Les 4 chantiers de l'Internet en 2017 selon les Webby Awards

Les 4 chantiers de l'Internet en 2017 selon les Webby Awards Les "Oscars de l'Internet" ont analysé les milliers de projets de candidatures qu'ils ont reçus cette année pour en dégager des tendances.

Les Webby Awards, dont le JDN est partenaire, récompensent les meilleures initiatives digitales dans une centaine de catégories. La 21e édition de l'événement, qui se tiendra courant mai du côté de New-York, a donné lieu à l'envoi de plusieurs milliers de candidatures. L'occasion pour le comité de ces "Oscars de l'Internet" de prendre le pouls du Web en 2017 et d'identifier les principaux chantiers qui occuperont les marques dans les mois à venir. Le JDN vous les dévoile en exclusivité.  

Aller pas à pas sur le terrain de la réalité virtuelle

Si vous envisagez de lancer un projet de réalité virtuelle dans les mois qui viennent, les Webbys vous donnent un mot d'ordre : y aller progressivement. "La réalité c'est que tout le monde ne dispose pas d'un casque Oculus ou même d'un cardboard chez soi. De sorte qu'il est important de donner à ces gens la possibilité de profiter de l'expérience", confirme Margaret Johnson, chief creative officer au sein de l'agence Goodby Silverstein & Partneres, sollicitée par les Webby Awards. Une réalité qui fait écho aux initiatives lancées par le New-York Times sur le terrain de la réalité virtuelle : le quotidien américains est allé jusqu'à distribuer en novembre dernier une paire de lunettes Cardboard à ses près de 1 million d'abonnés papier à l'occasion de la sortie d'un documentaire en réalité virtuelle baptisé "The Displaced", suivant un groupe de réfugiés syriens. 

Trois secteurs devraient être touchés de près par la démocratisation de la technologie annoncent les Webbys : le sport, le voyage (pour découvrir une nouvelle destination confortablement assis sur son siège) et les concerts. "Vous pouvez expérimenter des choses jusque-là inaccessibles, comme Woodstock ou le discours 'I have a dream' de Martin Luther-King", illustre le comité.

Proposer des expériences toujours plus immersives

Les médias proposent à leur lecteur depuis longtemps déjà des expériences fortes d'un point de vue émotionnel et psychologique. La technologie leur permet, de plus en plus souvent, de mettre l'accent sur la dimension physique de l'expérience, en la rendant encore plus immersive. Les Webbys, qui expliquent avoir reçu énormément de candidatures relayant ce type d'initiatives, citent l'exemple d'un Français, Buzzman, et de son Nosulus Rift, un masque spécialement conçu pour jouer au jeu vidéo "South Park : L'Annale du Destin". Après avoir placé le Nosulus Rift sur son nez, le joueur peut alors ressentir à pleines narines la puissance des pets du héros qu'il incarne dans le jeu. Une expérience olfactive potache qui en appellera d'autres, annonce les Webbys.

Autre cas cité, le projet développé par Google qui permet de découvrir les recoins cachés de cinq parcs nationaux américains en suivant le parcours de rangers et en bénéficiant d'une expérience acoustique de qualité.

Faire du machine learning pour être plus pertinent

Alors que l'émergence des "machines" face à l'humain cristallise bien des débats, les Webbys expliquent y voir non pas une menace mais un moyen très intéressant et amusant pour les entreprises d'être plus "pertinentes" envers leur communauté chaque jour. Notamment grâce à l'ingestion et le traitement de data par un logiciel, le machine learning. Le PDG d'Alphabet, Eric Schmidt, a lui-même prédit que la prochaine société valorisée 100 milliards de dollars serait celle qui serait capable de capter la data en provenance d'une communauté et d'apprendre de celle-ci.

Les Webbys citent l'exemple de "Crisis Text Line", un service de mise en relation de personnes en difficultés avec des consultants spécialisés. Le service a recours à un programme de traitement du langage naturel pour mesurer avec le plus de précision possible l'urgence d'une requête (A quel point la personne est-elle en danger ?) et prioriser la mise en relation.

"La prise en charge des personnes se fait souvent de manière chronologique, ce qui est une erreur. Si l'algorithme repère une occurrence figurant parmi une dizaine de mots tels que "suicide", "mort"… il va marquer l'utilisateur en orange et le faire remonter tout en haut de la liste d'attente", explique la fondatrice Nancy Lublin. Elle a recruté à l'été 2016 un data scientist qui travaille à l'amélioration d'un algorithme qui a déjà traité près de 28 millions de messages. L'objectif : passer d'une logique de "mot" à une logique de séquences. "Une phrase comme 'je veux mourir' indique un risque imminent. Mais une phrase comme 'je veux mourir maintenant' impose une urgence encore plus forte", illustre Nancy Lublin.

Doper son e-commerce à l'intelligence artificielle

Il y a quelques amalgames entre l'intelligence artificielle et les chatbots qui ne sont, selon les Webbys, que la partie émergée de l'iceberg. "Beaucoup de monde pense que nous sommes allés vraiment loin en ce qui concerne l'intelligence artificielle. Ce n'est absolument pas le cas. C'est comme l'océan, on ne voit pas tout mais c'est pourtant bel et bien là", illustre Michael Nicolas, associé chez Born AI, spécialiste de la technologie.

Les Webbys prédisent que l'IA devrait être centrée dans les 12 mois qui viennent autour de l'amélioration du langage naturel dans des verticales bien spécifiques (voyage, sport, météo) pour éviter de décevoir en essayant de brasser trop large. L'autre secteur qui va être bouleversé par l'intelligence artificielle ? Le retail dans quatre chantiers bien précis :

  • La détection d'émotions pour l'e-commerce

Les e-commerçants veulent profiter de la vidéo pour détecter et classer les émotions de leurs consommateurs lorsqu'ils sont en plein shopping. "Un des principaux enjeux est la nécessité de limiter l'abandon de panier. La mise en place d'un système de détection des émotions pendant que l'utilisateur fait ses courses pourrait faciliter le passage à l'achat, illustre Rodrigo Senra, directeur de la technologie de  l'agence digitale Work & Co. Pourquoi ne pas proposer une promotion spéciale à un client qui vient de passer une mauvaise journée ?"

  • Les systèmes de recommandation

Amazon et eBay n'ont plus le monopole des systèmes de recommandation aboutis. Plus besoin de ressources techniques et financières démesurées pour s'y mettre. Les plus petits business peuvent désormais profiter de la technologie pour reconnaître le client et lui proposer une expérience adaptée.

  • Les comportements d'achat inconscients

A côté des raisons évidentes qui poussent à acheter un produit plutôt qu'un autre (le prix, l'origine…) figurent d'autres arguments dont le client n'a parfois pas conscience. L'intelligence artificielle va permettre aux marques d'identifier des modèles de comportement préalables à l'achat d'un type de produit. "Chacun a un comportement de navigation online unique et cerner la plus imperceptible de vos préférences permettra au magasin d'être plus précis dans ses suggestions", pointe Rodrigo Senra.

  • L'éducation produit

Les assistances vocaux comme Alexa et Google Home vont instiller encore plus "d'humain" en magasin et booster l'engagement avec le consommateur, en lui apportant des informations supplémentaires sur le produit. Rodrigo Senra prend l'exemple d'un consommateur qui, dans un magasin de parfums, apprendrait d'un assistant vocal la différence entre les senteurs et le processus de manufacturation du produit qui l'intéresse. Le conseil à la vente rendu scalable en somme.