Faut-il autoriser le mariage du cloud et de la Business Intelligence ?
D’après le Gartner ou Forrester, le pourcentage d’applications BI déployées sur le Cloud est inférieur à 3%. Pourquoi cette désaffectation et est-elle durable ?
La gestion de la performance : enfin l’ère du renouveau pour le parent pauvre de la BI ?
Dans beaucoup
d’entreprises, la gestion de la performance (ou EPM pour Enterprise Performance
Management) est une discipline en tant que telle, distincte de la Business
Intelligence. Dans ce contexte, elle est en général mise en œuvre par le
département contrôle de gestion, afin de couvrir certains de ses processus
clés, comme l’élaboration budgétaire, le « fast close », la
consolidation statutaire ou encore l’analyse des coûts et de la profitabilité.
Mais l’EPM, ne
s’applique pas qu’à la finance. Elle met en œuvre des bonnes pratiques en
matière de prévisions, de simulation, de planification, d’analyse, ou encore de
reporting réglementaire et de management. Il est devenu souhaitable de décliner
ces pratiques dans toutes les activités de l’entreprise : la direction
commerciale a besoin de planifier ses ventes, de définir ses territoires
commerciaux de les affecter le plus équitablement possible et de mesurer
l’atteinte des objectifs de chacun de ses commerciaux ; le marketing a
besoin de planifier ses campagnes et de s’assurer de leur retour sur
investissements ; la direction des ressources humaines a besoin de
planifier ses dépenses salariales, de définir un cadre partagé par le plus
grand nombre pour la mesure de la performance.
Mais hélas, c’est souvent avec
des processus peu formalisés et avec Excel que ces activités pourtant de plus
en plus chronophages sont réalisées.
Plusieurs caractéristiques
indiquent que le cloud est un modèle adapté pour la mise en œuvre
d’applications de gestion de la performance.
Premièrement, le marché actuel de
l’EPM est concentré autour de trois leaders qui rassemblent près de 70 % des
parts de marché sur la base de solutions éprouvées. Face à ce marché devenu
trop peu concurrentiel, il y des places à prendre pour des jeunes pousses
innovantes. Celles-ci choisissent naturellement le modèle Software as a Service
(SaaS) pour se lancer sur le marché. Ensuite, les applications EPM sont
centrées sur la notion de processus, et sont de fait plus proches de solutions
progicielles que de plateformes de développement. De surcroît, elles sont plus souvent
choisies par les directions fonctionnelles que par les directions informatiques.
Autant de zones de confort pour les solutions en mode SaaS. Enfin, l’EPM est une
application relativement isolée du reste du système d’information. Les échanges
de données avec celui-ci sont certes nécessaires, mais les données considérées
sont relativement peu volumineuses et nécessitent rarement d’être échangées en
temps réel.
Voilà donc une limitation du cloud qui n’a pas lieu d’être dans ce
contexte.
Ce contexte
favorable explique l’émergence de nombreuses solutions SaaS pour l’EPM.
Certains, tels qu’Anaplan, Adaptive Planning, Host Analytics, ou Tidemark proposent
une plateforme générique déclinable à toutes les activités de l’entreprise. Avec
la récente annonce d’EPM on demand,
SAP s’engage lui aussi dans cette direction.
D’autres, comme Calidus pour les ventes, visent plus particulièrement une
activité. Cette classe d’acteurs très spécialisés est actuellement dans la ligne
de mire des « méga-fournisseurs », comme l’ont montré les
acquisitions d’acteurs ayant tout particulièrement développé l’aspect gestion
de la performance dans leurs offres : de Success Factors par SAP et de Taleo
par Oracle dans les Ressources Humaines, d’Ariba par SAP pour le Spend Performance Management (les
achats), d’Eloqua par Oracle pour le Revenue
Performance Management (le marketing), et enfin, de Varicent par IBM pour
le Sales Performance Management (les ventes et la gestion des rémunération
variables).
Pour ce segment
de solutions, le principal inconvénient du mode SaaS est d’accentuer la ligne
de démarcation entre la gestion de la performance et la Business Intelligence.
Dans le cas des applications spécialisées, cela renforce de surcroît la constitution
de silos par activité. Précisons à ce titre que les offres citées dans ce cas
dépassent le simple cadre de la gestion de la performance : elles sont
souvent choisies pour un périmètre plus large, couvrant à la fois l’exécution
des processus, leur planification et leur optimisation.
La sécurité est
également un frein fréquemment évoqué. Mais, la plupart des offres citées, dont
certaines sont d’ores et déjà très matures, proposent des infrastructures
solides sur ce sujet. De plus, le thème de la gestion de la performance
n’apparait pas plus sensible que celui de la relation client ou de la gestion
des ressources humaines, où l’adoption du cloud est désormais largement entrée
dans les mœurs.