Les Serious Games, une tendance à prendre au sérieux

Anciennement considérés dans le monde informatique comme une façon sympathique de faire du team building, les Serious Games semblent maintenant jouir d’une réputation bien différente sur les projets d’entreprises.

Les Serious Games gagnent du terrain
Leur présence, de plus en plus conséquente lors des conférences agiles, semblent indiquer que ces approches répondent à de véritables besoins plus qu’à une simple curiosité.
Après nous être mis d’accord sur une définition de cette activité qui est, par sa nature même, des plus protéiformes, nous nous baserons sur leurs présences de plus en plus grandissante au fil des ans lors de l’Agile France (dont l’édition 2012 vient tout juste d’avoir lieu) pour constater et analyser l’importance de ces pratiques dans le monde des méthodologies Agiles.

Un Serious Game ?
Mais tout d’abord, qu’est-ce qu’un Serious Game ? L’apprentissage par le jeu est reconnu par tous les pédagogues, quel que soit le domaine, comme étant une forme particulièrement efficace de transmission du savoir. Le côté ludique permet de se mettre dans un état d’esprit très réceptif, et la manipulation des concepts, que ce soit sous forme de simulation ou d’analogie (ceux qui ont appris les fondamentaux d’un sprint Scrum en gonflant des ballons comprendront), permet de se rendre compte immédiatement de la pertinence des concepts théoriques présentés. Ce sessions de jeux sont immanquablement suivies d’un débriefing, permettant d’éclairer les éléments du jeu sous la double lumière de la théorie et de la réalité du terrain, et de répondre aux, souvent très nombreux, débats et questions suscités par l’atelier.
D’une durée de quelques dizaines de minutes à plusieurs heures, pour illustrer un concept particulier ou présenter une méthodologie dans sa totalité, les Serious Games peuvent être utilisés tout à la fois de manière autonome ou dans le cadre de formations plus formelles, entre deux présentations plus théoriques.
Associés et fortement liés au phénomène Serious Game, et connaissant le même essor et la même popularité grandissante, on pourra aussi mentionner les Innovation Games. Le but de ces pratiques ludiques n’est pas cette fois la transmission de la connaissance, mais sa création : il s’agit de tout en ensemble de pratiques ludiques dont la finalité est l’émergence de l’intelligence collective. Ils peuvent tout aussi bien servir dans des sessions de résolutions de problème que pour aider le client à imaginer de nouveaux produits.

L’Agile France et les Serious Games
Les activités ludiques font parties intégrantes de l’ADN des méthodologies Agiles. On pourra citer par exemple les diverses pratiques permettant d’animer les rétrospectives Scrum, ou le chiffrage collaboratif à l’aide de jeux de cartes. Il est donc tout naturel de voir ces Serious Games se répandre de plus en plus lors des diverses conférences Agiles, certains évènements étant même intégralement dédiés à leur pratique.

C’est ainsi que, cette année encore, lors de l’Agile France, nombreuses étaient les sessions proposant la pratique d’un Serious Game ou d’un Innovation Game. On pouvait ainsi trouver, entre autre :
  • Challenge atelier Kanban, animé par Laurent Morisseau, qui, autour du maintenant célèbre jeu de plateau GetKanban, permet de découvrir les différents principes fondamentaux (Flux tiré, limite du travail en cours, classes de services…) de la méthodologie Kanban.
  • Kapla world tour, revisitez Scrum, animé par le groupe Agile de So@t, qui, par la construction iterative de monuments en kapla (petites bûchettes de bois), permet de mettre en place la notion de sprint, de démontrer l’utilité d’une bonne relation avec le Product Owner, et celle du Scrum Master pour protéger l’équipe des perturbations (représentées ici par un renard géant !)
  • Un atelier théâtre d’impro pour jouer à être Agile, animé par Aline Paponaud, qui démontre, par la pratique, les similitudes que l’on peut trouver entre la communication telle qu’elle se pratique sur une scène de théâtre d’improvisation, et la communication au sein d’une équipe Agile, et par ce biais, expose les principes d’une communication Agile réussie.
  • CofeeMachine CodeMash, animé par Jean-Laurent de Morlhon, qui, via le développement d’une machine à café, permet de découvrir les principes du développement itératif.
En tout ce ne furent pas moins de 15 heures qui étaient intégralement consacrées à ce type d’activité, contre 11h30 en 2011 et 4h30 en 2010. On pourra y rajouter les nombreuses mentions faites à ces jeux dans de nombreuses autres sessions, par exemple à chaque fois que le thème de la conduite du changement ou de l’amélioration continue étaient abordés.

Une tendance … sérieuse
Les sessions de Serious Games rencontrent toujours un franc succès, et les séances affichent le plus souvent complet. Les personnes venant assister à ces sessions sont tout autant des débutants cherchant à mieux comprendre les concepts Agiles que des coaches et autres facilitateurs cherchant de nouveaux moyens de transmettre lesdits concepts à leurs équipes. Il est donc normal, et même inévitable, que la part de ces ateliers augmentent d’années en années.
Et le cas de l’Agile France n’est pas isolé : toutes les manifestations majeures autour de l’Agilité (Agile Tour, Scrum Day), proposent elles aussi de manière de plus en plus intensive ce type d’expérience, avec le même succès. On voit maintenant des évènements intégralement dédiés aux Serious Games, et les premières formations autour de ce concept commencent à voir le jour.
D’autre part, le public de ce genre d’événement a lui aussi fortement augmenté. Composé en très grande majorité de développeurs dans les premières années, ces derniers ne représentent plus que 25 % des participants. Ce qui implique que de plus en plus de managers et autres décisionnaires assistent aux sessions.
Si on ajoute à cela que, comme on peut le voir dans les quelques exemples exposés précédemment, tant les thématiques abordées que les pratiques utilisées pour les présenter sont de natures très variées, il est donc toujours possible de trouver un jeu adapté à sa problématique et à son contexte, on ne s’étonnera pas de la large diffusion de ces jeux dans le monde de l’entreprise. Même les très grands groupes, pas forcément réputés pour leur côté ludique, n’hésitent plus à organiser très régulièrement des formations autour des Serious Games, et utilisent les Innovation Games dans leur activité quotidienne.
Cette tendance, forte, est à rapprocher d’une autre évolution du monde de l’entreprise, la Gamification, dont l’idée est d’intégrer des mécanismes issus du monde du jeu au sein même des processus de travail, dans le but d’en motiver les différents acteurs. Il n’y a maintenant plus de doutes possibles :  apprendre et travailler en jouant, c’est possible, et en plus, c’est efficace !