "Nos blocs IoT plaisent aussi beaucoup aux enfants. Avec ces jouets intelligents, ils construisent dans la vraie vie des machines imaginaires. Ces briques connectées leur permettent aussi de se familiariser avec l'électronique et l'informatique dans un monde de plus en plus numérique", souligne Adriana Goldenberg. Sam Labs cible donc les écoles primaires (plus de 1 000 établissements sont aujourd'hui équipés de ces appareils au Royaume-Uni) et les parents de bambins de 7 ans ou plus.

La jeune pousse réalise la seconde moitié de son chiffre d'affaires dans le secteur du jouet intelligent, qui croîtra en moyenne de 30% par an dans les trois prochaines années et pèsera 8,4 milliards de dollars en 2020, selon un rapport de Research and Markets daté de décembre 2015. Elle a levé 4,5 millions de dollars en avril 2016 pour booster la commercialisation de ses modules.

Capteur de température, de luminosité... Chacun des 13 blocs conçus par Sam Labs a une fonction différente. © Sam Labs

Concrètement, chacun des 13 blocs conçus par Sam Labs a une fonction différente : capteur de température, de luminosité, de pression, LED, bouton déclencheur… Ils communiquent les uns avec les autres en Bluetooth et sont alimentés grâce à une petite batterie, fixée directement sur chaque brique. Pour piloter chaque pavé, il suffit de faire glisser dans l'application dédiée l'icône correspondante, grâce à un système instinctif de drag & drop. Afin de faire fonctionner deux briques de concert, il faut relier les deux images qui les représentent grâce à une flèche sur la "Sam Labs app". Pour permettre à un cube de communiquer les données qu'il relève sur le compte Twitter ou Facebook de son propriétaire, il suffit d'assembler son icône à celle du réseau social sur l'appli. Montre, pot de fleur, bicyclette… Les blocs peuvent être fixés sur un nombre infini d'objets et les rendre intelligents en fonction de l'inspiration du moment, comme le montre la galerie de projets présentée sur le site de la start-up.

"La commercialisation de ces blocs auprès d'un très large public sera un vecteur de développement important pour l'IoT dans le futur. Donner au quidam la possibilité de concevoir en un tour de main des outils qui lui sont vraiment utiles au quotidien permettra aux objets connectés de cesser d'être des gadget créés par des geeks pour les geeks", affirme Min Uk Kim, responsable commercial de Luxorobo, une start-up singapourienne qui démarrera la commercialisation de son kit d'IoT modulaire baptisé Modi en avril 2017. Elle a levé 2,5 millions d'euros depuis sa création en 2016.