Comment raconter une bonne histoire dans un contexte d'entreprise

Telle est la question : faire un bon storytelling ou bien faire du storytelling. Il s’agit en fait soit de bien écrire l’histoire que l’on veut raconter, soit d’écrire la bonne histoire, celle qui va bien.

On sait aujourd'hui que nous sommes bien plus réceptifs à un message créé sous forme d'histoire, de récit, que sous forme de listes à puces d'une présentation PowerPoint.
Il n’est cependant pas rare que, tout en ayant de bonnes idées, celles-ci aient du mal à se retrouver retranscrites, traduites sur le papier.
C'est un drôle (enfin, façon de parler) de paradoxe : le storytelling est chez nous inné, mais on nous a appris à utiliser d'autres modes de communication dans l'entreprise. Ce ne serait pas un problème... s'ils étaient plus efficaces...
Voici donc quelques petits cailloux pour retrouver le chemin de ses compétences de communication narrative.
Imaginons que vous ayez bien en tête la ligne directrice de votre message et même de votre histoire. Vous avez aussi une bonne vision des personnages, que ces derniers soient réels ou fictifs, car vous n'avez pas tout vécu dans votre vie, et que, pour faire passer certains messages, certaines expériences vécues vous manquent. Notez toutefois que la véritable nature de vos personnages devra être rendue bien perceptible auprès de votre auditoire. Votre histoire n'en sera que plus crédible : que celui qui a déjà tout vu tout fait dans sa vie vous jette la première pierre...
Et puis voilà que l'intrigue que vous développez vous semble ne pas être vraiment fusionnelle avec vos personnages, comme s'ils en étaient plus les spectateurs que les acteurs. Pourtant, vous étiez sûr que cela marcherait... Vous commencez à douter de vos capacités. Vos capacités de faire quoi ?
Est-ce que tout cela signifie que l'histoire que vous avez choisi d'écrire n'est pas la bonne ? Faut-il que vous la jetiez à la poubelle, et passiez à autre chose : une autre idée d'histoire ?
Parfois, effectivement, c'est bien l'histoire qui est mal choisie. Et alors, il vous faudra revoir vos critères de sélection, ou vous doter de critères, si vous n'en aviez pas. La durabilité de l'histoire, sa simplicité, sa force, sa clarté, etc.
Mais dans la plupart des cas, ce n'est pas l'histoire qu'il faut incriminer -la pauvrette ne peut même pas se défendre. Le responsable est donc... Vous l'avez deviné.
Au cinéma, on a coutume de dire qu'il n'y a pas de petit scénario, il n'y a que de petits acteurs. C'est un peu facile et parfois injuste, mais c'est une métaphore pour vous dire que j'ai vu des fragments d'histoires sur lesquels personne n'aurait misé ne serait-ce qu'un centime d'euro, donner naissance à des récits extraordinaires, en entreprise.
La clé est déjà de ne pas penser petit, en terme d'histoires. N'avez-vous jamais vu de film dans lequel il ne se passe pas grand chose, mais qui est riche de symboles et dont la fin est complètement inattendue, ce qui en fait un chef d'œuvre ? Je l'ai déjà dit : nous n'avons pas tous des vies extraordinaires qui nous apportent une vraie richesse en anecdotes à pouvoir raconter. Cela ne signifie pas que le storytelling n'est pas fait pour nous.
Parfois, c'est l'inverse : une histoire nous paraît trop grande. Et là aussi, nous nous disons que ce n'est pas la bonne histoire. En fait, c'est souvent que ce n'est pas une histoire, mais deux ou plus qui sont incluses dedans. Il faut alors la scinder, en autant de fragments que nécessaire. Ce n'est pas penser petit, c'est penser juste.
Ou alors, ou alors... Travailler et retravailler encore son histoire... Pour finir par connecter ces éléments en apparence distincts, parce que, finalement, cette histoire est peut-être grande, mais mais on aura réussi à maîtriser sa croissance.

Comment, donc, s'assurer que l'on écrit ses histoires de la meilleure des manière possibles, et éviter de zapper d'une idée à l'autre sans jamais concrétiser -un « Jean-Claude Dussing », pour parodier les Bronzés :

Persévérer :
Si une histoire se couche trop facilement sur le papier, il y a de bonnes chances pour qu'elle soit... perfectible. Ne vous arrêtez pas en chemin, en vous contentant de ce résultat. Lorsque vous êtes tenté de dire « point final ! » ; laissez la matière reposer quelques jours, il se peut bien que, tout comme la pâte d'un gâteau, elle ait levé entre temps. Ou se soit complètement aplatie !

Comprendre ce que veulent vos personnages :
Oui, vos personnages ont une volonté ; en tout cas, ils doivent avoir de vraies motivations, fortes. Moins vos personnages auront été travaillés, moins votre histoire aura elle-même de la puissance. Et c'est valable que vos personnages soient fictifs ou réels. Quelle est la chose principale que veut votre personnage... principal ? S'il ne veut rien, c'est problématique, car toute histoire est en quelque sorte une quête. Quels sont ses objectifs, ses rêves ? Il ne s'agit pas d'expliquer tout cela à votre auditoire, mais de le lui faire ressentir, vivre, d'une certaine manière. Il doit vouloir que vos personnages atteignent leurs objectifs.

Expérimenter :
Si vous avez du mal à localiser le problème dans votre façon de construite l'histoire : faites des tests. Essayez de la raconter en changeant de point de vue. De style d'écriture. Ajoutez ou supprimez des personnages, des intrigues secondaires... Changez l'ordonnancement des différents éléments de votre histoire...

Affranchissez-vous des règles établies, au besoin :
Il n'y a pas de véritables règles pour écrire. Prenez, en littérature, Saint-Exupéry et Jack Kerouac. Deux façons d'écrire totalement différentes, deux très grands écrivains. Il n'y a que des recettes testées avec succès, mais rien de gravé dans le marbre. Assurez-vous tout de même, si vous choisissez d'aller à l'encontre des règles, de savoir pourquoi vous le faites.

Écrivez avec votre cœur, relisez avec votre tête :
Une histoire transmet des émotions en même temps que des faits. Tout est dit dans cette phrase. Écrire juste avec son cœur ne peut mener qu'à une histoire au mieux divertissante, et ce n'est pas l'objectif en entreprise, pas même chez Disneyland. N'écrire qu'avec sa tête n'est pas souhaitable non plus : où la créativité pourrait-elle alors s'exprimer ? Il faut commencer par le cœur pour se donner de la liberté, avant d'enserrer cette dernière. Faire l'inverse reviendrait à vouloir supprimer quelque chose... qui n'existe même pas ! Bref, un totalitarisme des plus stupides et sinistres.

En suivant ces quelques principes, vous vous apercevrez que la plupart de vos idées d'histoires peuvent donner lieu à des histoires bonnes à raconter parce que bien écrites.