Journal du Net > Economie  Untitled Document > Les métiers de l'intelligence économique
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"Nous protégeons l'entreprise en veillant à ce que des milices locales ne soient pas excitées à dessein"

Nom, âge, société - Stéphane Gérardin, 39 ans, président de Géos

Métier - La sûreté

Objectif - "La sûreté englobe l'ensemble des mesures à prendre face aux menaces intentionnelles, comme la malveillance et le terrorisme. La sécurité concerne les menaces accidentelles, comme les incendies et divers accidents du travail. AZF en est un exemple. Il y a les risques politiques, comme l'instabilité des régimes, les troubles ethniques et communautaires, les risques criminels, comme l'extorsion, le chantage et le racket, le risque terroriste."

Méthode - "Face à cela, il y a trois types de mesures : la prévention, l'assistance et la gestion de crise. D'abord la prévention. Nous avons une base de données sur 180 pays plus un système d'alertes. Nous sensibilisons et formons les collaborateurs de l'entreprise à certains comportements et réflexes. Exemple de comportement : ne jamais toucher la tête de quelqu'un en Birmanie. Exemple de réflexe : allumer le plafonnier lors d'un barrage la nuit en Algérie et poser les mains sur le volant. Nous faisons enfin de l'audit et de l'ingénierie de sûreté pour évaluer les risques et établir des mesures concrètes par exemple pour un site industriel.
Après la prévention, il y a l'assistance qui consiste à accompagner le client tout au long de son projet. Pour cela nous avons développé une méthode exclusive. Contrairement aux Américains, qui ont tendance à "bunkeriser", nous avons une approche socio-économique, qui consiste à créer un climat de sérénité en développant des micro-projets sociaux et économiques. En plus d'un climat serein, cela nous permet d'être alertés d'intentions malveillantes par la population locale. Du coup, de grandes entreprises américaines comme Exxon et Halliburton font désormais appel à nous. Notre rôle consiste également à protéger l'entreprise de la concurrence, en surveillant la présence de micros comme en veillant à ce que les milices locales ne soient pas excitées à dessein.
Enfin, il y a la gestion de crise, comme des rapatriements d'urgence ou la négociation de rançons. Nous avons là-dessus un vrai savoir faire, nous gérons 6-7 kidnappings par mois, la majorité en Amérique latine et au Nigeria. Dans la même veine, nous gérons aussi des cas de piraterie, sans parler des extorsions, chantages, catastrophes naturelles ou sanitaires. Pour ces dernières nous assurons la logistique. Exemple avec le crash de la West Caribean en août 2005. En 24 heures, nous avons fourni les conteneurs pour la préservation des corps."

Un cas concret - "De 2000 à 2005, nous avons assuré la sûreté du plus grand projet pétrolier de construction en Afrique, avec le pipeline Tchad-Cameroun. C'est là que nous avons inauguré notre approche socio-économique, avec la création de dispensaires médicaux, d'une radio locale, d'activités sportives. Nous avons également électrifié certaines zones."

Parcours - A 18 ans, Stéphane Gérardin entre au service action de la DGSE, où il sévit de 1987 à 1992. Puis, de 1993 à 1997, il intègre un cabinet de gestion de risques, avant de créer Geos avec Thierry Laulom, aujourd'hui vice-président, qui s'occupait jusque là de la sécurité d'un chef d'Etat du Moyen-Orient.

Société - Geos ne se limite pas aux activités de sécurisation. Présente dans 83 pays, elle assure également une activité d'intelligence économique pure (veille, enquêtes...) pour des clients de l'énergie, de la construction, de l'agroalimentaire, et des télécoms. L'exercice 2007 devrait se clôturer sur un chiffre d'affaires de 25 millions d'euros, en hausse de 40%.

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