François
Dupuy (L'Ami Public)
"Cela commence à se savoir dans
les milieux politiques"
L'Ami Public, lancé par Christian Blanc, met sur
le "marché des idées" des propositions transpolitiques.
Certaines font ensuite l'objet de lois. Rencontre avec son président.
(avril 2004)
Fondé par Christian Blanc, ancien président d'Air France,
l'Ami Public (voir la fiche)
cherche à défendre une "démocratie de proximité décentralisée,
mettant en avant l'individu-citoyen et le responsabilisant". La nécessité
d'une réforme de l'Etat demeure le grand cheval de bataille
de ce cercle de réflexion. Son président, François
Dupuy, par ailleurs président de Mercer Delta Consulting France, revient sur les origines, les objectifs, les missions et
les méthodes de travail de l'Ami Public.
A partir de quel constat avez-vous
créé l'Ami Public ?
François Dupuy. L'Ami Public a été créé en 2002 par
un groupe d'une quinzaine d'amis, autour de Christian Blanc. Ce
dernier a écrit un papier dans Le Monde (NDRL : "La France
ne sait pas où elle va", 5 avril 2001) dénonçant l'immobilisme
et le manque de courage politique, résultat de l'absence de confiance.
Christian Blanc pointait la nécessité de réforme pour que la France
soit un grand pays moderne. Dans cette tribune, il annonçait la
création de l'Ami Public.
Quelle
est votre action ?
Nous travaillons à travers un site et nous organisons des rencontres.
Notre but est de mettre sur le "marché des idées" des propositions
transpolitiques. Notre domaine de réflexion premier, et le plus
important, est celui de la réforme de l'Etat. Nous avons élaboré
cinq propositions très précises et nous avons interpellé le président
de la République par une pétition qui a obtenu près de 50 000
signatures. Certaines de ces propositions, par exemple sur le service
minimum, ont ensuite fait l'objet d'un projet de loi. Aujourd'hui,
nos préoccupations sont plus larges, elles ne touchent pas seulement
la réforme de l'Etat.
Comment diffusez-vous vos idées ?
Nous organisons des journées de travail ouvertes au public. Par
ailleurs, notre premier livre vient d'être édité par Dunod dans
la collection l'Ami Public (NDLR : "A l'écoute des gens ordinaires, en l'attente d'une gouvernance sociétale avisée" d'Alain de Vulpian). Nous rédigeons également des rapports
de recherche et de travail. Nous mettons en ligne nos textes et
nos chantiers. Notre site reçoit environ 4 000 visites par
jour et nous comptons 8 000 abonnés à notre newsletter, ce que beaucoup
de clubs nous envient.
Christian Blanc est-il toujours actif
à l'Ami Public ?
Non. Lorsque Christian Blanc est devenu député des Yvelines, il
m'a demandé de prendre la direction de l'Ami public.
Le club est-il marqué par une tendance
politique ?
Nous sommes un club de réflexion ouvert. L'appartenance politique
de nos membres n'est pas une préoccupation. Seuls les extrêmes ne
sont pas acceptés. Nous avons par exemple refusé quelques membres
du Front National. Par ailleurs, les partis politiques sont demandeurs
de nos réflexions. Nous ne sommes pas partisans, nous les transmettons
à n'importe quel parti. Sur l'Europe ou la santé par exemple, nous
avons donné nos idées. Cela commence à se savoir dans les milieux
politiques.
Il n'y a pas de hiérarchie"
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Qui sont les membres de l'Ami public ?
Nous comptons 600 membres cotisants, parmi lesquels certains sont
connus, d'autres non. Ce n'est pas le style de notre cercle de s'entourer
de personnalités, nous sommes des gens ordinaires. Le profil moyen
est un homme, plus qu'une femme, de 35-40 ans, consultant et vivant
dans une agglomération.
Vous réunissez-vous régulièrement ?
Nous travaillons à trois niveaux : dans les régions, sur notre site
Internet et à l'échelon national. Les initiatives peuvent partir
des réseaux locaux et remonter par l'intermédiaire du site. Les
réseaux locaux se réunissent à leur rythme. Il n'y a pas de hiérarchie,
nous n'imposons pas de fréquence particulière.
Comment établissez-vous des propositions ?
N'importe qui peut proposer un groupe de travail en passant une
annonce sur le sujet. Ensuite, le groupe collabore grâce au site
et à des réunions, qui comptent cinq à vingt participants. Le groupe
poursuit sa réflexion jusqu'à ce qu'il formule des propositions.
Celles-ci sont mises en ligne ou publiées.
Travaillez-vous avec d'autres clubs,
cercles ou think tanks ?
Nous rencontrons d'autres clubs et des partis politiques. Nous travaillons
beaucoup avec l'Institut Montaigne ; nombre de nos réunions ont
lieu chez eux. Nous sommes aussi en contact avec Futurible, Gauche
moderne, un cercle interne au PS, ou encore un groupe de l'UDF.
Avez-vous des contacts avec des think
tanks d'autres pays d'Europe ?
Non, nous n'avons pas de contact avec d'autres cercles européens.
Il s'agit de l'un des prochains stades que nous aurons à franchir.
En revanche, des Français de l'étranger ont constitué des groupes
de l'Ami Public, notamment à Londres et à New York.
Aujourd'hui, quelle est votre priorité
?
Toujours la réforme de l'Etat. Elle est urgentissime. Les politiques
refusent de s'y s'attaquer, ils n'ont aucune volonté dans ce domaine.
PARCOURS
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Diplômé de Sciences-Po, François
Dupuy a débuté sa carrière comme chercheur
dans différents centres, avant d'intégrer le CNRS
en 1978. En 1990, il quitte cette activité pour créer,
développer puis revendre le premier cabinet de conseil français
uniquement fondé sur la sociologie des organisations (Stratema,
puis SMG France). Il a en particulier conduit des opérations
de conseil sur le développement du commerce électronique, la
réforme d'Air France et la gestion des ressources humaines à
Usinor Sacilor. Depuis 1995, il est consultant indépendant pour,
entre autres, le Crédit lyonnais, la Société générale, la SNCF.
Il est aussi professeur affilié de psychosociologie des
organisations à l'Insead. Il est enfin président de l'Ami
Public et de Mercer Delta Consulting France. |
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