Philippe Mathieu (IBM) "L'intégration de la bureautique à LotusLive est dans les cartons"

En lançant LotusLive iNotes, IBM se frotte à Google et aux pure players du collaboratif et de la messagerie en ligne. L'éditeur compte sur son expérience des services externalisés pour faire la différence.

Pourquoi avoir mis si longtemps avant de vous lancer dans le collaboratif en ligne ? 

L'expertise d'IBM dans le cloud computing couvre désormais une grande palette de services qui s'étend aujourd'hui pleinement sur le collaboratif en ligne. Pour nous différencier par rapport aux autres suites collaboratives en ligne et notamment les Google Apps, on compte sur une grande connaissance des attentes et du marché des entreprises.

Si d'un point de vue utilisateur le look&feel des applications se ressemble, toute la différence se fera en termes de disponibilité et de sécurité. Proposer une suite collaborative en ligne pour le grand public est une chose, en proposer une pour la clientèle entreprise en est une autre.

Or, sur ce point là, on a une véritable expérience car nous prenons depuis longtemps en charge les problématiques d'externalisation et d'hébergement, plus que tout autre acteur présent sur le marché. C'est donc moins un nouveau métier pour IBM. En plus de cela, on a pris soin de renforcer avec le temps notre expertise.

Nous avons ainsi racheté Outblaze début 2009, un acteur spécialisé dans la messagerie en mode SaaS. C'est loin d'avoir été une opération anodine car cet éditeur totalise 40 millions d'utilisateurs dans le monde avec une expérience de 10 ans dans le domaine. Ce sont clairement des facteurs différenciant à nos yeux.

Quelle est la proposition de valeur de LotusLive iNotes?

La remise en cause du modèle de messagerie client lourd n'est pas pour demain

Avec LotusLive iNotes nous proposons de la messagerie, des calendriers partagés, de la gestion d'annuaires et de contacts, c'est-à-dire les briques essentielles de collaboration. Le tout avec une fonction de glisser-déposer propre à ce type d'applications Web.

L'espace de stockage standard est de 1 Go. Cela peut paraître peu mais il est toujours possible de l'étendre à 100 Go. Plus exactement, nous proposons aux administrateurs d'allouer comme bon leur semble de nouveaux volumes optionnels de stockage. Tous les utilisateurs n'ont pas les mêmes besoins : un collaborateur du service Presse n'a pas le même usage de sa messagerie que celui qui se trouve dans une boutique. Le premier peut avoir besoin de 30 Go et le second de seulement 1 Go.

En termes de positionnement, nous n'avons pas envisagé LotusLive comme un concurrent de notre offre boîtier Lotusfondation. Elles sont au contraire à nos yeux complémentaires. Une entreprise n'est donc pas obligée de tout mettre dans le cloud et peut choisir de placer le curseur entre mode internalisé et cloud où elle le souhaite. C'est une liberté que Google et d'autres ne proposent pas.

Cela suffira-t-il à convaincre les utilisateurs ?

Les TPE et les PME sont visées mais les grands comptes également. Notamment ceux qui sont dans les secteurs de l'industrie, de la distribution ou des transports et dont tous les collaborateurs ne disposent pas d'un poste de travail personnel. Dans ce cas là, recourir à un poste de travail partagé sur lequel on donne la possibilité pour tous ces utilisateurs d'accéder à leur messagerie SaaS prend tout son sens.

Mais soyons clair, la remise en cause du modèle de messagerie client lourd n'est pas pour demain. Ce qui comptera c'est de décider précisément les scenarios d'utilisation bidirectionnelle entre les utilisateurs des outils collaboratifs en mode SaaS et les autres.

De notre côté, nous allons permettre une interaction totale entre tous les types d'usages. Par contre, il serait absurde de vouloir équiper en solutions Lotus client lourd les utilisateurs qui n'en éprouvent pas le besoin. Cela n'aurait aucun intérêt économiquement parlant pour l'entreprise. Plus généralement, nous pensons qu'un équilibre sera trouvé entre les utilisateurs des solutions Lotus serveur et SaaS.

L'intégration de la bureautique à LotusLive est par ailleurs dans les cartons. Mais on ne souhaite pas se précipiter. On se donnera tout le temps qu'il faut pour arriver sur le marché avec une offre mature.

Philippe Mathieu est responsable Lotus France et EMEA chez IBM.