Après le défrichage du début des années 2000, la convergence
réseau dans les entreprises est passée du stade de mythe à celui
de réalité. Les derniers chiffres des cabinets d'études illustrent
ce phénomène. Ainsi, selon Infonetics Research, il s'est vendu
au deuxième trimestre 2005 plus de 66 000 PABX full IP ou hybride,
soit 51% des ventes totales d'autocommutateurs.
En France, la téléphonie sur IP accuse cependant un net retard
face à la situation européenne ou américaine. Selon le cabinet
IDC, seules 14% des entreprises françaises ont à ce jour mis
en place un réseau informatique convergent ou procèdent à son
intégration contre 35% en Italie et 30% en Allemagne. Et sur
les sociétés équipées, la plupart choisissent encore en solution
hybride. Selon les chiffres Infonetics Research, pour une solution
full IP, il s'écoule quatre PBX / KTS (voir le témoignage
de la Mairie de Drancy).
Si
les processus de migration restent relativement lents, ils s'accélèrent
de plus en plus sous l'impulsion de la baisse des prix des équipements
(lire l'interview
de 3Com). Depuis 2002, les tarifs catalogues ont été en
moyenne divisés par deux pour un terminal de téléphonie IP.
Une chute qui s'explique en partie par les effets de volume
mais aussi par un enrichissement de l'offre des constructeurs
à tous les niveaux des gammes de produits.
Autre explication de l'engouement du phénomène, la généralisation
du thème de la convergence à tout niveau. "Comme toujours, le
monde des équipements grand public déteint sur celui de l'entreprise.
Des entreprises comme Skype, Google, Yahoo et les FAI français
ont donné goût aux cadres des services issus de la convergence.
La maturité étant au rendez-vous, l'entreprise peut transformer
ces services en usages", analyse Christophe Dandois, directeur
délégué sur le marché entreprise pour la SSII Niji.
La
généralisation du thème de la convergence
pousse à l'adoption de la VoIP |
Les PME et les administrations, pionniers de la téléphonie et
de la voix sur IP ont aussi assumé les premiers plâtres technologiques,
favorisant depuis l'émergence de solutions plus robustes pour
les grands comptes. Enfin, les utilisateurs poussent le système
d'information vers plus de souplesse et de mobilité,
comme en témoigne les ventes de smartphones ou de PC
portable. Dans ce contexte, la convergence offre à l'entreprise
une meilleure souplesse de son parc télécoms (voir
le témoignage d'ISA France).
"La convergence apporte une homogénéité de services à l'entreprise.
Au niveau du terminal, la réunion du monde des télécoms et des
données permet d'uniformiser les niveaux d'exigences entre les
postes nomades et les postes sédentaires. Le protocole IP et
ses déclinaisons tirent de ce mélange des usages globaux", ajoute
le responsable de Niji.
Cependant, avant mêmes les nouveaux services, l'attention
des clients demeure fixée sur les économies possibles. C'est
le premier argument (indice 3,8/5) cité par les entreprises
dans le cadre du dernier livre blanc IDC / Matra Télécom sur
la VoIP. Derrière, les arguments de l'amélioration de la satisfaction
client (indice 3,6), de l'amélioration de la productivité des
employés (indice 3,5) et la consolidation des services de communications
(indice 3,3), recueillent les suffrages.
Malgré le discours marketing des opérateurs télécoms et des
équipementiers réseaux, encore 40% des entreprises européennes
n'ont aucun plan de migration vers la voix sur IP (chiffres
Forrester Research). Une réticence à migrer qui s'explique par
la qualité de service fournie par les lignes téléphoniques classiques
jugée bonne, les investissements déjà réalisés en solutions
télécoms et la relative jeunesse des autocommutateurs dans certaines
entreprises (lire l'interview d'Altitude Télécom).
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