Fréquences mobile : Google joue à qui perd gagne

Le géant du Web n'a remporté aucune des licences mobile mises aux enchères aux Etats-Unis. Les opérateurs Verizon et AT&T raflent la mise. Pourtant, Google pourra toujours accéder à leur réseau.

A première vue, Google a perdu. Les résultats de l'attribution des fréquences sur la bande des 700 MHz mises aux enchères aux Etats-Unis montrent que la société n'a rien obtenu. Les grands gagnants de cette vente, qui s'est déroulée du 24 janvier au 18 mars et a rapporté à l'Etat près de 19 milliards de dollars net, ne sont pas des nouveaux entrants mais des opérateurs, Verizon Wireless et AT&T. Mais à y regarder de plus près, si le moteur de recherche de deviendra pas opérateur télécom, il pourra toujours utiliser les futurs réseaux.

Les deux plus gros - et plus riches - opérateurs ont dépensé à eux deux 16 milliards de dollars, soit 84 % du montant global net des enchères. Verizon devra payer 9,36 milliards de dollars pour un total de 109 licences, dont une moitié pour des fréquences régionales et locales et l'autre pour les précieuses fréquences nationales. De son côté AT&T va débourser seulement 6,6 milliards de dollars, mais pour davantage de fréquences - 227 - principalement régionales.

Pour sa part, Google ne s'intéressait pas à ces marchés locaux. La société a limité sa participation aux enchères au "bloc C", composé de huit licences couvrant l'ensemble du territoire américain. Le moteur s'était engagé auprès de la FCC, le gendarme des télécoms organisateur des enchères, à miser au moins 4,6 milliards de dollars en échange de l'assurance d'une ouverture des futurs réseaux (lire Google candidat à un réseau mobile ?, du 24/07/07). Quand les enchères ont dépassé cette somme, au 17ème tour, Google s'est retiré de la vente, en laissant à Verizon la plus grosse part du gâteau.

Google n'obtient donc aucune bande de fréquences, mais sort néanmoins gagnant. Il gagne en effet l'assurance que les terminaux utilisant ses applications mobiles, ou celles fonctionnant sur sa plate-forme Android, pourront accéder à ces réseaux. Sans avoir à débourser un dollar pour cela. Sur son blog officiel, le moteur s'est d'ailleurs réjoui, "les enchères ont produit une victoire majeure pour les consommateurs américains. Nous félicitons les gagnants. [...] Les consommateurs dont les terminaux utilisent le spectre "C" pourront bientôt utiliser n'importe quel mobile et y télécharger n'importe quelle application et le contenu qu'ils souhaitent".

Une évidence pour les Européens mais pas aux Etats-Unis, où les opérateurs limitent l'utilisation des téléphones à ceux qu'ils vendent eux-mêmes ou via des partenariats. Signe d'un changement pourtant, Verizon avait annoncé, avant la fin des enchères, l'ouverture de son réseau pour fin 2008. Mais les fabricants voulant accéder au réseau de l'opérateur devront néanmoins remplir des conditions techniques imposées par lui. Contrairement à Verizon, AT&T autorise déjà d'autres terminaux, qui utilisent comme lui la technologie GSM.