Pourquoi ouvrir la classe inversée au BYOD ?

La classe inversée est construite autour de la notion de collaboration, en privilégiant le travail en groupe. C’est dans cette configuration que les technologies collaboratives intégrées à la salle de classe peuvent démontrer tout leur potentiel.

Apparu il y a 10 ans, au lycée Woodlank Park dans le Colorado, la classe inversée a vu le jour à l’initiative de deux professeurs de chimie Jon Bergmann et Aaron Sams qui souhaitaient passer plus de temps en classe avec chacun des élèves. Depuis, le concept a fait des adeptes aux quatre coins du monde, notamment en France sous l’égide d’Héloïse Dufour, Présidente d’Inversons la Classe, association organisatrice de la Semaine de la Classe Inversée (CLISE 2017) du 30 janvier au 4 février.

Ouvrir la classe au BYOD

« Monsieur est-ce que je peux utiliser mon téléphone ? » Une question souvent entendue en classe par les enseignants que ce soit pour rechercher ponctuellement une information sur le Web ou bien encore pour prendre une photographie d’une expérience qui viendra illustrer un compte-rendu. Plus de 81% des 12-17 ans ont un smartphone qu’ils n’oublient jamais contrairement aux manuels scolaires. Rendre l’utilisation du smartphone pertinente et en rapport avec le contenu du cours est possible grâce au BYOD (Bring Your Own Device). Il revient à l’enseignant d’encadrer les échanges et d’établir au préalable le contenu numérique qui sera partagé avec les élèves (vidéos, photos, e-book, manuel numérique, textes, carte conceptuelle, feuille de calcul…). Le BYOD permet ainsi à chaque élève d’apporter sa contribution dans un travail d’équipe et tend à augmenter la motivation des élèves et leur intérêt pour le cours.

Dans la classe inversée, il contribue fortement à renforcer la collaboration entre les élèves, d’autant que les fabricants répondent à cette tendance avec des systèmes de présentation sans fil avec lesquels plusieurs périphériques mobiles peuvent être connectés à l’écran de la salle de classe pour partager des contenus et mener des activités de groupe.

Plusieurs expériences ont été menées par des enseignants, tels que Martial Gavaland, au lycée La Colinière de Nantes, et Frédéric Laujon, au lycée Claude de France de Romorantin,  (tous deux enseignants en sciences physiques). Ces derniers utilisent des plateformes pédagogiques comme EntBox et Moodle à partir desquelles leurs élèves accèdent avec leur terminal aux ressources de cours, aux travaux dirigés, aux exercices et devoirs. Frédéric Laujon ne donne plus d’exercices à faire à la maison mais plutôt des vidéos courtes de 2 à 3 minutes à visionner. La vérification des visionnages se fait lors d’un questionnaire envoyé aux élèves. Christophe Le Guelvouit, enseignant en mathématiques en collège dans le Cher, donne aussi la possibilité à ses élèves de regarder en classe sur leur smartphone les vidéos. Un plan de travail est proposé, indiquant quelle vidéo regarder pour étudier tel ou tel point. Chacun avance à son rythme avec la possibilité de continuer à la maison.

Il conviendrait de faire évoluer le règlement intérieur des établissements scolaires pour autoriser le BYOD en classe. Le smartphone s’avère être un outil d’apprentissage utile avec, bien entendu, une utilisation régulée par l’enseignant.

Accroître l’interactivité entre les élèves

La classe inversée est construite autour de la notion de collaboration, en privilégiant le travail en groupe. C’est dans cette configuration que les technologies collaboratives intégrées à la salle de classe peuvent démontrer tout leur potentiel : échange en temps réel, interactivité, partage de contenus de toute provenance et dans tous les formats, exposition des travaux à partir des terminaux mobiles des élèves.

Cependant, un système de présentation sans fil est nécessaire pour faire le lien entre le système d’affichage de la classe et les périphériques utilisés par les élèves, sans recourir à l’utilisation de câbles et autres branchements à fils. Grâce à l’affichage en mode miroir, plusieurs élèves peuvent visionner ensemble un ou plusieurs contenus numériques, comparer ensemble des données et ainsi interagir plus facilement entre eux. Ils ont aussi la possibilité de procéder à des annotations sur les documents présentés. L'idée derrière cette configuration est donc simple : accroître la collaboration dans la salle de classe et mettre l'accent sur l'exécution. Les élèves sont ainsi capables de partager l'information avec l'ensemble de la classe, en plus des membres de leur groupe. L’enseignant peut, quant à lui, intervenir sur le contenu présenté et faire savoir aux élèves les erreurs qui peuvent avoir été commises ou apporter des précisions.

Par exemple, la configuration de la salle de classe du lycée américain PTECH à Johnstown dans l’état de New-York, a été pensée comme un espace collaboratif d’une start-up ou à la salle de réunion d’une entreprise. Elle est composée de quatre à cinq sous-espaces qui sont tous équipés d’un grand écran, positionné devant une grande table autour de laquelle les élèves prennent place et collaborent par petits groupes sur des projets. Ils peuvent tous relier leurs périphériques (ordinateurs, tablettes, smartphones) à l’écran grâce au système de présentation sans fil. Les enseignants circulent de table en table et peuvent travailler soit avec le groupe ou de manière individuelle avec chaque élève. Les élèves sont les acteurs de leur projet et réfléchissent en interagissant ensemble à la façon de le mener.


Ainsi, comme le précise Héloïse Dufour : « Dans la classe inversée, les élèves peuvent être davantage acteurs, concevoir le contenu du cours ou encore construire leur parcours d’apprentissage. » Les technologies mobiles et collaboratives viennent soutenir l’autonomie des élèves et renforcer la notion de travail collaboratif sur laquelle se base cette pédagogie active. Offrir une meilleure expérience éducative grâce aux outils numériques, c’est donc influer positivement sur les résultats des élèves et leur motivation en classe.