Croissance du marché IT en Afrique : pourquoi investir à Tunis ?

Historiquement, la Tunisie était un marché extrêmement fermé. La révolution a conduit à la libéralisation des télécoms.

Aujourd'hui, le secteur est très libéral et devient concurrentiel. Les acteurs sur  place sont : Tunisie Telecom, l'opérateur national historique, Orange Tunisie, la filiale d'Orange Telecom et Ooredoo, la filiale tunisienne de Qatar Telecom.

Le problème des dictatures, c'est que dans l'oppression, les gens ne se prennent pas en main, ont l'impression qu'ils sont drivés par le haut. Dans ces régimes-là ; y a une forme de fatalité qui s'installe. Or aujourd'hui, la jeunesse tunisienne s'émancipe ! Il y a un goût de Silicon Valley sur place ! Aujourd'hui, de nombreux jeunes sortent des grandes écoles locales entre 23 et 27 ans et veulent créer leur start-up ! 

La société tunisienne rend optimiste ! Il y a une forme de résilience qu'on ne trouve pas dans les autres pays Maghreb. 

Les attentats en Tunisie ont beaucoup calmé le tourisme. Les tunisiens ont perdu près d'1 million de touristes français. C'est triste, ils en avaient besoin ! C'est surtout dans la campagne, dès qu'on va dans le sud ou en bord de mer, que la problématique économique se pose. Dans Tunis même, il y a une classe supérieure qui vit très bien la mondialisation, l'import-export, et sait profiter des talents qu'il y a sur place. Mine de rien la Tunisie, c'est plus de 10 millions de personnes.

Un regain d'enthousiasme pour la Tunisie

Historiquement, les entreprises françaises ont plutôt misé sur le Maroc. Principalement parce qu'elles estiment que la stabilité politique est bien meilleure avec la monarchie marocaine qu'avec la démocratie tunisienne, un peu balbutiante. 

Aujourd'hui, la Tunisie est devenue beaucoup plus calme. Les pays scandinaves ont tout juste supprimé la Tunisie des pays "à risque" (c'était les derniers pays à le faire), et de grandes campagnes anti-fraude ont été réalisées avec succès par la Tunisie.

On voit arriver là-bas, de nombreuses SSII françaises. En France, le recrutement est devenu difficile alors qu'on trouve là-bas des jeunes qualifiés, au chômage, avec des bac +5 ou +7 en informatique !

La Tunisie est très occidentale. Les Français sont restés longtemps là-bas et sont partis sans faire la guerre. Le Français est encore la langue officielle administrative, tout le code des sociétés a largement été inspiré par la France. D'ailleurs, chaque automne, début octobre, à Hammamet, il y a le salon international des DSI

De plus, la Tunisie est un pays permettant de rayonner sur les pays francophones du continent africain.

Ces hébergeurs déjà présents en Afrique

Un très gros morceau de l'IT africaine est chez OVH aujourd'hui. Ils ont mis sur place des bureaux pour prendre les commandes en dinars…

La carte bleue à Tunis c'est un privilège réservé à très peu de monde. Il y a du contrôle sur les changes alors, à moins d'être touriste, on n'utilise pas de carte visa ou mastercard à Tunis. 

Au niveau de la fibre, les entreprises sont essentiellement localisées sur le Grand Tunis.

On trouve sur place de la fibre optique dans des conditions de fonctionnement optimum et quasiment pour le prix de ce qu'on trouve en région parisienne. 

Etre associé au Groupe Poulina, un très gros industriel à Tunis, qui s'est construit, un très joli datacenter Schneider, juste après la révolution s'avère astucieux. En effet, ce dernier, aux normes européennes, répond à tous les critères de sécurité dont certains hébergeurs ont besoin pour s'installer sur place.

Le Groupe Poulina avait démarré dans l'agroalimentaire et se développe aujourd'hui sur tout secteur d'activité, notamment les métiers de service. Il s'est beaucoup développé depuis 6 ans et s'est ouvert aux métiers de l'informatique du datacenter. Il compte 16 000 collaborateurs en Tunisie et réalise 4% du PIB tunisien à lui tout seul. 

Tunis, une base arrière logistique pour l'expansion en Afrique

Si on fait le tour des datacenters sur Alger, ou Tripoli, les clients peuvent être vite refroidis.

Dans ces villes en Algérie, en Lybie, on trouve des sociétés pétrolières ou ce genre d'activité. Aujourd'hui, elles arrivent avec de l'informatique, en ont besoin sur place, mais ne savent pas où l'héberger. Elles sont moyennement satisfaites des offres locales ou de s'installer dans leurs propres locaux. .En fait il y a de la fibre optique entre Tripoli et Tunis d'une qualité raisonnable ; on peut donc imaginer poser son informatique en sécurité à Tunis tout en ayant des équipes sur Benghazi ou Tripoli. 

Certaines entreprises ont énormément souffert au moment de la révolution. Elles se sont faites littéralement dépouillées ! Elles ont vu les équipes informatiques partir avec les serveurs sous le bras ! Une partie de la population a pensé que c'était la fin du monde, s'est ruée sur ce qu'elle pouvait potentiellement revendre. 

Les entreprises tunisiennes, et par extension, les entreprises des pays limitrophes, sont ravies de trouver un service (finalement pas si cher) pour héberger leur informatique dans un datacenter, avec des normes et des gardiens à l'entrée pour protéger. 

On assiste aujourd'hui à une vraie révolution IT ! Si cette révolution est bien menée, on pourrait bien avoir demain, une Afrique 3.0 avec un nouveau visage.