Exclusif : comment Schneider Electric passe à l'ère des objets connectés

Exclusif : comment Schneider Electric passe à l'ère des objets connectés Schneider Electric passe à l'ère du pilotage temps réel de l'énergie. Dans cette optique, Microsoft Azure va fédérer les données de supervision de ses équipements électriques.

De fournisseur de matériel électrique, le groupe français Schneider Electric a initié un vaste chantier de transformation visant à évoluer vers un modèle beaucoup plus digital. En ligne de mire : transformer en objets connectés tous ses équipements, des tableaux électriques aux armoires moyenne tension en passant par les capteurs de température... Le but ? Se donner les moyens de commercialiser auprès de ses clients et partenaires toute une palette de services en ligne de supervision leur permettant d'optimiser leur consommation énergétique, voire de réaliser une maintenance prédictive de leurs infrastructures. Ces nouveaux services digitaux sont mis en œuvre par une nouvelle entité créée en 2014, baptisée Digital Services Transformation, dont nous avions dévoilé l'existence fin 2014 (lire l'article : Schneider Electric booste sa transformation digitale).

Azure : épine dorsale de l'infrastructure IoT de Schneider Electric

pascal brosset
Pascal Brosset est CTO de Schneider Electric. C'est lui, avec ses équipes, qui a piloté le développement de l'infrastructure qui supportent les services digitaux du groupe. © Microsoft

Pendant deux ans, les équipes de Pascal Brosset, CTO de Schneider Electric, ont œuvré au développement de l'infrastructure qui permettrait de fédérer les données de supervision produites par les équipements du groupe. Cet édifice est désormais achevé. Et il s'adosse à presque 100% sur des technologies Microsoft. Sous le capot, c'est notamment le cloud de l'éditeur qui est utilisé pour fédérer et traiter tous les flux.

En amont, la technologie d'un grand équipementier télécoms orchestre les processus de MtoM, et les transmissions vers Azure en provenance du terrain. "Mais nous prévoyons de basculer aussi sur Microsoft Azure cette gestion réseau dès que la fonctionnalité sera disponible", nous confie Pascal Brosset, lors d'une interview exclusive sur le projet.

En termes de business model, le cloud, et son paiement à l'usage, apporte à Schneider Electric la solution idéale pour outiller la montée en puissance, progressive, de ses activités digitales basées sur une logique de service. Quant à Azure, il lui fournit un cloud de plateforme, avec une suite complète d'outils centrée sur l'Internet des objets (Azure IoT Services). Une solution qui se révèle idéale pour bâtir les applications de pilotage conçues pour ses clients. "Une telle solution de PaaS n'est pas disponible sur Amazon Web Services", constate par ailleurs Pascal Brosset.

Les futures applications IoT de Schneider Electric ne reposerons pas seulement sur Azure, mais aussi sur les langages de l'infrastructure .Net de Microsoft. Un choix que le directeur technique explique par l'historique informatique du groupe. "80% de nos applications tournent sous .Net", estime Pascal Brosset. D'ailleurs, au sein de cet existant, Schneider Electric disposait déjà de systèmes de machine learning conçus pour prévoir le comportement de ses produits électriques. Des applications qui vont pouvoir, elles-aussi, désormais s'adosser aux données collectées dans Azure.

Des services de maintenance prédictive des équipements

Considérant la grande variété des domaines couverts par son offre, des centrales nucléaires aux data centers, le géant de l'électricité a également décidé d'ouvrir son infrastructure IoT à des applications de supervision tierces, portées par d'autres éditeurs. D'où la nécessité d'un cloud capable de s'ouvrir sur d'autres environnements.

Une politique de partenariat OEM à tous les étages

Parmi les premiers partenaires éditeurs de Schneider Electric sur ce terrain de l'Internet des objets figure une spin-off du MIT (KGS). Celle-ci a développé une application qui prévient les pannes éventuelles d'équipements d'immeubles décelables via les systèmes de GTP (Gestion Technique de Bâtiment) du groupe. Ventilation, chauffage, climatisation, contrôle d'accès... Les logs de ces systèmes sont consolidés dans Azure. Le logiciel du MIT venant ensuite leur appliquer ses modèles de maintenance prédictive.

Des synergies envisagées avec DTN

Une offre de gestion intelligente des bâtiments est d'ores et déjà commercialisée sous la marque SmartStruxure. Elle couvre d'ailleurs à la fois la gestion technique (climatisation...) et le pilotage de l'occupation du bâtiment à des fins d'optimisation. Pour la suite, Schneider Electric a 12 nouveaux pilotes en projet. Des application qui devraient basculer en production d'ici la fin de l'année. L'objectif du groupe est de connecter d'autres types de produit de son catalogue : des sous-stations électriques, des systèmes de motorisation industriels, mais aussi des équipements intégrés en OEM par des partenaires... "Nous avons désormais la technologie. Le point délicat est désormais de faire comprendre aux clients l'avantage de ces dispositifs de supervision qui peuvent être positionnés sur leur propre réseau", note-t-on chez Schneider Electric. 

Le groupe envisage par ailleurs des synergies avec les activités de sa branche DTN. Cette société commercialise des services SaaS dans divers domaines : trading desk, portail de services pour l'agriculture... "Elle dispose aussi d'une offre de prévision météo dont peuvent bénéficier nos services d'optimisation énergétique des bâtiments", commente Pascal Brosset. De même, sur le front des réseaux de distribution d'électricité intelligent, ou smart grid, ce type de prévision pourrait permettre d'anticiper les coupures de réseau consécutives aux orages ou autres événements environnementaux. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que DTN a, elle aussi, été intégrée à la nouvelle entité Digital Services Transformation du groupe...