Pervers narcissique : votre boss en fait-il partie ?

Froids, calculateurs, mais d’apparence très joviale et courtoise, les pervers narcissiques sont de plus en plus présents dans l’environnement professionnel de tout un chacun. Apprenez à les reconnaître et à les éviter.

Votre boss, votre collègue, votre manager, n’importe qui peut être un pervers narcissique. Est-ce parce que les entreprises, telles qu’elles sont faites aujourd’hui, offrent un plus grand espace à la toute puissance et à la prise de pouvoir sur autrui que l’on en décèle de plus en plus ? Outre les boss despotiques, ceux qui ont besoin d’asseoir leur autorité au travers des conflits, les paranoïaques ou les hystériques, les pervers narcissiques sont aussi très présents dans le panel des profils psychologiques que l’on peut déceler dans nos univers professionnels.

Charismatiques, d'une grande aisance orale, sympathiques, séduisants, au premier abord, les pervers narcissiques sont des individus que l’on trouve souvent charmants, que l’on a envie de suivre ou d’écouter parler. Ils procèdent par étapes pour atteindre leurs victimes dans le dédale de la manipulation. Harcèlement au travail, humiliations constantes mais insidieuses, perte d’estime de soi sans possibilité de la relier à celui-là même qui la déclenche ? Ces troubles peuvent être significatifs de ce que vous êtes en contact avec ce que l’on appelle aujourd’hui vulgairement un PN.

Manipulation et aliénation

 Les pervers narcissiques manipulent leur monde, leur entourage, leurs employés, bref tout individu ou groupe d’individus. Leur plaisir passe par le fait de rendre « objet » ceux qu’ils côtoient comme s’ils évoluaient sur un grand échiquier dont ils seraient le maitre. Ils choisissent souvent une victime précise, petit à petit, lentement, ils l’humilient discrètement, tandis qu’au yeux de ceux qui observent, ils donnent à entendre et à voir que cette personne a des manquements, qu’en somme elle n’est vraiment pas à la hauteur de ce qu’attendrait l'entreprise par exemple.

Souvent la victime est isolée et se remet en question constamment sans arriver à questionner l’attitude suspecte de son boss. D’autant plus qu’au début tout avait sûrement bien commencé. Car les PN agissent par étape. Et la première, c’est incontestablement la séduction : ce n’est pas qu’ils cherchent à séduire, c’est qu’ils sont séducteurs dans l’âme, avec une connaissance assez bonne de l’humain pour savoir ce que chacun cherche dans une rencontre. Vous aviez envie d’être écouté ? Il vous écoute. Vous aviez envie de sentir du soutien ? Il vous soutient. De la force ? Il se montre rassurant.

Un PN est un fin analyste, instinctif, qui sent ce que chacun a comme faille et appuiera dessus au bon moment, quand sa victime sera dans un lien de dépendance à lui. Dans un contexte professionnel, cela donne du harcèlement moral, jamais vraiment identifié, des dépressions difficilement soignables, et des personnes stressées, usées, ou en conflit constant avec cette grande difficulté à repérer qu’il ne s’agit pas de la vie en général mais des contextes de travail que votre cher Boss à mis en place et se plaît à observer.

Comment le boss PN fait sa toile

Il alterne gentillesse et remarques désobligeantes sous couvert de franchise ou pour soi-disant aider, guider la victime. Il l’isole petit à petit du groupe professionnel auquel la victime fait partie. Dans les meetings, il s’arrange pour ne pas l’inviter à chaque fois en trouvant des prétextes qui, aux yeux des autres, tiennent très bien la route. Insidieusement, il la démolit dans  les yeux des observateurs en s’appuyant sur des vrais traits de personnalité de celle-ci.  Comme il vous a beaucoup écouté, il a des éléments de vous, de vos options et personnalité qui lui serviront pour l’image qu’il bâtit de vous au yeux des autres. Et souvent, vous avez du mal à vous en sortir, parce qu’il alterne les remarques gentilles et les moments agréables, avec d’autres ou il vous renvoie la pire des images de votre propre personne.

Il répètera mine de rien ce que vous avez pu dire sur un collègue ou ce qu’il en a capté. Dévoilera de vous ce qui vous rend vulnérable afin que les remarques acerbes, conflits, et réprimandes ne viennent pas que de lui, mais de tout votre groupe professionnel. Ce pourquoi souvent les victimes trouvent dans les yeux du reste du monde la confirmation qu’ils sont une nullité, jamais à la hauteur des attentes. Car l’horizon d’une victime d’un PN est bien travaillé par celui-ci.

Dans les univers professionnels on en trouve à foison, car c’est un très bon terrain de jeu : plein d’enjeux, de rivalité et d’ambition, mécanismes bien simples à utiliser pour les pervers narcissiques. Telle la bête tapie dans l’ombre, l’on peut évoluer pendant des années auprès d’un pervers narcissique tant dans vie professionnelle que familiale et s’en rendre compte des années plus tard, lorsque le chaos qu’il fait régner sera à son apogée. Car le PN a tout son temps, vous, non, si vous voulez vous en échapper !

Le remède ? Fuir !

Face à ces individus, votre seule chance est de les repérer et de fuir ! Fuyez leur toile, fuyez tout dialogue avec eux et rendez-vous inintéressant. Car cette pathologie ne se soigne pas, puisque les pervers narcissiques, eux, vivent très bien avec et n’ont pas l’envie de guérir ou d’avancer différemment. Leur rapport au monde est ainsi, leur lien aux gens est ainsi, leurs émotions sont tournées vers leur personne et ils n’ont aucune empathie.

Alors ne perdez pas de temps dans l’espoir d’un changement, ces individus ne changeront pas. Psychologues, chercheurs, médecins du travail, tous s’accordent à le dire, le seul remède c’est la fuite ! Mais pour cela, vous devez parvenir à les identifier. Car dans l’univers professionnel vous trouverez aussi des individus simplement manipulateurs, arrivistes, narcissiques, mégalomanes. Attention à la confusion. Pour être sûr de qui vous avez en face de vous, observez. Essayez de changer ce que l’on vous reproche. Et observez à nouveau. Si rien ne change et si l’impression de chaos et toujours là, vous avez de fortes chances d’être au contact de ces redoutables boss pervers. Si vous ne pouvez pas vous faire muter, ou que vous êtes obligé d’évoluer à son contact jour après jour, mettez en place une stratégie.

Ne vous dévoilez pas, répondez par des phrases courtes, feignez l’indifférence et ne montrez plus vos émotions. Soyez inintéressant dans vos réactions, lisse dans le visage que vous lui présentez, jour après jour, et ne cherchez pas à argumenter avec lui, vous ne serez jamais gagnant, car pour lui tout dialogue et un jeu de pouvoir dont il saura sortir gagnant. Renseignez-vous aussi sur cette pathologie, car l’on avance mieux lorsque l’on connaît son terrain.