 |
| © Journal du Net /Olivier Ritz |
| "Nos sources sont la police et la justice, des journalistes, analystes financiers ou des employés d'ONG" |
Nom, âge, société - Michel Dufourt, 36 ans, CEIS
Métier - Les enquêtes financières
Objectif - "Je vérifie la responsabilité éthique, l'intégrité corporate d'entreprises pour des sociétés qui en font la demande et qualifie leurs partenaires potentiels en réalisant des levées de doute sur des personnes physiques et morales, très souvent en phase de précontractualisation. Nos clients qui désirent travailler avec des entreprises étrangères attendent des réponses à plusieurs questions, notamment sur les actionnaires et dirigeants de l'entreprise : qui sont-ils, sont-ils fiables, leurs comptes sont-ils crédibles, les individus peuvent-ils nuire à notre image, ont-ils été impliqués dans des affaires de corruption, de fraude ou de blanchiment de capitaux ?"
Méthode -
"Nous avons d'abord des outils de veille, notamment un fond de documents sur les personnalités politiquement exposées, plus des abonnements à des bases de données spécialisées dans la corruption et le blanchiment. Ensuite, il y a le travail de recherche, pour lequel nous pouvons solliciter notre réseau de correspondants, présents en Russie, Asie du sud-est, pays de l'est, Etats-Unis et Israël. Ce peut être d'ex-officiers de police ou d'anciens magistrats. Nos sources sont la police et la justice, des journalistes, analystes financiers ou des employés d'ONG. Le principe est celui du gagnant-gagnant et repose sur la mise en commun de certaines informations. La durée d'une enquête varie bien sûr selon les cas. En moyenne, on dira quatre semaines. Il nous arrive de nous déplacer mais nous travaillons beaucoup par téléphone ou via des moyens de communication cryptés. Dès que nous devons nous adresser à des autorités policières ou judiciaires, nous nous déplaçons."
Un cas concret - "Récemment, un opérateur énergétique français voulait travailler dans un pays de l'est avec un groupement de PME. Rapidement nous nous sommes rendus compte en analysant les multiples holdings basées à Chypre, au Liechtenstein et j'en passe que 20 % de l'actionnariat était composé d'anciens du FSB (ex-KGB) et d'intermédiaires impliqués dans des affaires de corruption. Résultat : le client a exigé des actionnaires majoritaires qu'ils fassent le ménage et restructurent le capital avant toute étude de contractualisation."
Parcours - Michel Dufourt est un ancien journaliste, longtemps indépendant, de la presse généraliste. Spécialisé dans la criminalité organisée et la délinquance financière, il a "fini par en avoir raz le bol du journalisme" il y a six ans et s'est tourné vers l'intelligence économique grâce à ses relations professionnelles. Il travaille pour CEIS depuis deux ans.
Société - Créée en 1997, CEIS, pour Compagnie européenne d'intelligence stratégique, emploie une quarantaine de consultants salariés. Installée à Paris, boulevard Saint-Germain, elle possède également un bureau à Bruxelles.
