Quelques
stratégies du désordre parmi les plus communes
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Beaucoup de gens prétendent n'avoir jamais le temps de s'organiser alors
qu'ils sont en fait engagés dans des stratégies d'organisation très
utiles qui leur permettent de maintenir sur les choses un contrôle largement
suffisant. Nous répertorions ci-dessous quelques-unes de ces techniques
de gestion par le désordre que tant d'entre nous appliquent couramment
sans percevoir combien elles sont appropriées et efficaces.
"Le désordre peut aussi suivre des cycles,
composés d'un temps pour son accumulation, puis d'un autre pour sa résorption,
au moins partielle" |
Le mini-foutoir
Tolérer
une petite poche de désordre restreinte et nettement délimitée
dans une zone plus étendue permet de maintenir plus facilement l'ordre
dans cette zone. Certains réservent à cet usage une partie du comptoir
de la cuisine, un placard dans les chambres, quelques étagères dans
le salon ou un bureau vide sur leur lieu travail. Ce fourre-tout permet d'évacuer
le trop-plein à mesure qu'on range le reste de la pièce. Dans la
cuisine encore, le tableau, le panneau d'affichage et la porte du réfrigérateur
surchargés de courriers, de dessins d'enfants, de papiers ou de pense-bêtes
divers jouent le même rôle.
Les cycles
Le
désordre peut aussi suivre des cycles, composés d'un temps pour
son accumulation, puis d'un autre pour sa résorption, au moins partielle.
Ainsi sera-t-il parfois toléré toute une semaine, en attendant que
le week-end arrive et avec lui le temps de ranger ; ailleurs, il s'entassera durant
toute l'année scolaire, jusqu'aux grandes vacances ; à moins qu'il
ne soit tantôt ignoré, tantôt pris en compte, par petites touches,
selon le flux et le reflux de la charge de travail, des obligations parentales
ou même selon l'humeur. [...]
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"Les choses les plus importantes tendront naturellement
à rester accessibles en occupant les couches supérieures du tas" © |
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Le chantier de fouilles archéologiques
Des effets, des papiers et des objets divers jetés n'importe comment
dans un tiroir, un classeur, un placard ou un grenier, sous un lit ou sous un
bureau, voire derrière un canapé, ne constituent pas nécessairement
un système inefficace : les choses les plus importantes par conséquent
le plus souvent sollicitées tendront naturellement à rester accessibles
en occupant les couches supérieures du tas et n'auront pas le temps de
s'y enfoncer profondément, à l'inverse des choses superflues, ensevelies
dans les couches inférieures, qu'il peut être amusant, des années
plus tard, d'exhumer. Des endroits qui ne sont généralement pas
considérés comme propres à y entreposer quoi que ce soit
peuvent aussi secréter du désordre : sur ou sous les armoires, entre
le lave-linge et le séchoir, entre celui-ci et le lave-vaisselle, etc.
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Extrait de Un peu
de désordre = beaucoup de profit(s), Eric Abrahamson et David H. Freedman,
Editions Flammarion, janvier 2008, p.109-111.