La gestion des temps au cœur des ambitions des éditeurs d'ERP

Les problématiques de la gestion des temps ne datent certainement pas d'hier. Précédant même de quelques décennies l'apparition de l'informatique, de nombreux acteurs - à l'image du français Bodet - se sont positionnés sur ce marché en fournissant les premiers systèmes de pointage des salariés. Depuis, les choses ont bien évolué.

Au point que les investissements consentis par les entreprises françaises dans le domaine de la gestion des temps et des activités (GTA) ont atteint les 53 millions d'euros en 2005, selon le cabinet d'études PAC. Le volume global du marché de la paie et des ressources humaines est estimé lui à près de 290 millions d'euros.

"Pendant longtemps, les solutions intégrées n'ont pas eu leur place sur le marché de la gestion des temps en ayant eu beaucoup de mal à concurrencer les offres best of breed, mais aujourd'hui, le marché s'est inversé", fait ainsi savoir Jérôme Bruyas chez CBL Consulting.

Les offres intégrées sont capables aujourd'hui de supporter de bout en bout les fonctionnalités essentielles de la gestion des temps, non plus seulement les données de pointage mais également la gestion des absences, des calendriers et des plannings, voire de la correction des anomalies.

"Les ERP ont des arguments à faire valoir et sont les plus à mêmes de répondre aux problématiques de traçabilité et d'optimisation de la gestion des temps à une époque où chaque application du SI ne vit plus dans sa bulle", poursuit Jérôme Bruyas.

A la frontière du domaine de la paye et de l'administration du personnel, la gestion des temps a donc été amenée, au fil du temps et des besoins de l'entreprise, à accroître le nombre de ses interactions avec le reste des briques applicatives du SI.

"Ce qui pousse les entreprises à mettre les briques de gestion des temps au cœur de leur SIRH, c'est l'augmentation de leur degré d'interaction avec le reste des fonctions de l'entreprise", confirme Bruno Gil, directeur associé d'Advyso.

Loi sur les 35 heures, droit individuel à la formation, compte-épargne temps, réforme des heures supplémentaires…Autant de thématiques touchant en effet directement la gestion du temps de travail individuel, avec pour corollaire d'inévitables répercussions sur les systèmes de paye, dues à la prise en compte d'un nombre grandissant d'éléments variables.

"L' approche du dossier et référentiel unique implique désormais que la gestion des temps et des activités soit totalement fusionnée à la gestion administrative du personnel pour apporter des gains de temps non seulement en terme d'implémentation mais aussi de maintenance et d'exploitation", relèvent en cœur Xavier Maudet et Thierry Jordan, respectivement en charge des offres services et lignes de produits au sein d'HR Access.

Et c'est justement cette imbrication de plus en plus forte de briques autrefois distinctes qui semble avoir profité directement aux solutions plus intégrées. Non sans avoir engendré quelques jeux de chaises musicales.

Avec, au début des années 2000, on a ainsi noté certains rapprochement entre éditeurs de la gestion des temps et des activités (GFI Chrono Time, Bodet, Horoquartz…) avec des spécialistes de la planification et de l'optimisation des ressources (Equitime, Temposoft - racheté par Oracle en 2006 -, Inovia…). Cela a notamment été le cas pour Bodet et Equitime, du moins pour un temps : presque mariés en 2003, ils se sont séparés par la suite, en tout bien tout honneur.

Il ne faut pas oublier également de solides partenariats noués entre les acteurs du progiciel de gestion intégrée, notamment entre SAP et le spécialiste de la GTA Kaba.

Autre élément significatif du dynamisme du marché des temps, la volonté des SSII et des intégrateurs de se tailler une part du gâteau du marché de la gestion des temps. Avec quelques surprises de taille, comme le rachat en mai 2007 d'Arinso par Northgate pour 375 millions d'euros.

Mais le nombre d'acteurs présents dans l'arène concurrentielle de la gestion des temps ne risque t-il pas au final d'aboutir à un engorgement du marché ? Une probabilité qui semble bien mince tant l'appétit des prédateurs dans le domaine de la GTA apparaît insatiable.