Journal du Net > Economie  Untitled Document > Les meilleurs extraits de "L'Economie pour les Nuls"

"On s'accorde pour attribuer aux Italiens de la Renaissance, Florentins et autres Génois, la paternité du billet de banque. Tout comme on leur accorde la paternité de la banque moderne elle-même. La banque la plus ancienne encore en fonction n'est-elle pas toscane ? Son nom est d'ailleurs le nom le plus poétique qu'un organisme financier ait jamais porté : Banco dei paschi dei monti di Siena. (Banque des pâturages des monts de Sienne).

"À tout moment, le porteur du billet pouvait obtenir, en se présentant à la Banque centrale, la conversion de son billet en métal précieux"

À la Renaissance, alors que les galères vénitiennes traversaient régulièrement la Méditerranée et que Christophe Colomb partait à la découverte d'une nouvelle voie pour les Indes, les voyages terrestres étaient encore particulièrement difficiles et dangereux. Pour aller, par exemple, de Florence à Milan, il fallait traverser des montagnes truffées de brigands et de gens mal intentionnés. Les transports de fonds, nécessaires pour le commerce qui commençait à se développer, posaient un sérieux problème.

Les familles de banquiers, les Médicis par exemple pour n'en citer qu'une, étaient installées dans les différentes villes. Elles proposaient aux marchands voyageurs un service on ne peut plus appréciable : elles prenaient en dépôt dans une ville l'or ou l'argent et donnaient en échange au marchand un billet qui certifiait le dépôt. Le marchant pouvait donc se présenter au guichet de la même banque dans une autre ville avec le billet et recevoir en échange la somme déposée en espèces sonnantes et trébuchantes. Les déplacements devenaient plus sereins et l'économie faisait un prodigieux bond en avant.

Ce genre d'opération se révélant parfaitement fiable, les marchands prirent l'habitude de se payer avec ces billets qui, confiance aidant, étaient devenus aussi bons que l'or. Par la suite, surtout à partir du XIXe siècle, les billets de banque furent exclusivement émis par les banques centrales qui mettaient dans la garantie de leur valeur en métal précieux tout le poids de leur autorité. Gage ultime de l'identité de valeur entre les billets et l'or : la convertibilité. À tout moment, le porteur du billet pouvait obtenir, en se présentant à la Banque centrale, la conversion de son billet en métal précieux. D'où l'étrange mention que portaient les billets il y a quelque temps encore : "100 francs. Payables à vue au porteur"."

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