Journal du Net > Solutions >  En cessation de paiements, l'opérateur Atlantic SA est aux abonnés absents
Article
 
27/08/01

En cessation de paiements, l'opérateur Atlantic SA est aux abonnés absents

  Envoyer Imprimer  

La crise que traverse actuellement bon nombre d'opérateurs a de quoi inquiéter les clients de certains d'entre eux. En effet, si l'on s'intéresse de plus près à certains prestataires, l'histoire tend à faire froid dans le dos. Ainsi en va d'Atlantic SA, dont nous avions interviewé le pdg en février dernier. Depuis la création de la filiale française en 1997 de l'écossais Atlantic Telecom Group PLC (fondé en 1995), Luc Terral dirigeait Atlantic Telecom SA en France et a participé à sa fusion avec les actifs de First Telecom en octobre 2000 sous le nom Atlantic.

Depuis, le groupe écossais a connu des problèmes financiers et a du se séparer d'Atlantic SA en cédant ses actifs français fin mars 2001 à une mystérieuse entreprise libanaise du nom d'Inmatex Holdings SAL (News AFX du 29 mars, SAL est un titre juridique de société au Liban). Cette dernière, ainsi que ABNOcto qui a déposé le nom de domaine, n'apparaîssent nulle part en dehors des pages d'hébergeurs qui leur sont consacrées. Aux dernières nouvelles, Atlantic SA était en cessation de paiements depuis le 18 mai, d'après un article court des Echos daté du 6 juin, qui tirait la nouvelle d'une brève publiée peu de temps avant par le site Comparatel. Selon le papier du quotidien économique, l'opérateur aurait assuré qu'il "ne devrait pas y avoir d'impact sur les clients."


Clients non remboursés, entreprise évaporée
Or, il s'avère qu'aujourd'hui que le nombre des clients mécontents ne cesse de croître. En octobre 2000 dans une interview plus ancienne, l'opérateur citait en France un nombre de 60 000 clients. Les Echos indiquent en juin qu'il s'agirait de 50 000 résidentiels et 4 000 particuliers. Mais passons sur la différence de 6 000 abonnés, le langage marketing ayant parfois tendance à gonfler les chiffres. Dans un e-mail que nous avons reçu le 16 août dernier, un client des services d'appels longue distance d'Atlantic SA se plaint et nous demande si nous pouvons l'aider à constituer un collectif. "Depuis environ un mois, le système et le préfixe (30 39) sont inopérants sans aucun préavis de la part d'Atlantic", nous fait-il savoir. "Les sommes déposées sur les comptes téléphoniques n'ont pas été remboursées et la compagnie semble s'être évaporée."

Afin d'en savoir plus, nous avons contacté l'ancienne agence de communication d'Atlantic. Un certain nombre d'abonnés ont même tenté d'obtenir par son biais des informations de contacts qu'elle ne possédait pas. Et pour cause. En tant qu'entreprise, l'agence a quant à elle été prévenue de la cessation de paiement et a pris note qu'Atlantic n'était plus son client. Mais pour récupérer son dû, elle avait essayé de joindre Atlantic SA sans pour autant y parvenir. Pour couronner le tout, nous avons pu constater par nous-même que le numéro du service client n'était plus attribué, que le site web de l'entreprise n'existait plus (sauf un ersatz ancien sur le site de l'ex-propriétaire écossais), que le numéro du siège sonnait en permanence dans le vide, et que d'autres numéros d'appels étaient continuellement occupés.


Des opérateurs qui se débattent avec leurs pertes
Or, il se pourrait bien que le scénario se répète. Les dernières nouvelles du monde des télécommunications et des réseaux ne sont en effet guère reluisantes du côté de certains opérateurs. Ainsi, les actions du néerlandais KPN avaient atteint leur plus bas niveau vendredi matin après plusieurs événements négatifs. Au refus d'Infonet mercredi de vendre la participation de 17,7 % de KPN dans son capital face à des propositions jugées trop restreintes, avait succédé jeudi les lenteurs du belge Belgacom considéré comme un nouveau repreneur possible. L'opérateur néerlandais affiche près de 22 milliards d'euros de dette financière. De son côté, l'opérateur de transit américain Level 3, qui licenciait 1 600 personnes en juillet, rachète contre l'oubli d'une dette de 9 millions de dollars les 25 % de ses deux câbles transatlantiques qu'il avait revendu en avril à Viatel pour la somme de 94 millions de dollars. La mauvaise affaire que réalise ce dernier ne suffit pas à le sortir de la banqueroute, avec ses 2,68 milliards de dette.

Comment réagir, et prévenir ces désagréments ?
Face aux risques qui pèsent de plus en plus sur les clients de prestataires en difficulté, le tout est de savoir comment s'en sortir. Pour les entreprises, le minimum revient à essayer de prévenir la crise en envisageant des scénarii de repli. Ainsi, celles qui le peuvent ont tout intérêt à diversifier leurs fournisseurs, comme il leur est conseillé dans le cadre de prestations d'hébergement pour améliorer la disponibilité de leur site. Du reste, certains de ces prestataires connaissent aussi des difficultés, comme le géant américain Exodus qui envisage sa propre cession. Mais à défaut de redondance, il faut parfois envisager la fermeture de son opérateur par les temps qui courent, de préférence après une veille économique viable et en s'engageant dans une démarche de sourcing fournisseurs.

Quant au remboursement, celui-ci s'avère plus problématique. Lorsqu'une société est placée en liquidation judiciaire, elle dépend d'un liquidateur qui peut être contacté par le biais du tribunal de commerce situé à proximité du siège de l'entreprise qui fait faillite. La liquidation judiciaire implique la cessation immédiate de l'activité de l'entreprise, le désaisissement des organes de direction, et il ne faut donc pas espérer une continuité du service. Mais en cas de dettes, il convient de remplir une déclaration de créances et d'espérer, car les créanciers sont payés au mieux, et ceux dont la créance est antérieure sont favorisés par rapport aux autres. Partant de là, autant veiller sur ses fournisseurs...


JDN Solutions Envoyer Imprimer Haut de page

Sondage

Votre entreprise évolue-t-elle vers une informatique bimodale ?

Tous les sondages