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ACTU 23/07/2007 Moteur de recherche : 120 millions d'euros pour l'allemand Theseus
Le projet de moteur de recherche européen est bien enterré. Sept mois après l'annonce de l'Allemagne qu'elle se retirait du projet Quaero, elle va pouvoir financer son propre projet baptisé "Theseus". La Commission européenne a en effet autorisé le 19 juillet le gouvernement allemand à injecter 120 millions d'euros d'ici à 2011. Côté français, on attend toujours une aide équivalente pour Quaero.
L'Allemagne avait quitté le projet franco-allemand en décembre 2006 pour se consacrer à Theseus. La raison non officielle de ce divorce venait d'une vision différente de ce que devait être Quaero. Les Allemands, semble-t-il, ne partageaient pas l'ambition française de construire une alternative solide aux géants américains du secteur. Theseus, né en même temps que Quaero en avril 2005, porte ses efforts de recherche sur des technologies de classification sémantiques, dans le but de comprendre le sens du contenu et de le placer dans son contexte. Les premières subventions allemandes iront à Siemens, SAP, Deutsche Thomson et Empolis, les principales entreprises impliquées. Des PME seront financées par la suite.
Le désormais franco-français projet de moteur Quaero, qui privilégie la reconnaissance d'images et de vidéos, n'a lui toujours pas obtenu le financement promis. En mai 2006, l'Agence de l'innovation industrielle annonçait qu'elle lui accordait une enveloppe de 90 millions d'euros pour cinq ans (lire Le projet Quaero pose ses premiers jalons, du 02/05/06). Plus d'un an plus tard, les entreprises concernées n'ont encore rien reçu. "Cela n'empêche pas les plus grosses entreprises d'avancer, explique un participant. Mais pour certaines PME qui avaient planifié leurs programmes de recherche désormais en suspens, cela devient problématique".
Même s'il dispose déjà d'un financement public, Theseus fait l'objet de critiques. Certains dirigeants d'entreprises impliquées dans Quaero évoquent un projet "fumeux", "davantage destiné à faire avancer la science que d'améliorer simplement la technologie existante de recherche". Des critiques formulées également côté allemand. SuMa-eV, une association qui défend le libre accès aux ressources du Web (et inquiète à ce titre de la domination de quelques moteurs américains) regrette que l'Allemagne "refuse d'entrer en concurrence avec les leaders du marché" et parle de "grande occasion gaspillée".
Au lieu de travailler à un moteur de recherche européen,
les Etats privilégient désormais des projets nationaux. Quaero en
France, Theseus en Allemagne, MultimediaN aux Pays-Bas, iAd en Norvège,
autant d'efforts dispersés que l'Union Européenne essaie de coordonner
avec "Chorus" (lire le chat
avec Nosha Boujemaa du 19/04/07). Coordination européenne mais
financements nationaux de champions locaux : l'Europe (des moteurs) de la
recherche n'est pas pour demain.
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