Jean-François Buet (Président élu de la FNAIM) "Nous avons besoin d'un Duflot pour l'ancien"

En 2012, les professionnels du secteur immobilier font face à un fort recul des transactions et... aux critiques du gouvernement.

En 2013, Jean-François Buet succèdera à René Pallincourt à la présidence de la Fédération nationale de l'immobilier (FNAIM). Il prend les rênes de l'association professionnelle à un moment où le secteur enregistre un net recul de son activité : en 2012, le nombre de transactions dans l'ancien devrait retomber sous la barre des 700 000, soit 108 000 de moins qu'en 2011. Jean-François Buet revient sur ce qui a provoqué l'attentisme des acquéreurs et sur les moyens de le rompre.

Que vous inspirent les propos d'Arnaud Montebourg, qui a dénoncé "les secteurs abrités de l'économie, les secteurs qui font beaucoup d'argent sans finalement trop se fatiguer" ?

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Jean-François Buet. © FNAIM

Ce qui me choque, c'est qu'un ministre jette l'opprobre sur l'ensemble d'une profession sans forcément en connaître tous les contours. J'ai toujours trouvé cela dommage de dresser les concitoyens les uns contre les autres. Et puis, j'aimerais savoir à quoi pense Arnaud Montebourg lorsqu'il parle de taxer l'immobilier. Est-ce qu'il faut taxer les agences immobilières ? Les citoyens ? Est-ce qu'il faut renforcer la fiscalité de l'immobilier sur les plus-values et le logement ? Ce sont de vraies questions, surtout lorsque l'on sait que le logement est le premier budget des ménages et que les charges afférentes comme l'électricité, la rénovation ou encore le diagnostic, sont de plus en plus importantes, tout comme les taxes locales et les taxes d'habitation. Il faut avant tout que nos pouvoirs publics, quel que soit leur bord politique, considèrent les professionnels comme des partenaires. Les spécialistes du logement, c'est nous. On connaît les problématiques et les attentes de nos concitoyens. Nous sommes prêts à aider les pouvoirs publics à construire une France plus juste demain. Encore faut-il qu'ils nous écoutent.

Selon vous, au cours d'une année électorale normale, l'activité immobilière connaît un rebond à la fin de l'été. En 2012, cela n'a pas été le cas. Pourquoi ?

C'est principalement dû à l'environnement économique et financier qui est compliqué et à l'environnement politique qui est instable. Beaucoup cherchent encore leurs marques. Ce n'est pas un jugement de valeurs de ma part, bien au contraire. En matière de logement, même si une politique a été mise en place, elle n'est pas suffisamment lisible pour les citoyens, que ce soit en termes de fiscalité sur les plus-values, d'accession à la propriété ou encore de marché locatif, malgré l'encadrement des loyers. On n'a ni répondu au problème de la caution, ni à celui de la garantie des risques locatifs, ni à celui de la rénovation énergétique des bâtiments. Je ne doute pas qu'on y travaille mais cela explique pourquoi nos concitoyens adoptent cette attitude attentiste.

Les taux d'intérêt à long terme demeurent historiquement bas. Les ménages doivent-ils en profiter pour se lancer dans l'investissement locatif ?

"A Paris, la rentabilité locative n'est pas bonne, car les prix sont trop élevés."

Effectivement, à la lecture des taux d'intérêt qui sont extrêmement bas, un particulier qui n'a pas d'épargne ou un commerçant qui cherche à se constituer une retraite a tout intérêt à acheter un petit logement. Avant d'investir, il faut comparer la valeur vénale du prix de vente du bien et la valeur du marché locatif. Si l'économie locale est dynamique, la rentabilité locative reste intéressante. A Paris, ce n'est pas le cas, en raison des prix qui sont trop élevés.

Le problème, c'est que l'évolution de la jurisprudence en faveur des locataires inquiète les propriétaires. Que faire si le locataire se comporte mal ? S'il dégrade le bien ou qu'il ne s'acquitte pas du loyer ? Il ne faut pas pour autant que les bons locataires payent pour les mauvais. Par "mauvais locataires", je parle de ceux qui sont de mauvaise foi, pas de ceux qui se trouvent momentanément dans une situation financière difficile. Ceux-là doivent être aidés par les pouvoirs publics, soit par le biais de fonds de solidarité logement, soit par des aides et des subventions, soit en étant relogés dans le parc social.

Un mot concernant le dispositif Duflot ?

Il a le mérite d'exister et de remplacer le dispositif Scellier. Reste à savoir s'il sera suffisamment incitatif et s'il permettra de réaliser des investissements... Ce qu'il faut, c'est un "Duflot pour l'ancien". Il permettrait d'installer dans les centres villes historiques des locataires dont les loyers, tout comme les revenus, seraient plafonnés, et donc d'introduire une certaine mixité. En contrepartie, un avantage ou une facilité serait concédée aux bailleurs, pour qu'ils s'y retrouvent en termes de rentabilité. Un tel dispositif corroborerait la taxe sur les logements vacants tout en restant plus incitatif que pénalisant.