ENQUETE 
 
Mathieu Poujol
Consultant sénior
Pierre Audoin Consultants
Mathieu Poujol
"L'arrivée de grands comptes entraîne celle de leurs sous-traitants informatiques et stimule le marché local"
Niveau d'éducation, liens avec les pays étrangers, stabilité politique, taux de corruption : le consultant de PAC dresse la liste des risques et des opportunités pays par pays.
12/06/2006
 
JDN Solutions. Quels sont les pays qui, à votre sens, deviennent attractifs sur la scène internationale ?
  Enquête

10 pays

 La liste des 10 pays
 Analyse
Les avis de
 Jamal Labed
(Afdel)
 Marc Laporte
(IDC)
 Mathieu Poujol
(PAC)
Mathieu Poujol. Je crois qu'on peut écarter d'ores et déjà certains pays comme l'Inde, la Chine, bien connus pour leur croissance. En Chine, nous voyons apparaître des acteurs locaux d'envergure dans le domaine du matériel et un développement de l'édition logicielle.

En Inde, ce sont des acteurs locaux spécialisés dans les services informatiques et l'offshore. C'est vrai que ces deux pays commencent à avoir de l'influence mais souvent, celle-ci est exagérée.

A l'inverse, des pays comme Israël se trouvent beaucoup moins médiatisé et pourtant il s'agit d'un des pays phares du logiciel. Avec sa taille, il propose presque autant de leaders du logiciel qu'un pays comme la France. Il y a beaucoup de centres de recherche et développement d'éditeurs qui y sont implantés. Sur son territoire y sont nés des acteurs comme CheckPoint Software, Aladdin Knowledge Systems et Mercury.

En Europe de l'Est, dans quels pays la situation vous parait favorable ?
La Russie tout d'abord, bien qu'on puisse la considérer comme hors de l'Europe de l'Est. C'est un pays qui, par la masse de ses habitants, et par son niveau d'éducation recèle un fort potentiel de développement économique. L'école de mathématique russe s'avère par ailleurs très renommée et forme des ingénieurs très doués en algorithmique. Sur un marché où des éditeurs d'envergure internationale pourraient naître, sur des problématiques techniques notamment.

Il existe aussi des marchés comme la Roumanie où les développeurs disposent d'un bon niveau en algorithmique. A la manière de l'Inde, ce pays bénéficie d'un afflux d'investissement suite à l'entrée de grands comptes internationaux. Cela entraîne mécaniquement la demande en matière d'informatique. Cependant, en l'état actuel des choses, ce marché présente peu d'intérêt pour les services informatiques, à part dans une optique d'offshore.

La République Tchèque se distingue également, avec des gens comme Systinet ou Netbeans. La proximité du pays avec l'Allemagne et le reste de l'Europe occidentale joue en sa faveur.

Qu'en est-il des pays du Maghreb ?
L'Afrique du Sude est appelée à prendre plus de poids à l'avenir"
Le Maroc est un pays assez ouvert en terme d'investissement. Il s'y effectue de l'offshore et le marché du logiciel commence tout juste. SQLI et Unilog y ont notamment des gros centres. Nous avons aussi eu pas mal de demandes d'études de la part d'éditeurs et d'intégrateurs autour de la Turquie.

C'est un pays alléchant car il compte plus de 80 millions d'habitants et pourrait intégrer prochainement l'Union Européenne. De plus, de tous les pays musulmans, c'est celui qui connaît le mieux la culture occidentale, ce qui en fait un point d'entrée idéal.

Et du reste de l'Afrique ?
Accenture dispose d'une base installée énorme en Afrique du Sud. Le fuseau horaire et le même qu'en Europe ce qui permet de faire des choses intéressantes. Ils sont appelés à prendre plus de poids à l'avenir. Pour l'instant, le développement de ces pays là est avant tout une question de stabilité politique.

Un bon exemple est celui du Ghana, où l'éditeur américain ACS à installer 2000 personnes et fera passer cet effectif à 4000. Ils ont vu que ce pays était stable et ont passé des accords avec le gouvernement. Les gens là bas ont un bon niveau de formation et des prix imbattables. Dans les pays francophone, le Sénégal, la Côte d'Ivoire et le Cameroun peuvent offrir des opportunités similaires. Les écoles locales ont par exemple de nombreux liens avec les écoles françaises.

Vous évoquez le cas de l'Espagne. Pourquoi est-ce un acteur en devenir selon vous ?
L'Espagne est un cas typique de développement économique. Quand Renault, Danone et Carrefour sont allés en Espagne, leurs sous-traitants informatiques les ont suivi et ont stimulé le marché local. Désormais, les grands acteurs espagnols commencent à s'exporter avec des SSII comme Indra ou des éditeurs comme Panda Software. Cet effet d'entraînement devrait se retrouver dans la plupart des pays qui bordent l'Europe.

