Bruno Iksil, un trader français au centre d'un nouveau scandale ?

Cet employé de la banque JP Morgan aurait accumulé des milliards de dollars de positions sur des CDS selon la presse américaine, faussant en partie le marché de ces produits dérivés.

Les Français Fabrice Tourre de Goldman Sachs et Jérôme Kerviel  de la Société générale ont défrayé la chronique par le passé. Aujourd'hui, selon Bloomberg et le Wall Street Journal, c'est un autre trader français qui serait en train de déstabiliser le marché des credit default swaps (CDS), ces produits financiers qui assurent les défauts d'entreprises ou d'Etats.

Des hedge funds auraient passé des ordres inverses pour se couvrir.

Selon les deux titres, le trader en question s'appelle Bruno Michel Iksil et travaille à Londres pour la banque JP Morgan Chase. Il aurait accumulé pour des dizaines de milliards de dollars de positions sur des CDS pour le compte de son employeur. A tel point que des investisseurs interrogés par l'agence Bloomberg affirment que les ordres passés par Bruno Iksil seraient les "plus élevés qu'ils ont jamais vus". Bruno Iksil serait en conséquence surnommé "la baleine londonienne".

"Iksil pourrait avoir cassé plusieurs de ces indices" servant à calculer les taux de crédit accordés aux entreprises.

En réaction à ces prises de positions, certains hedge funds auraient passé des ordres inverses pour se couvrir au cas où le trader vendrait d'un coup ses positions.
Or, de nombreux investisseurs utilisent un indice basé sur ces CDS pour calculer le taux de crédit auquel les entreprises peuvent emprunter. "Iksil pourrait avoir cassé plusieurs de ces indices", rapportent plusieurs concurrents de la banque d'affaire cités par Bloomberg.

Contrairement à d'autres traders mis en cause dans de précédentes affaires, Bruno Iksil agirait avec l'aval de sa banque, selon la presse US. Il appartient même à la direction des investissements du groupe, qui gère plus de 355 milliards de dollars.

Le trader agirait avec l'aval de JP Morgan.

Si elle était confirmée, cette histoire tomberait mal pour Jamie Dimon, le PDG de JP Morgan, qui se répand dans les médias sur les méfaits des projets de régulation du gouvernement Obama. La "règle Volker", actuellement en discussion aux Etats-Unis, vise justement à limiter voire interdire les activités de trading pour compte propre des banques.

D'ailleurs, ces révélations ne sont peut-être pas dues au hasard. Les hedge funds affectés par les énormes positions prises par JP Morgan pourraient être à l'origine d'un "règlement de compte" envers la banque d'affaires. D'autres évoquent carrément une sorte de complot. "Je ne serais pas surpris si certains utilisaient ce cas pour promouvoir la règle Volcker", affirme à Bloomberg Douglas Landy, un associé du cabinet d'avocats Allen & Overy LLP, qui représente les intérêts de banques canadiennes opposées au projet de loi.

JP Morgan, qui s'est refusée à tout commentaire, est la banque la plus exposée au monde sur les produits dérivés, avec plus de 70 000 milliards de dollars dans son portefeuille fin décembre 2011 pour "seulement" 1 800 milliards de fonds propres.