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Nicolas Riou, Brain Value
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A l'écoute des nouvelles tendances de la société de
consommation, Nicolas Riou, fondateur et dirigeant de la société Brain Value, observe
également l'évolution de la communication des marques. Avec
des consommateurs de moins en moins passifs, les marques doivent modifier
leur approche pour continuer à les séduire.
Comment le comportement du consommateur évolue-t-il
?
Nicolas Riou. La lisibilité du consommateur est
de plus en plus complexe et présente des contradictions. On ne peut plus
se fier aux repères traditionnels. On oublie le mot "consommateur" pour le
remplacer par "individu". Des individus qui sont de moins en moins passifs.
En effet, le consommateur s'exprime sur Internet, comme
les marques. Et d'ailleurs, les acheteurs accordent maintenant plus de confiance
aux avis de consommateurs sur les forums qu'aux communications des marques.
Le pouvoir change de mains. Les marques perdent le contrôle sur leur image
mais profitent également de la création de contenus par les consommateurs
et du buzz ainsi généré. D'ailleurs certaines tentent de reprendre le contrôle
sur cette création de contenu en organisant des concours. En 2007, Liebig
a lancé un concours de création de recettes, et l'Oréal un concours
de publicité dont les lauréats sont rémunérés et leurs campagnes diffusées.
"La créativité prend un nouvel essor grâce au Web et aux nouveaux médias" |
A quelles nouvelles tendances de consommation assiste-t-on
?
Le consensus living fait son apparition. Les consommateurs
sont de plus en plus consciencieux sur la manière d'acheter et de vivre.
Les achats bio reflètent une attente de naturalité, de santé, le renforcement
des enjeux de préservation de la planète. Les gens sont attentifs à la traçabilité,
la recyclabilité, l'empreinte CO2 des produits achetés qui correspond à l'énergie
consommée pour leur fabrication, distribution, etc. Ce marquage révolutionne
l'alimentaire actuellement. Elle permet, sur l'emballage, de chiffrer la
différence par exemple entre un kiwi qui voyage 20.000 kilomètres ou celui
qui est produit dans un pays voisin. Cette démarche se met actuellement en
place très fortement au Japon, notamment pour les téléphones portables, et
devrait arriver en France d'ici deux ou trois ans.
Qu'est-ce qui change en matière de communication
?
Outre l'emploi du buzz que l'on a évoqué, le phénomène
360° se développe énormément. Les points de contact avec les consommateurs se multiplient, diffusant des publicités de moins en moins traditionnelles. Mais on n'utilise pas que ces stratégies one to one pour construire de l'émotionnel et de l'attachement.
La société du spectacle est toujours friande de télévision
et de grands médias.
Qu'en est-il de la publicité ?
On y observe un certain nombre de changements. La créativité
prend un nouvel essor grâce au Web et aux nouveaux médias. Ainsi le
Conseil général d'Auvergne a été récompensé au festival de la publicité
de Méribel pour sa campagne totalement décalée "Les urbanophiles"
(lire l'article).
Wilkinson (voir la publicité)
de son côté utilise les nouveaux codes de la 3D qui permet une narration
inimaginable en film réel. Cadbury en Grande-Bretagne transforme la publicité
en cadeau pour le spectateur. Le film publicitaire ne vente plus directement
les mérites de la marque mais devient un véritable très court métrage. Le
story telling, la narration d'une histoire, est également très prisé des
marques, comme l'a fait Fiat (lire l'article sur la Fiat
500).
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Le parcours de Nicolas Riou |
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Nicolas Riou est le fondateur de la société Brain Value dont l'activité se développe autour de l'analyse stratégique de cible et l'expertise publicitaire. Diplômé de Sciences Po Paris et d'HEC, il enseigne également la publicité à HEC depuis 1999. Il a travaillé dans plusieurs grandes agences de publicité de 1990 à 2002. Il a notamment été planneur stratégique chez Publicis et directeur international du budget Citroën chez Euro RSCG. Nicolas Riou est aussi l'auteur de plusieurs ouvrages dont Pub fiction (Editions d'Organisation, 1999), Peur sur la pub (Eyrolles, 2004), et co-auteur du Publicitor (Dalloz, 2004). |
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