Hicham Badreddine (Malakoff Mederic) "La généralisation des objets connectés dans l'assurance santé paraît encore lointaine"

Hicham Badreddine, directeur digital chez Malakoff Mederic, revient à l'occasion de l'université du numérique du MEDEF sur la transformation numérique de l'assureur et en particulier sa stratégie face aux objets connectés et à l'utilisation de la data.

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Hicham Badreddine. © Malakoff Mederic

JDN. L'Université du numérique du MEDEF étudie la manière dont les acteurs traditionnels de tous secteurs appréhendent les bouleversements de la transformation numérique. Quelle est la stratégie de Malakoff Mederic concernant le sujet brûlant de l'arrivée des objets connectés dans le domaine de la santé ?

Hicham Badreddine. En 2011, nous avons lancé un programme de prévention de l'hypertension artérielle suite à un appel à projets du ministère de l'industrie. 10,5 millions de personnes sont atteintes d'hypertension en France, 23% de la population de plus de 18 ans. Et selon la CNAM, 7 millions d'hypertendus sont non dépistés et non traités. Epaulés d'acteurs de la protection sociale, de la CNAM et de professionnels du secteur, nous avons décidé de lancer une expérimentation dans le Nord Pas de Calais, particulièrement touché. Etant un assureur principalement B2B2C –nous assurons les salariés via leur entreprise- nous avons ciblé un panel de 1000 salariés qui ont accepté d'être dépistés. Nous les avons équipés de tensiomètres et de balances connectées dont les données étaient transmises à leur médecin via une plateforme data, pour le suivi et la prévention.

Au-delà de cette expérience ponctuelle, allez-vous généraliser l'utilisation des objets connectés auprès de vos clients ?

Nous pouvons difficilement réitérer cette expérience réalisée de concert avec les autorités publiques, la CNAM et les professionnels de santé à grande échelle. D'autant qu'on est encore loin de la généralisation des objets connectés dans le domaine : pour l'instant, ils émergent avant tout dans le domaine du bien-être. De là à ce qu'ils revêtent un rôle vraiment plus important dans la santé, il faudra mobiliser la CNIL, les autorités du secteur de la santé pour mettre en place des normes. L'Ordre des médecins y réfléchit, la CNIL y travaille, les choses sont en mouvement en France, mais il y a encore de la marge avant que l'on puisse aller beaucoup plus loin sur le sujet.

De manière plus générale, nous avons décidé de lancer une démarche plus industrielle concernant notamment l'utilisation de la data, baptisée "Entreprise territoire de santé". Nous voulons sortir de ce rôle d'indemnisation où l'on rembourse les frais de santé, et c'est tout. Nous voulons aller plus loin, en mettant en place des outils de prévention pour entrer dans une dynamique prédictive plus que curative. Diminuer les sinistres, anticiper les problèmes d'absentéisme dans les entreprises et bien sûr, préserver le capital santé des individus. L'idée, c'est de mettre l'accent sur la prévention et de lancer des services pour les salariés, mais aussi de piloter l'absentéisme dans les entreprises.

C'est-à-dire ?

Nous rassemblons des données sur l'absentéisme dans les entreprises, selon le secteur ou le type de salariés. Cela nous permet ensuite d'identifier les secteurs les plus touchés, les causes, les services à mettre en place pour améliorer le taux d'absentéisme. Mais nous travaillons également sur des algorithmes capables d'analyser si le taux dans une entreprise donnée est normal par rapport au benchmark du secteur et des salariés, et si ce n'est pas le cas, de dégager des pistes pour l'améliorer.


Après un passage dans le domaine du conseil chez Capgemini puis chez SFR en tant que digital marketing manager, Hicham Badreddine a développé un poste inédit chez Malakoff Médéric.Il est depuis presque 5 ans à la tête de la stratégie et de l'innovation en matière de digital pour la société d'assurance.