La presse Internet "fragilise le débat démocratique" selon le rapport Giazzi

Le rapport Giazzi remis au président de la République tire à boulet rouge sur la presse Internet qu'il juge dangereuse. Pour y faire face, il propose d'aider économiquement les médias traditionnels à s'y renforcer.

 "Le problème d'Internet est considérable parce que comment voulez-vous que les gens achètent leur journal en kiosque s'il est gratuit sur Internet ? ". Pour répondre à la question qu'il se posait en mai dernier, Nicolas Sarkozy avait demandé à Danielle Giazzi, secrétaire nationale de l'UMP aux entreprises de lui remettre un rapport  pour faire le point sur le développement des médias traditionnels, notamment la presse papier, sur Internet (lire son interview : "La presse traditionnelle a mésestimé le tsunami numérique", du 03/06/08). 

Remis jeudi, deux semaines avant l'ouverture des Etats généraux de la presse, ce rapport entend proposer des solutions pour aider les médias traditionnels à se renforcer afin de devenir économiquement viables.

Nourrie par 80 auditions (dont seulement 3 acteurs 100 % Internet : Google,Rue89 et Mediapart), Danielle Giazzi réalise un premier constat frappant : la presse sur Internet fait perdre ses lettres de noblesse à la profession. Selon elle, la presse Internet (qu'il s'agisse de journaux uniquement Web ou de versions numériques de journaux papiers) "fragilise la qualité de l'information" et contribue à un "affaiblissement du débat démocratique". Aussi prône-t-elle une série de mesures pour aider les médias traditionnels à se faire plus facilement une place sur Internet. 


Comme les journaux papiers payants, elle propose de faire bénéficier d'une TVA à taux réduit (2,1 %) les sites Web de journaux labellisés par la commission paritaire. En outre, le rapport demande à ce que les sites prétendant être des "sites d'information" mentionnent à leurs lecteurs le nombre de journalistes titulaires de la carte de presse écrivant dans leurs colonne, ainsi que le nombre de "rédacteurs". Une initiative qui vise à indiquer au lecteur le degré de professionnalisation des sites en question.

"Ces professionnels [les journalistes] doivent continuer à travailler au sein de structures capables de mesurer et d'assumer les risques pris par la diffusion de ces informations, de protéger les journalistes et éventuellement d'endosser la responsabilité et d'assumer leur défense, justifie Danielle Giazzi dans son rapport. Confier ces tâches à des personnels non qualifiés, ou à des structures vulnérables reviendrait à fragiliser la qualité de l'information et contribuerait ainsi à un affaiblissement du débat démocratique dans notre pays". Rien que ça.

Par ailleurs, le rapport de Danièle Giazzi remet au goût du jour un vieux projet du gouvernement : la taxation des revenus publicitaires sur Internet. Elle demande ainsi un moratoire afin d'envisager la taxation des revenus publicitaires des "nouveaux entrants issus des réseaux Internet" (en donnant comme exemple les plates-formes d'échange vidéo), afin de participer au financement de la production audiovisuelle française. Un tel projet avait déjà failli voir discrètement le jour fin 2007, après avoir été voté par l'Assemblée avant d'être retiré en commission paritaire mixte (lire l'article : Le Sénat supprime la taxe sur la pub vidéo en ligne, du 20/12/07).