Annina Svensson (Spotify) "Après la musique, pourquoi pas le cinéma ?"

Activité en France, implantation aux US, partenariats... La directrice générale de Spotify France fait le point sur le développement de l'application d'écoute de musique en streaming suédoise.

JDN. Deezer a trouvé un allié de poids en France avec Orange, comment comptez-vous y appuyer votre développement ?

Annina Svensson. La France est un marché plus difficile qu'ailleurs car la concurrence y est forte, mais c'est aussi un atout puisque le marché existe déjà. Nous sommes actuellement en discussion pour développer des partenariats avec des FAI, des acteurs médias et des intégrateurs hardware. A côté de cela, nous ne faisons pas de marketing pour nous faire connaître. Nous nous reposons sur la puissance de recommandation de notre communauté. Nos investissements sont consacrés à l'amélioration de nos produits.

Où en est Spotify ?

Le service donne accès à un catalogue de 10 millions de titres provenant des 4 majors et de près de 30 000 labels indépendants. Deux ans après son lancement, Spotify compte 750 000 abonnés payants en Europe pour 10 millions d'utilisateurs dans 7 pays : Suède, Norvège, Finlande, Hollande, France, Royaume-Uni, Espagne. La majorité de nos abonnés ont souscrit une offre à 9,99 euros, celle à 4,99 euros étant plus récente. L'équipe française se compose de 9 personnes, mais nous ne communiquons pas encore sur nos résultats locaux.

Vendez vous plus d'abonnements depuis la mise ne place de l'Hadopi ?

Non, nous n'avons rien observé de ce type.

Spotify affiche une perte de 13,3 millions d'euros en 2009, vendre des abonnements mensuels à 5 et 10 euros est-il viable économiquement ?

2009 a été la première année de commercialisation de nos service. Nous avons surtout investi en ressources humaines, en moyens techniques, en nous lançant dans de nouveaux pays et surtout dans le produit. Ce chiffre donne donc une idée très imprécise de la viabilité de notre modèle économique.

Votre lancement aux Etats-Unis doublerait votre potentiel de marché mais prend du retard, pour quand cela est-il prévu ?

Cela avance à grand pas. Nous espérons lancer Spotify aux Etats-Unis d'ici à la fin de l'année. Nous prenons notre temps car nous préférons bien faire plutôt que vite. Comme en France, nous sommes à la recherche de partenaires qui nous permettraient de faire du buzz au lancement. Un opérateur télécom serait pertinent car cela permettrait d'intégrer le paiement de l'abonnement à Spotify sur les factures mensuelles de ses clients. Nous avons d'ailleurs un partenariat de ce type en Suède, où Spotify est commercialisé en bundle avec une box ADSL.

Quelles pistes d'amélioration voyez-vous dans votre produit ?

Notre objectif est de créer un écosytème dans lequel Spotify est au centre de la consommation musicale des gens. C'est pourquoi nous mettons à disposition de plate-formes tierces des API pour interagir avec Spotify. Actuellement nous travaillons beaucoup à multiplier notre compatibilité avec les terminaux existants. Spotify est déjà disponible sur iPhone, Windows Mobile 6, Android, Palm, Sonos... Et nous travaillons bien sûr sur la prochaine version de Spotify.

Diversifier votre offre fait-il partie de votre stratégie ? Comme dans le cinéma par exemple...

C'est quelque chose que nous regardons. Notre plate-forme permet déjà la diffusion de vidéos, bien que nous n'ayons pas de catalogue. Mais nous avons encore beaucoup de choses à faire dans la musique avant de nous lancer dans cette voie. Nous verrons donc cela plus tard.

Annina Svensson est la directrice générale France de Spotify. Diplômée d'un Master d'Internet Management à l'Institut de Technologies de Barcelone, elle a débuté sa carrière au sein de Colt Telecom à Barcelone pour ensuite s'orienter vers le monde des start-ups et de la distribution de musique en ligne chez Digiplug, une filiale d'Accenture, puis dans le e-marketing. Annina Svensson a ouvert le bureau français de Spotify France SAS au printemps 2009.