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Les prévisions 2004 de l'ANPE Alain Lecanu (CFE-CGC) E. Louzier (Michael Page)

Onze points de moins, deux points de moins, vingt-deux points de moins... Disons-le franchement, les prévisions sur le marché de l'emploi cadre se suivent, mais ne ressemblent pas. Seule certitude : depuis trois ans, les recrutements sont en recul dans l'encadrement. L'année dernière, selon les différents baromètres réalisés par l'Apec, L'Express et Manpower, l'emploi cadre aurait accusé une baisse située entre 3,5 % et... 38,1 % (voir tableau ci-dessous). Certes tous ces baromètres ne s'appuient pas sur les mêmes indicateurs, ni sur les mêmes méthodes de calcul. Mais ils cherchent à mesurer, a priori, le même phénomène.

Loin de nous l'idée de donner des leçons en matière de baromètre. En période de tension économique, la collecte des chiffres sur le recrutement est une affaire délicate. Prudentes, parfois honteuses, les entreprises rechignent à communiquer les éléments chiffrés de leur stratégie RH. "Nous constatons que les entreprises recrutent généralement au-delà de leurs prévisions initiales, confirme Jean-Louis Zanda, chargé de mission à la direction des études et des statistiques de l'ANPE. Souvent, elles souhaitent embaucher, mais ne savent pas si elles en auront les moyens sur l'exercice en cours."

Alors que réserve au juste 2004 aux cadres ? Pour répondre à cette question, nous nous sommes tournés vers l'ANPE qui, chaque année, mène une enquête de terrain auprès de 15 000 entreprises. En avant-première, Le Journal du Management publie les résultats de cette enquête (lire l'article). D'après les données collectées, que l'ANPE manie avec précaution, 13 % des entreprises devraient recruter des cadres cette année. L'année dernière, elles étaient 8 % à prévoir au moins un recrutement pour 2003.

2004 devrait donc être l'année de l'inversion de tendance pour l'emploi cadre, la fin d'un recul inexorable entamé en 2001. Mais pour atteindre le véritable rebond, il faudra se montrer un peu plus patient. "L'inversion de tendance devrait cette année se traduire par une reprise de la mobilité avec tout d'abord des cadres en poste qui vont chercher à changer d'entreprise, estime Alain Lecanu, secrétaire national à l'emploi et à la formation de la CFE-CGC (lire l'interview). Et si la croissance persiste, le rebond pourrait intervenir en 2005 ou en 2006."

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Les prévisions 2004 de l'ANPE Alain Lecanu (CFE-CGC) E. Louzier (Michael Page)

Ce rebond, qui pourrait au mieux se concrétiser d'ici une douzaine de mois, risque en revanche de prendre la forme d'un "big-bang". Après plusieurs années de vache maigre, et face aux premiers départs à la retraite du papy-boom, les entreprises vont devoir rouvrir en grand les vannes du recrutement. "Tôt ou tard, explique Emmanuel Louzier, directeur de Michael Page Grand Ouest (lire l'interview), les entreprises seront obligées d'embaucher des cadres. Et elles risquent de le faire toutes en même temps, en relançant ainsi une véritable guerre des talents." Cadres, vous êtes prévenus.