Charles du Boullay (CDC Fast) "La dématérialisation divise le coût d'une facture par trois"

En 2009, une collectivité locale sur deux devrait passer à à la dématérialisation des échanges. Mais la crise économique pourrait semer le trouble dans leurs dépenses.

Comment vous positionnez-vous sur le marché de la dématérialisation ?

CDC Fast est une filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations née du projet Actes de dématérialisation des échanges entre les préfectures et les collectivités en 2004. Nous avons été officiellement homologué en tant que tiers de confiance par le Ministère de l'intérieur en 2006.

Aujourd'hui, nous proposons différents services notamment dans le domaine du contrôle de légalité et des échanges de comptabilité publiques auprès de 1 500 collectivités territoriales.

Depuis la fin de l'année 2008, nous proposons aux collectivités locales d'optimiser leurs échanges dématérialisés avec les préfectures en leur permettant de joindre à leurs communications un commentaire. L'autre type de flux historique qui bénéficie pleinement de la dématérialisation des échanges concerne la convocation des élus.

Pour chaque réunion d'assemblée, tant au niveau des conseils généraux, régionaux que des mairies, la législation impose, 5 jours francs avant sa tenue, la transmission d'un ensemble de pièces faisant l'objet des discussions. Or, leur dématérialisation est désormais rendue possible, ce qui procure une économie fabuleuse en termes d'impression et d'affranchissement, avec la même garantie juridique d'être dans la légalité.

Un autre type de services se situe autour du bouquet social et de la gestion des aides allouées par les conseils généraux à la petite enfance, aux handicapés, aux retraités. Enfin, nous proposons aussi un service d'archivage probatoire pour les organismes qui ont des besoins particuliers en matière de conservation de données.

Le taux d'équipement des collectivités en matière de services dématérialisés avoisinera les 45% en 2009

Quels sont les atouts de ce type de services ?

Les bénéfices liés à la dématérialisation des échanges sont multiples. C'est tout d'abord un meilleur partage de l'information entre deux interlocuteurs qui disposent désormais d'une même information, accessible au même moment au même endroit.

Ces gains de temps et de partage de l'information amènent par ailleurs à une amélioration notable de la qualité de service rendue au citoyen par l'amélioration des conditions de travail pour l'agent. Moins de manipulation de papier procure davantage de satisfaction aux agents et contribue dans le même temps à donner une meilleure image de l'administration, plus rapide et efficace.

Le second point essentiel est lié aux économies réalisées. Les coûts d'impression de papier sont très fortement réduits en laissant la possibilité de n'imprimer que la ou les parties qui concernent réellement l'interlocuteur. Les temps de transports, ses coûts, les impacts environnementaux sont réduits de même que les problématiques liés à l'archivage et aux zones de stockage de l'information papier sont considérablement réduites.

Tout comme les temps de manipulation des dossiers. Nous avons estimé que le coût complet du passage d'une facture papier à son homologue électronique qui peut coûter 7 euros à l'émetteur et jusqu'à 14 euros au destinataire est divisé par 3 avec la dématérialisation.

Comment voyez-vous évoluer le marché dans ce contexte de crise ?

Nous estimons notre part de marché sur l'ensemble des segments de marché de la dématérialisation des échanges proche des 50%, en raison notamment de notre présence historique. Nous avons réalisé un chiffre d'affaires de 1,7 million d'euros en 2008, en hausse de 80% sur 1 an. Mais cette année, compte tenu du contexte économique, nous tablons sur une hausse moins vigoureuse mais tout de même élevée, de l'ordre de 30 à 40%.

Nous ne craignons pas que la crise affecte en particulier les budgets informatiques des collectivités mais, d'une manière générale, qu'elle ne les amène à réduire les investissements qui ne sont pas obligatoires ou jugés prioritaires.

Nous comptons d'ici à 2010 développer nos services d'échanges dématérialisés aux procédures liées à l'Etat-Civil mais également à l'urbanisme et aux plans d'architecture. En tout état de cause, le taux d'équipement des collectivités en matière de services de dématérialisation, qui a atteint les 30% en 2008, devrait grimper de 12 à 15% cette année.

Charles du Boullay est président du directoire de CDC Fast.