Le groupe audiovisuel français reproche à Kewego d'avoir
mis à disposition des internautes des vidéos de ses émissions phares et lui réclame
1,5 million d'euros. (15/05/2007)
C'est une première en France. Un groupe de télévision traîne en justice une
plate-forme de partage de vidéos pour avoir diffusé illégalement ses contenus.
Canal Plus attaque ainsi la société Kewego pour contrefaçon et parasitisme. Sur
le fonds, elle accuse la jeune société, créée il y a six mois par deux co-fondateurs
de Multimania (lire l'article Vidéo
en ligne : Kewego opte pour un modèle multicanal du 16/11/2006) de mettre
à disposition des internautes ses émissions phares, telles que Les Guignols de
l'info, Groland, Le SAV des émission, ou Le Grand Journal. Canal Plus l'assigne
donc en justice et réclame à Kewego 1,5 million d'euros à titre de provision.
Si le groupe audiovisuel attaque Kewego, ce n'est pas parce que ce dernier
est le seul de son secteur à proposer des contenus illégaux. Au contraire, pas
une plate-forme ne peut se vanter de ne proposer que des contenus licites. Cependant,
les efforts de Kewego pour lutter contre la piraterie n'ont pas convaincu le groupe.
"Nous avons mis plusieurs fois en demeure l'ensemble des sites de partage vidéo
en leur demandant de supprimer nos émissions. Certains agissent, d'autres non.
Kewego a bien supprimé quelques vidéos au coup par coup, mais ils n'ont pas engagé
la mise en place d'outils de protection des uvres", indique un porte-parole de
Canal Plus. Chez Kewego, dont les dirigeants n'étaient pas disponibles lundi,
un porte-parole se dit étonné d'être visé par Canal Plus : "Nous avons toujours
réagi à leurs demandes de supprimer des vidéos leur appartenant. Surtout, nous
ne comprenons pas pourquoi ils mettent cette affaire sur la place publique."
Canal Plus semble sanctionner celui qu'il considère comme le plus mauvais élève
du lot. Certes, Kewego n'a pas l'audience de Dailymotion, et une vidéo mise en
place sur la plate-forme fait certainement moins de tord à la chaîne que lorsqu'elle
est mise à disposition des plus de 22 millions de visiteurs uniques dont se prévaut
Dailymotion. Mais depuis plusieurs mois, les acteurs importants du partage vidéo
que sont YouTube et Dailymotion donnent des gages de bonne volonté.
En effet, l'américain YouTube, filiale de Google, présentera ses premiers tests
de protection de vidéos en juin prochain et prévoit de mettre en place son système
durant l'été - au lieu de décembre dernier comme cela était prévu dans un premier
temps. Ce projet, né il y a près d'un an, n'a toutefois pas empêché Viacom d'attaquer
YouTube en justice et de lui demander un milliard de dollars de dédommagement.
De son côté, Dailymotion, travaille aussi à la mise en place d'un tel système
pour le mois de juin. Les deux sociétés ayant opté pour la même technologie de
fingerprinting, celle d'Audible Magic (lire l'article Le
fingerprinting sauvera-t-il le partage de vidéos sur le Net ? du 10/05/07).
Cependant, plusieurs responsables d'associations d'ayant droits ne croient pas
au calendrier annonce et laissent entendre qu'ils pourraient prendre la relève
judiciaire de Canal Plus dans les mois à venir.
De son côté, MySpace a mis en place vendredi dernier un système développé par
Microsoft, visant à filtrer la diffusion de vidéo clips à l'insu des ayant droits
sur son site. "Nous savons que c'est long et difficile à mettre en place. Mais
il est important que les sites de partage de vidéos disposent d'outils pérennes
et efficaces", souligne-t-on chez Canal Plus. Difficile néanmoins pour ces plates-formes
de consentir à l'investissement nécessaire alors qu'elles ne sont pas rentables.