Reporting environnemental et social : les pièges

Pour se conformer aux nouvelles exigences liées au reporting environnemental, les entreprises sont nombreuses à opter pour une offre du marché. Coûts et lacune d'évolutivité peuvent freiner les ardeurs.

S'inscrivant dans le sens de l'histoire et des engagements pris à partir de 1992 à l'occasion de la convention de Rio - eu égard également à l'émergence de multiples évolutions réglementaires et d'initiatives de conformité (Loi NRE de 2001, ISO14001, plan carbone...), le reporting environnemental et social ne cesse, depuis, de monter en puissance dans les grandes entreprises.

"Celles qui mettent en place un reporting environnemental et social sont confrontées à trois type d'enjeux : de communication, d'amélioration et de suivi de leurs performances en termes de développement durable, et de maîtrise de prévention des risques", annonce d'emblée Philippe Tesler, co-fondateur et directeur du développement d'Enablon.

Pour répondre à ces nouvelles attentes - et obligations -, trois choix s'offrent alors aux entreprises : elles peuvent tout d'abord se contenter d'élaborer des indicateurs - plus ou moins proches de ceux préconisés par la Global Reporting Initiative ou GRI - sur la base de développements artisanaux et l'utilisation de tableurs Excel, de bases Access...

Ou bien choisir de faire évoluer leur outil décisionnel existant par l'ajout de couches de développements spécifiques, voir, en dernier lieu, de sauter le pas vers l'implémentation d'une solution dédiée à ce reporting de spécialité en se tournant vers une certaine catégorie d'éditeurs (Ivalua, Tennaxia, Enablon...).

Mais si cette possibilité paraît alléchante sur bien des aspects (couverture fonctionnelle exhaustive des solutions, rapidité de mise en œuvre...), les entreprises ne restent pas à l'abri des mauvaises surprises qui peuvent faire planer l'incertitude, notamment en termes de souplesse et de coûts relatifs à l'évolutivité de sa solution.

"Les outils du marché ont deux inconvénients majeurs, à savoir que presque personne d'autre que l'éditeur peut être en mesure de les faire évoluer, ce qui implique des coûts non négligeables, sachant qu'ils peuvent être perçus par les DSI comme des verrues qui communiquent mal avec le reste de leur système d'information", avertit Patrick Chemla, responsable du pôle développement durable au sein du cabinet Novedia Décision.

"Les progiciels généraux sont aujourd'hui bien souvent mal ou sous-utilisés" (Patrick Chemla - Novedia Décision)

Mais si pareil désenchantement risque moins de frapper les entreprises ayant déjà investi dans une plate-forme décisionnelle généraliste (SAP-BO, Oracle-Hyperion, IBM-Cognos...), reste encore à trouver les ressources nécessaires pour adapter ces offres de reporting "traditionnel" aux exigences si particulières du reporting environnemental et social.

Alors que le processus d'intégration de module environnemental pourra, là encore, rendre le parcours de mise en œuvre plus laborieux que prévu :  "quoique très souvent bien armés pour répondre efficacement aux besoins de reporting environnemental des entreprises, les progiciels généraux sont aujourd'hui bien souvent mal ou sous- utilisés, leurs éditeurs adoptant en outre rarement un discours fonctionnel convaincant vis-à-vis des responsables environnement d'entreprises", souligne Patrick Chemla.

Que l'on soit amené à implémenter un module spécialisé ou bien à choisir une solution dédiée, l'une des clés de réussite sera en tout cas de bien veiller à impliquer la DSI dans son projet de reporting environnemental et social, surtout lorsque ce dernier sera initié pour répondre à un besoin d'accroissement de maîtrise de prévention des risques.

"Il faudra penser à impliquer la DSI non seulement en tant qu'AMOA pour apporter son expertise dans la phase de choix de solutions, mais également pour venir régulièrement interfacer les solutions avec les bases de données existantes et automatiser les phases de reprise de données récurrentes", fait savoir Philippe Tesler

Et Patrick Chemla de conclure : "il n'est pas impossible demain que la DSI reprenne la main sur l'implémentation du reporting environnemental qui sera alors devenu une traduction de la volonté de la DG à suivre des indicateurs mixtes, alliant benchmarking et scorecard traditionnels à d'autres indicateurs incluant les performances environnementales comme par exemple le pilotage de la dépendance du résultat net au prix du pétrole".