En Asie, y a-t-il une place pour d'autres pays que l'Inde et la Chine ?
Je pense aux Philippines. C'est un pays à 80 millions d'habitants doté d'un bon niveau de formation et d'une culture influencé par les Etats-Unis. Ils disposent d'un grand savoir faire dans la banque, la finance et la comptabilité. Lorsque ses voisins taiwanais, coréens et japonais en ont eu les moyens, ils s'y sont rapidement installés. On y trouve aussi quelques grands acteurs américains comme General Motors.

Dans cette partie du monde, la Corée et le Japon font encore les tendances. Les chinoises vont s'habiller selon la dernière mode japonaise. Sur le marché des télécoms et de l'informatique, c'est pareil. Ce sont des accros du mobile et là bas, il y a des gens qui se sont spécialisés dans la création de contenu, de jeux ou de logiciels d'optimisation de la bande passante autour des téléphones portables. Une industrie se crée autour des besoins locaux spécifiques.

Peut-on imaginer à moyen terme, l'apparition d'acteurs de poids de la taille d'un SAP ou d'un Microsoft par exemple ?
En Asie, une industrie informatique se crée autour des besoins locaux spécifiques"
C'est une possibilité que l'on ne peut pas exclure. Tout dépendra de la vitesse de SAP ou d'Oracle qui d'ailleurs se positionnent très vite sur ces nouveaux pays en raison de ce risque notamment.

En Asie ou en Russie par exemple, la langue est très différente des pays occidentaux ce qui est un avantage pour eux. Ils ont vu l'exemple du Japon et certains seront tentés d'adopter une stratégie similaire de protectionnisme et d'économie relativement fermée.

Quelles peuvent être les stratégies de développement de ces nouveaux acteurs ? Vont-ils s'étendre par acquisition externe à la manière de Lenovo ?

Je pense que l'Asie va travailler un peu comme l'Europe, c'est-à-dire une présence des 5 leaders mondiaux américains avec des champions locaux qui s'installent d'abord sur leur marché intérieur puis dans les pays voisins.

D'autant plus qu'en Asie, il existe déjà des pays développés comme le Japon et la Corée qui offrent des débouchés sérieux. C'est aussi ce que font des pays comme le Brésil ou le Mexique qui profitent de leur proximité avec les Etats-Unis.

Quels sont les critères à retenir pour décider de s'implanter ou non dans un de ces pays ?
En plus du facteur prix et de la stabilité politique, le niveau de compétence est important. Il est intéressant par exemple de voir le tissu de relations que les écoles ont noué avec celles de pays développés. Si on observe le développement de l'Inde ou d'Israël, ce sont des gens qui sont revenus de l'étranger et ont apporté avec eux leur savoir-faire, leur capital et leurs relations. Il n'est d'ailleurs pas impossible que cette situation se reproduise entre la France et les pays du Maghreb.

Il ne faut pas hésiter à se présenter au centre français du commerce extérieur pour demander le risque du pays, à aller voir les chambres de commerce et à évaluer aussi le risque de corruption pour certains.

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Y a-t-il des contre exemples de pays a priori attirants mais finalement inadaptés ?
On peut penser par exemple que le Nigeria est un bon pays car il s'y trouve du pétrole et donc de la richesse mais les expatriés qui travailleront là bas auront des conditions de vie très difficiles.

Ce type de risque ne peut être prix que par des grosses sociétés comme IBM qui aura alors tout intérêt à négocier avec le gouvernement en question face à l'emploi et la richesse qu'il apporte.

Au contraire, en étant une entreprise de plus petite taille, il est souvent préférable d'aller là ou d'autres sont déjà. En Roumanie par exemple, les grands comptes français sont presque tous allés à Bucarest. En Inde, c'est pareil, les sociétés étrangères se sont concentrées sur quelques endroits du pays.

 

 
Propos recueillis par Yves DROTHIER, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Mathieu Poujol, est diplômé du 3ème cycle Informatique & Télécom de CITCOM (groupe France Télécom) après avoir été diplômé du cycle de marketing international à l'Institut de Gestion de Paris.

Il a débuté sa carrière en exerçant des fonctions marketing et commerciales en Côte d'Ivoire, en Espagne et en Grande Bretagne. De retour en France, il a été ingénieur d'affaires dans deux sociétés, Ati (Groupe VivendiUniversal) et Syntegra (Groupe British Telecom) avant de rejoindre Pierre Audoin Consultants.

Depuis 1999, il est consultant pour Pierre Audoin Consultants à Paris. Mathieu Poujol est responsable de l'infrastructure logicielle pour l'ensemble du Groupe.

   
 
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