ENQUETE 
 
Marc Laporte
Consultant
IDC France
Marc Laporte
"Il y a une forte corrélation entre la croissance économique d'un pays et le poids de sa dépense informatique"
L'analyste d'IDC France dissèque les spécificités des marchés émergents en termes d'offre et de demande.
12/06/2006
 
JDN Solutions. Quelle est la situation actuelle de l'industrie informatique dans le monde ?
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 Jamal Labed
(Afdel)
 Marc Laporte
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Marc Laporte. Elle se porte bien globalement, avec un taux de croissance moyen de 6,1% de la dépense informatique prévue en 2006. C'est une industrie dynamique, portée par la relance des investissements aux Etats-Unis, premier pays en terme d'investissements technologiques.

La croissance est également tirée par les pays émergents que sont la Russie, la Chine ou l'Inde. Dans ces trois pays, les taux de croissance de la dépense informatique atteignent respectivement 22%, 14% et 21%. Enfin, les autres zones géographiques comme l'Asie et l'Europe se maintiennent à des taux de croissance raisonnables.

Que représentent aujourd'hui les pays émergents en matière de dépense informatique ?
La Chine par exemple, qui est le premier pays émergents en matière de dépense informatique, représente le même poids que l'Italie aujourd'hui. La Russie équivaut globalement à la Suède en terme de poids. Ce sont des pays où les taux de croissance sont extrêmement élevés en raison du phénomène de rattrapage.

Les pays industrialisés consacrent en moyenne de 2,5 à 3,5% de leur PIB aux dépenses technologiques. Dans les pays émergents cités, ces taux se situent entre 1,2 et 1,6%. C'est un cheminement logique car avant de bâtir une base technologique, il faut déjà construire l'infrastructure du pays, les routes et l'électricité partout notamment. Mais il y a une forte corrélation entre la croissance économique d'un pays et le poids de sa dépense informatique.

Quelles sont les spécificités de ces nouveaux marchés ?
Le poids du marché domestique y est souvent minuscule, les investisseurs étant avant tout des entreprises ou des administrations. De même, les proportions entre dépenses matérielles, dépenses logicielles et services informatiques se trouvent être bien différents des marchés occidentaux.

L'Inde concentre à elle seule 75% des exportations de services informatiques"
En Europe par exemple, les services représentent plus de 40% de la dépense informatique totale. Chez les pays émergents, ce taux varie de 20 à 25%. Pour la dépense logicielle, les pays occidentaux y consacrent 18% de leurs moyens financiers contre 10% dans les pays émergents, souvent en raison de la contrefaçon. Le matériel constitue donc le principal facteur d'investissement, soit près de 60% de la dépense informatique totale, contre seulement 35% dans les pays occidentaux.

Et en matière d'exportations, quels sont les pays qui prennent de l'importance sur la scène internationale ?
La Chine et l'Inde principalement. La Chine grâce à des acteurs comme Lenovo, devient un pays majeur dans la construction de PC. L'Inde concentre à elle seule 75% des exportations de services informatiques.

Et en dehors de la zone Asie / Pacifique ?
La Russie, la République Tchèque ou la République Polonaise se distingue par des taux de croissance importants. Quand on prend le cas de la Russie, c'est un pays aujourd'hui très riche grâce au pétrole et aux hydrocarbure. Le marché intérieur grossit car l'argent aidant, le pays rattrape son retard technologique.

Comment faut-il s'y prendre pour s'introduire sur ces nouveaux marchés ? Quels sont les produits les plus demandés ?
Déjà, les pays émergents ne sont pas à mettre dans un seul panier, chaque contexte est différent. Ces marchés ont quand même la caractéristique d'être difficile à pénétrer par rapport à des marchés européens ou américains car les aspects réglementaires y sont contraignants, les acteurs locaux en position de force. Souvent, pour aborder ces marchés les entreprises européennes ou américaines misent sur des partenariats locaux ou des joints ventures.

La courbe de croissance de ces pays est bien tracée. Personne ne prévoit par exemple un ralentissement économique de la Chine pour les 5 ans qui viennent. Le retard technologique est suffisant pour qu'il ne puisse pas être rattrapé en l'espace de deux ans. Il y a donc des opportunités pour tout le monde ou presque.

Il ne faut pas croire que ces pays vont réinventer la roue"
Sachant tout de même qu'il faut être prudent, les banques russes n'investissent pas sur des technologies obsolètes, au contraire. Ces pays là ont d'ailleurs un avantage car bien souvent ils n'ont que peu ou pas d'historique ce qui leur permet de repartir avec des technologies complètement à jour.

L'Open Source peut-il être un moyen pour ces pays de construire une infrastructure informatique à moindre coût ?
L'Open Source résulte d'une volonté politique de certains pays qui souhaitent ainsi se positionner sur un mode de fonctionnement bien particulier, souvent car ils n'ont pas d'acteurs logiciels locaux. La question de ce type de modèle est sa pérennité dans le temps : est-ce que ces pays seront à même de maintenir le bon fonctionnement de l'Open Source, c'est-à-dire de travailler autour de ces logiciels et de fournir le code source que l'on a produit par la suite.

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 Jamal Labed
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Il ne faut pas croire que ces pays vont réinventer la roue. Développer des technologies, c'est bien mais les courbes d'apprentissage sont longues alors que certains secteurs d'activités bénéficient déjà de près de 30 ans d'expérience. Par contre, pour des besoins bien particuliers, comme en France, il n'est pas illusoire de penser que l'industrie logicielle locale aura des créneaux à prendre.

Ces nouveaux pays vont-ils renforcer leur présence en Europe et aux Etats-Unis dans les années à venir ?
Il faut éviter deux écueils : penser que ces pays ne sont que des producteurs à bas coûts et imaginer qu'ils vont pouvoir envahir la planète du jour au lendemain. Je pense que l'enjeu pour ces pays porte d'abord sur la satisfaction de leur marché intérieur.

De plus, si dans le matériel le coût de production est extrêmement important, il l'est beaucoup moins dans le domaine du logiciel et des services. Dans le monde du logiciel, ils ne disposent pas encore du savoir-faire commercial pour s'imposer dans le monde occidental.
 
Propos recueillis par Yves DROTHIER, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Marc Laporte, est directeur général d'IDC France depuis le 24 février 2003.

Depuis 2003 Direction générale d'IDC France

1998 groupe Cegetel

1989 division micro-informatique HP

Et aussi Master en management international et MBA de l'Université du Michigan

   
 
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