La Télévision personnelle mobile a du plomb dans l'aile

Les négociations entre les opérateurs mobiles et les chaînes de télévision sont au point mort. Les deux parties refusent de supporter unilatéralement les coûts de déploiement du réseau de la TMP.

La télévision mobile personnelle (TMP) verra-t-elle le jour au printemps 2009 ? Rien n'est moins sûr. En mai dernier, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a dévoilé la liste des chaînes privées retenues pour émettre sur le premier multiplex de TMP (TF1, M6, Canal +, BFM TV, Eurosport, Direct 8, i-Télé, NRJ 12, W9, Virgin 17, Orange sport TV, Europa Corp, lire le dossier Zoom sur les 13 chaînes privées de la TMP du 28/05/2008), en plus de trois chaînes du service public choisies par le gouvernement (France 2, France 3 et Arte).

Ces 16 chaînes retenues pour diffuser en broadcast leur programmes sur le mobile se sont ainsi engagées à couvrir 30 % de la population française d'ici trois ans, 60 % d'ici à six ans. Mais pour que ce nouveau canal de télévision fonctionne, il faut que les chaînes s'entendent avec les trois opérateurs mobiles pour déployer un réseau de diffusion. Or, la situation entre les deux parties est aujourd'hui totalement bloquée.

Le 18 novembre, certaines chaînes ont écrit aux opérateurs mobiles pour exiger qu'ils se mettent à la table des négociations. L'enjeu est de savoir qui va payer les 150 à 200 millions d'euros nécessaires à la construction du réseau de diffusion de la TMP. Pour les chaînes de télévision, ce sont les opérateurs mobiles qui doivent supporter 87 % du coût.

Dans une lettre, révélée par "La Tribune" et dont l'AFP a obtenu copie, des représentants de M6, France 2, France 3, TF1, Canal+ et du groupe AB, s'exprimant au nom des 16 chaînes retenues, regrettent de n'avoir toujours pas été informés, par SFR, Orange et Bouygues Telecom, de leur "position quant au modèle économique proposé" pour la TMP. Ils leur demandent donc, "avant le 28 novembre 2008, une réponse qui devra préciser notamment le niveau de participation financière aux coûts du multiplex" que les opérateurs seraient prêts à prendre en charge. Ils souhaitent aussi des réponses sur la couverture réseau, la disponibilité des terminaux et le calendrier de lancement.

Mais les opérateurs de téléphonie mobile ne l'entendent pas de cette oreille. La réponse de l'un des trois opérateurs télécoms est tombée rapidement, renvoyant les éditeurs dans leurs cordes. "Votre courrier rappelle opportunément l'enjeu majeur constitué par le coût significatif d'un réseau de diffusion TMP. Cette conclusion à laquelle nous souscrivons pleinement, ne peut que nous rappeler l'importance cruciale de disposer d'un modèle économique stabilisé et viable, seul à même de donner une visibilité suffisante aux acteurs pour qu'ils puissent procéder aux importants investissements à venir. L'absence de réponse à cette question handicape sérieusement le développement du projet ", écrit-il, rapporte le quotidien "Les Echos" qui ne dévoile pas son identité.

Comment débloquer la situation ? Le 2 décembre prochain, le CSA recevra le Comité de pilotage de la TMP, qui regroupe les éditeurs de contenus, "pour examiner l'ensemble des éléments reçus à cette date de la part des opérateurs de télécommunication et distributeurs potentiels de la TMP", précise la lettre des chaînes datée du 18 novembre. De son côté, le gouvernement, qui espérait initialement un déploiement de la TMP pour les Jeux Olympiques de l'été 2008 (voir le reportage vidéo Coup d'envoi de la TMP du 25/09/2007), devrait organiser début 2009 une réunion avec tous les acteurs concernés.