Le décalage horaire, un atout pour l'offshore ?

Le décalage horaire est souvent présenté comme un obstacle à l'externalisation offshore. Quatre heures séparent la France et l'Inde, ce qui offre l’avantage de partager le temps en deux : celui de l’échange et de la collaboration et celui de la productivité individuelle.

Pour bien des développeurs indiens, le leitmotiv est : "18h, je vais enfin pouvoir travailler". Car, cela surprend souvent, le décalage horaire est faible entre l'Inde et la France (+3h30 en été). Tout est question d'organisation, comme j'ai pu le constater avec Sellermania, éditeur d'une solution destinée aux vendeurs sur Amazon, qui partage ses développements entre deux équipes, une locale, l'autre basée à Chennai (Madras). Les projets sont maintenant lancés avec une vraie phase de spécifications en amont et les développements sont entrepris en s'appuyant sur un document qui sert de référence fonctionnelle et technique.

Pas de difficultés non plus pour accorder les horaires, l'équipe indienne travaille plutôt en décalé, et l'équipe locale n'a pas eu à s'adapter. Une flexibilité bien appréciée après une expérience avec des prestataires français beaucoup moins disponibles. Les messageries instantanées, outils largement utilisés pour gommer ces effets espace / temps, ne sont pas non plus nouvelles dans les entreprises, il n'y a donc pas de cap à passer. Vu du côté des équipes indiennes, une société comme Agriya Infoway cherche à pénétrer le marché européen car le décalage horaire est parfait pour le modèle d'efficacité qu'ils ont développé en travaillant sur le marché américain. Ils sont dans une logique de services qui exploite idéalement cette différence en alternant période de spécification, de production et de validation. Avec la différence culturelle et la langue, l'impact du décalage horaire est souvent mis en avant pour se montrer hésitant sur l'intégration d'équipes offshore. Parfois même, la préférence est donnée au travail avec des équipes moins éloignées. Cette sensation de proximité culturelle et géographique, ou même linguistique, n'est-elle pas simplement un moyen de se cacher une autre réalité : la nécessaire remise à plat de ses conceptions et méthodes de travail ?

C'est pourtant souvent en se confrontant à d'autres pratiques, modes de communication et contraintes que l'on favorise son propre progrès. Se lancer dans l'offshore - lointain ou non - fait appel à une réelle volonté de s'adapter et d'avancer. Essayer d'esquiver une première contrainte n'est pas la meilleure façon de se préparer mentalement à relever tous les défis. Enfin, pour la petite histoire, cette demi-heure de décalage en Inde est-elle seulement incongrue ? Pas forcément,  elle était pratique parait-il pour les aviateurs anglais qui pouvaient ainsi lire alternativement l'heure de Londres et celle de Delhi en simplement retournant leur montre !