Débat présidentiel : mais où est donc passé l’enseignement supérieur ?

Nous sommes à moins d’une semaine du jour où les Français feront leur choix pour les 5 prochaines années. Des années que la France doit consacrer à rebâtir ce qui sera son salut : l’enseignement supérieur. Sans avoir eu la place qu’il méritait dans les débats.

Et pourtant,  les entreprises, les étudiants et leurs parents en rêvent !  Même les plus grandes études mondiales le montrent : la croissance économique et la capacité à innover d’un pays est corrélée à la qualité de son système éducatif.
Tous les débats enflammés et les slogans répétés sur la « réindustrialisation », le « made in France », la « délocalisation » ont pour condition préalable l’existence d’un enseignement supérieur fort, international et tourné vers l’avenir. D’autres pays comme les USA, Singapour, la Grande–Bretagne, le Qatar, Dubaï… l’ont compris bien avant nous et disposent aujourd’hui d’un redouble outil puissant, qui s’avère être également un vecteur d’influence géopolitique et économique.
C’est dans ce contexte que j’ai voulu, en me fondant sur nos propres expériences à l’ESC Grenoble  et avec l’aide de 8 entreprises contribuer au débat politique, en publiant
un livre blanc - apolitique et adogmatique. Il est le fruit d’une réflexion libre et propose des mesures nécessitant au mieux une réorganisation de certaines de nos filières, à base de bon sens, fait de créativité et d’innovation.
Pour le Journal du Net, j’ai choisi deux thématiques et leurs mesures associées.

La première est consacrée à l’orientation et au suivi des étudiants.
Le modèle d’une filière unique, d’un « moule » dans lequel doivent se fondre les étudiants a vécu. Il faut imaginer un enseignement ultra-personnalisable, dans lequel  les grandes écoles et les universités françaises reprendront un temps d’avance dans la compétition internationale.
Elles réduiront la fracture éducative qui discrimine les élèves issus des milieux défavorisés en limitant leurs chances de réussite aux concours d’entrée. De plus, l’enseignement supérieur français deviendra un modèle à forte valeur ajoutée, tirant partie de toutes les richesses que représentent les étudiants dans leur diversité, créant ainsi un modèle éducatif non stéréotypé, et donc, non copiable.
Pour cela, deux mesures sont envisageables :
* abattre les cloisons entre lycées, universités et grandes écoles pour créer des passerelles,
* individualiser les parcours mais aussi détecter et informer les étudiants très tôt pour les accompagner jusque dans leur insertion professionnelle pour maximiser leurs chances, quelle que soit leur origine
.
Résultat attendu : une éducation d’excellence, sur-mesure, interconnectée et flexible, à forte valeur ajoutée.

La seconde thématique que j’ai choisie est celle de la compétitivité industrielle de la France.
La France risque de devenir un pays musée. Depuis plusieurs décennies, l’industrie a entamé une fuite en avant vers les métiers du tertiaire. La ré-industrialisation sera avant tout une volonté politique. Regrouper et intégrer les différents acteurs pour qu’ils concentrent leurs efforts dans le cadre de campus d’innovation sera la clé de notre réussite.
Il faut donc briser les barrières disciplinaires en regroupant recherche, universités, grandes écoles, industriels, incubateurs et fonds d’investissement pour réduire le processus recherche, valorisation, production et favoriser l’innovation. Le rôle de l’enseignement supérieur sera d’être un maillon efficace de cette chaîne de croissance en développant les échanges avec le parent pauvre de l’économie française : les PME, futures pépites de la nouvelle industrie française. Autre impératif enfin : enseigner une vision du monde en adéquation avec son évolution : la montée en puissance des pays du sud en tant que marchés prometteurs et non comme concurrents déloyaux.

En conclusion, ces quelques propositions ne sont que les premiers pas d’une réflexion sur un dispositif éducatif qui doit avant tout déterminer sa mission. Cette question centrale a été posée par les organismes de certification internationaux à toutes les écoles de management qui se sont engagées dans la compétition internationale… Au final, elles sont quasiment  toutes classées dans les palmarès internationaux, si chers à nos gouvernants…