L’Ouverture, élément clef de toute logique d’innovation

Open Source, Open Compute, Open Laws... Les nouvelles logiques numériques de l'"Open" sont devenues les clés de tout processus d’innovation.

Innover vite et mieux

Avec la mondialisation de l’économie, l’expansion du numérique et la dispersion des compétences, les modèles industriels que nous connaissions jusqu’à présent sont mis à mal et ont de plus en plus de difficultés à suivre la cadence. Pour s’adapter et innover tout en restant compétitives, les entreprises ont donc tendance à se tourner progressivement vers des logiques collaboratives et ouvertes en réponse à la pression du marché.

À ce stade, et pour que l’innovation soit réelle et pérenne, il est nécessaire de la penser au regard d’un écosystème : celui-ci étant à la fois la chambre d’écho de cette innovation, mais aussi sa source et le carburant nécessaire à son évolution. Il repose sur un équilibre fragile qui impose à chaque acteur d’adopter une posture nouvelle et adaptée. Ramenée à l’échelle des organisations, cette transformation se traduit généralement par deux types d’ouverture et de mutualisation qui ne sont pas exclusives : une mutualisation « verticale » au sein d’une même chaîne de valeur lorsque plusieurs acteurs complémentaires, mais non concurrents s’associent pour adopter des référentiels communs et harmonisés qui concourent à transformer leur métier (par exemple en définissant des spécifications ou en développant des frameworks pour le secteur de l’aérospatial ou du ferroviaire) ; une mutualisation « horizontale » lorsque certaines entreprises, parfois concurrentes, choisissent de mutualiser certaines dépenses liées au développement de leur activité. Dans tous les cas, collaborer avec d’autres ne signifie pas abandonner une stratégie ou un avantage concurrentiel, mais au contraire tirer profit de cette mutualisation en se déchargeant de certains coûts et d’investissements redondants et sans valeur ajoutée. 

De cette collaboration va donc naître une innovation pérenne qui renforcera, et se renforcera de, l’effort de chaque activité de R&D au sein de chaque organisation en leur permettant de se concentrer sur leur véritable valeur ajoutée. Les modèles de l’Open Source, de l’Open Data et de l’Open Source Hardware vont ainsi diffuser leurs valeurs pour accélérer l’innovation, la catalyser et lui donner le cap nécessaire pour permettre à différents acteurs de travailler ensemble en toute confiance et créer des opportunités pour de nouveaux entrants sur le marché. Des acteurs tels que Twitter, Facebook, Google, la NASA, le CERN, etc. sont autant d’exemples d’organisations qui ont bâti leur infrastructure grâce à la maturité de l’Open Source, mais qui sont aussi à l’origine de projets communautaires visant à mutualiser avec leurs pairs des ressources directement ou indirectement nécessaires à la production de leur innovation (avec des projets tels qu’Open Compute, I’Open Airbus Cockpit, OpenStack, Bootstrap, Android, etc.).

L’innovation ouverte lève les frontières

La mise en place de dispositifs appuyés sur des technologies Open Source permet à chacun, partout dans le monde, de collaborer sur un projet. L’Open Source prend tout son sens dans des logiques de référentiel et d’harmonisation : faciliter la collaboration entre une multitude d’acteurs qui ne se connaissent pas, mais qui vont se faire confiance puisque le modèle qui les réunit, ouvert et inclusif, inspire confiance et permet de créer davantage de bénéfices et d’aller plus loin dans l’innovation.  Ce n’est pas sans surprise que les projets collaboratifs menés au sein d’Open Law, de la Fabrique des mobilités ou de la Paillasse, qui transforment respectivement le marché du droit, de la mobilité et de la santé, reposent sur des principes d’ouverture et de collaboration très forts et sans concession.

Même si les modèles ouverts tels que l’Open Source et l’Open Data n’ont pas encore une place centrale dans cette transformation, on se rend néanmoins compte qu’ils sont à l’origine des innovations les plus fortes en termes d’adhésion tant par les acteurs économiques que par les utilisateurs : que l’on pense à des projets tels qu’Android en matière de téléphonie, Genivi en matière d’infodivertissement dans les véhicules ou encore OpenStack pour les infrastructures de cloud computing. Des logiques similaires sont observées en matière de données avec des projets tels qu’Open Street Map pour les données cartographiques, la Base d’Adresse Nationale, ou encore le projet Catalogue ou Navitia.io en matière de données de mobilité et ceux de Mercator Ocean en matière de données maritime. Dans une logique systémique, cette innovation sera d’autant plus forte que largement adoptée et éprouvée.

Ces modèles apportent une garantie de pérennité et de non-appropriation qui rassure les différents acteurs économiques et les encouragent à partager leur propre contribution, au profit d’autres acteurs qui apportent à leur tour maintenance et évolutions au profit de tous. Même si des outils juridiques et techniques éprouvés accompagnent ces usages, c’est surtout une évolution culturelle qui doit être conduite au sein de notre société pour imaginer tous les bénéfices que nous pourrions tirer à une généralisation de telles mutualisations. Phénomène intéressant, cette innovation est soutenue par les porteurs de produits, qui trouvent dans cette innovation ouverte et collaborative des ressources sur lesquels construire leurs solutions, mais aussi par les utilisateurs finaux qui contribuent pour bénéficier in fine des meilleures solutions pour répondre à leurs besoins – prenons l’exemple de BMW qui apporte un soutien fort à OpenStack, ou de la SNCF et EDF qui s’engagent avec d’autres dans la communauté PostgreSQL.

Un autre élément confirme cette analyse lorsque l’on observe le nombre croissant d’entreprises rejoignant l’Open Invention Network afin de profiter et de consolider le portefeuille de brevets défensif que détient l’organisation au profit de l’environnement Linux (Google, IBM, Toyota, Vodafone, SpaceX, Dropbox, etc.).