Cyril Garnier (SNCF Développement) "Les start-up de l'IoT constituent 10% de notre portefeuille... pour l'instant"

Pour remplir sa mission de soutien à l'emploi, la filiale du groupe ferroviaire soutient des jeunes pousses en région. Celles focalisées sur les objets connectés sont de plus en plus nombreuses.

JDN. SNCF Développement a été créée il y a six ans. Combien de start-up IoT avez-vous soutenu sur cette période ?

Cyril Garnier, directeur général de SNCF Développement. © SNCF Développement

Cyril Garnier. Nous avons financé trois entreprises issues de la galaxie IoT et nous en accompagnons une quinzaine d'autres. Depuis un an, nous repérons de plus en plus de jeunes pousses issues de ce secteur d'activité naissant. Elles constituent 10% de notre portefeuille... pour l'instant.

Quelles start-up IoT avez-vous repérées ?

Nous avons prêté 75 000 euros à la start-up bordelaise NFC Interactive. La SNCF est même devenue cliente. Cette jeune pousse a développé un système de communication et des applications liées. Il permet aux techniciens de la SNCF, qui travaillent dans les centres techniques disposés le long des voies, de transférer des données sur l'état des installations sans avoir besoin d'allumer leur téléphone (c'est interdit car ce sont des environnements à très fortes contraintes électromagnétiques, ndlr). Ces informations sont envoyées vers un site central de la SNCF où elles sont analysées. Nous avons commencé l'accompagnement il y a deux ans. NFC Interactive a créé six emplois durant ce laps de temps.

Nous essayons aussi de soutenir des projets à proximité de Romilly-sur-Seine (Aube, ndlr). La SNCF y ferme en ce moment son centre de maintenance des TGV. Nous nous apprêtons par exemple à soutenir M-Cador, qui a développé un système d'exploitation pour drones. Il permet de combiner et de traiter les données collectées sur le terrain et de les guider à distance. Grâce à leur solution, un homme seul est par exemple capable de commander un essaim de quinze drones afin de cartographier l'intérieur d'un vaste site industriel.

Comptez-vous faire rapidement de la SNCF l'un des clients phare de toutes vos start-up IoT ?

"Les start-up IoT que nous débusquons n'ont pas pour caractéristique première de pouvoir être utiles à la SNCF"

Il est possible d'implémenter rapidement des solutions digitales à l'échelle d'un groupe grand comme la SNCF. Mais le temps de l'IoT n'est pas le temps du numérique. Déployer des objets connectés sur les 50 000 kilomètres de voies que totalise la SNCF en France prendra plusieurs années.

Ce n'est de toute façon pas notre objectif de départ. Les start-up IoT que nous débusquons n'ont pas pour caractéristique première de pouvoir être utiles à la SNCF. Il arrive quelquefois que ce soit le cas : nous pourrions par exemple utiliser l'OS pour drones de M-Cador pour désherber plus efficacement les voies en utilisant moins de pesticides.

Repérez-vous ces start-up seuls ou arrive-t-il que les équipes du groupe SNCF vous fassent remonter leurs découvertes ?

Les deux cas de figure sont possibles : nous avons par exemple repéré seuls NFC Interactive. Mais il arrive que les équipes métier du groupe nous transmettent le contact d'une pépite qui leur a tapé dans l'œil et qui correspond à un de leur besoin terrain. Nous avons par exemple travaillé avec Visucab grâce à des collaborateurs travaillant en gare. Cette start-up pose des capteurs stéréoscopiques sur les bornes de taxi pour compter le nombre de clients et transmettre l'information aux chauffeurs, afin qu'ils ne viennent pas pour rien. Une solution que nous avons poussée et que la SNCF teste actuellement gare de Lyon et gare Montparnasse, à Paris.

"Nous créerons un établissement dédié à l'installation et à la réparation d'objets connectés dans les maisons, sur les machines agricoles…"

Quels sont les projets IoT dans lesquels SNCF Développement s'apprête à investir ?

Nous commençons à nous intéresser à des entreprises qui ne sont pas forcément de toutes jeunes start-up et qui développent en interne des produits innovants : MCAI est une entreprise française fondée en 1987. Ils développent une gamme de robots roulants autonomes baptisés Octopus, capables de désinfecter des espaces contaminés dans le domaine de l'agroalimentaire par exemple.

Nous voulons également créer un espace de formation pour que ces nouveaux métiers du numérique puissent être occupés par des personnes en reconversion. Nous travaillons avec les équipes de l'association Drone&good. Elles ont formé en Californie des vétérans de l'armée américaine au pilotage de drones civils pour les agriculteurs. Nous allons lancer en 2017 ce projet en France, dans la région de Romilly-sur-Seine. L'école sera notamment ouverte à des personnes au chômage. Nous créerons ensuite un établissement dédié à l'installation et à la réparation d'objets connectés dans les maisons, sur les machines agricoles…