Le chemin des écoliers réinventé par l’e-école

Une école d’un nouveau genre, l’e-école, est en train de naître. Sommes-nous prêts à reconnaître cette métamorphose ? En France, le défi de l’école numérique a été relevé par le gouvernement.

On a tous fait ce rêve si proche mais qui nous semblait encore pourtant si lointain d'une école du XXIème siècle où le tableau noir et les craies se métamorphosaient en écran digital permettant d'accéder à toute une palette de données, d'animations, de vidéo... tout ceci offert aux yeux d'élèves captivés ! Aujourd'hui, grâce aux nouvelles technologies, ce songe devient réalité et c'est demain que professeurs et élèves inaugureront ces nouveaux usages pédagogiques.

Sommes-nous simplement prêts à reconnaître cette métamorphose ?

Les outils pédagogiques innovants disponibles sur des plateformes digitales vont faire naitre une école d'un nouveau genre, l'e-école, dont les maitre-mots seront la richesse des contenus, le jeu et la mobilité. Les acteurs du soutien scolaire en ligne et les éditeurs d'outils de formation innovants se positionnent sans état d'âme sur l'espace éducatif ; leur marché s'élève à plus de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires. A côté de leaders tels qu'Acadomia, de nombreuses starts up se sont lancées dans l'enseignement digital.

A titre d'exemple, Teacheo met à disposition une batterie d'outils évolués pour réaliser les cours à distance : sans aucune installation, avec un micro et une webcam, on peut partager ses exercices, les annoter, écrire des équations, tracer des courbes, visualiser des formes 3D, partager des vidéos éducatives sur youTube ou même une carte sur Google Maps. Grâce à sa solution de formation en ligne, Lingueo a obtenu en 2009 le label européen des langues, label qui valorise les meilleurs projets dans le domaine de l'enseignement des langues.

Les Technologies de l'Information, de la Communication pour l'Éducation (TICE) vont au-delà de la mise à disposition des savoirs en introduisant le ludique et la mobilité. Pour le ludique, l'usage des serious games est amené à se développer dans l'avenir, poussé par celui des jeux vidéo. A titre d'exemple, il est possible de découvrir une période historique telle le Moyen-Age grâce à des jeux sérieux comme "Mystère au monastère". Pour la mobilité, aujourd'hui, c'est dans la rue, sur son lecteur MP3 via iTunesU grâce à sa clé USB, ou sur son iPhone que l'on révise. Des solutions matures complètes se font encore attendre sur ce domaine et des innovations viendront peut-être de grands opérateurs comme SFR, Orange ou Bouygues Telecom.

Les élèves eux-mêmes sont déjà un des moteurs puissant de cette métamorphose des usages pédagogiques. Ils sont en effet, de plus en plus nombreux à surfer sur internet, "chatter", faire des recherches sur wikipedia ou recourir aux podcasts et autres eProfs, qui complètent voire remplacent les vrais profs. Ainsi, pour l'Éducation Nationale, il s'agit d'éviter un décalage trop important entre la maison et l'école, intégrer les TICE dans les méthodes pédagogiques de l'école est désormais un facteur clé de réussite de l'école en raison de l'attrait des jeunes pour l'innovation.

Ces modes d'enseignement sont aussi des moyens de toucher les populations éloignées des centres de formation comme le montrent de l'autre côté de la Méditerranée certains pays africains qui ont développé, avec le soutien de l'Unesco, des solutions d'e-formations ad hoc.

Toutefois, les moyens d'apprentissage numériques ne sont pas des outils magiques ayant réponse à tout. La généralisation de la maîtrise des TIC dans les pratiques pédagogiques implique de fortes actions d'accompagnement de la communauté éducative, enseignants comme élèves. Seuls 53% des Français disposant d'équipements numériques se disent compétents en la matière, ce pourcentage est réduit à 44% pour les foyers modestes. Pour ces élèves comme ceux en difficulté scolaire, un contact régulier avec un professeur en chair et en os reste primordial.

Au-delà des applications possibles des TIC, la France n'est pas encore bien placée parmi les nations : elle occupe le 24e rang en ce qui concerne l'usage des TICE en classe. 40% des collèges, 45% des lycées et seulement 1% des écoles élémentaires sont équipés d'Environnements numériques de travail (ENT) alors que 88% d'établissements secondaires sont équipés au Royaume-Uni et 97% au Danemark.

Le gouvernement est conscient d'être à la croisée des chemins : le rapport Fourgous  "Réussir l'école numérique" sur le développement du numérique dans l'enseignement scolaire démontre bien le rôle important du numérique dans la réussite scolaire, "outils contre l'échec scolaire et facteur d'égalité des chances". Le déploiement des nouvelles technologies au sein de l'enseignement scolaire et universitaire devient une priorité d'action. Le ministère de l'Education Nationale a alloué 67 millions d'euros en 2009 pour le développement des usages des technologies de l'information et de la communication dans l'enseignement, spécifiquement pour les écoles rurales.

Opération Campus, plan de développement des écoles numériques rurales et des ENT... : c'est certain, l'école arrivera certainement à relever le défi des TICE. Il faudra changer de paradigme car cette révolution viendra du terrain et des nouveaux usages que professeurs et élèves mettront en place. Adieu donc bientôt, et sans regret, craies et tableau noir !