Mark Templeton (Citrix) "Hyper-V dans Windows 8 pourrait devenir une vraie opportunité pour nous"

Le P-DG du spécialiste de la virtualisation a accordé une interview exclusive au JDN. Il fait le point sur sa stratégie en matière de mobilité, collaboratif, et technologies de cloud.

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Mark Templeton est le PDG de Citrix. © Citrix

JDN. La mobilité monte en puissance dans l'entreprise. Sera-t-elle votre principal levier de croissance dans les années à venir ?

Mark Templeton. La partie la plus importante de notre activité reste la virtualisation d'ordinateurs de bureau. Mais aujourd'hui, nous enregistrons nos croissances les plus rapides sur les solutions réseau pour les clouds, ainsi que sur la collaboration en ligne, autour de GotoMeeting, qui enregistre 13% de croissance au premier trimestre. Quant à ShareFile, notre deuxième solution en mode SaaS lancée l'année dernière, centrée sur le stockage de fichiers, elle monte aussi très fortement en puissance. Nos produits de plate-forme mobile et de cloud sont positionnés sur des marchés bien plus émergents.

Mais, vous avez raison. L'orientation de l'ensemble des projets des entreprises vers le mobile va pousser l'essentiel de notre croissance dans les prochaines années. La mobilité va contribuer à accroitre en effet les ventes de nos solutions de plate-forme mobile, mais aussi nos outils de collaboration et de partage de données en mode cloud. Fournir une expérience mobile complète et riche implique en effet des services d'arrière plan, de virtualisation système et réseau, pour rendre les postes Windows et toutes les applications d'entreprise mobiles.

Entre terminal mobile managé et virtualisation du poste de travail fixe sur mobile, quelle est la meilleure option ?

La voie privilégiée comme la plus logique consiste à virtualiser les applications Windows et le bureau Windows. C'est une démarche très prisée. Cet environnement représente 80% de l'informatique dans les entreprise, avec des trillions de dollars investis dans cet écosystème. La première étape d'une stratégie mobile d'entreprise est donc clairement à rendre Windows mobile.

L'utilisation de terminaux personnels pour le travail, ou Bring Your Own Device (BYOD), et la virtualisation de postes de travail fixes sur les mobiles sont-elles compatibles ?

Une fois que vous avez virtualisé un environnement ou des applications Windows, vous pouvez tout à fait les livrer sur n'importe quel terminal, personnel ou professionnel. Vous avez aussi pleinement le contrôle des accès aux applications comme aux données d'entreprise. En vous basant sur le même outil de virtualisation, vous pouvez vous adapter à toutes les configurations client. Y compris d'ailleurs aux politiques du CYOD [Choose Your Own Device NDLR] qui consistent à fournir aux salariés le terminal de leur choix. Cette démarche peut d'ailleurs préfigurerla mise en œuvre du BYOD.

Les apps mobiles, natives et HTML5, deviennent de plus en plus nombreuses. D'où le besoin d'une plate-forme robuste pour les délivrer. C'est dans cette optique que nous avons introduit la gamme XenMobile pour gérer l'ensemble de ces cas de figure et tous les scénarios évoqués plus haut. C'est tout l'intérêt de ce produit. Il permet, à travers un investissement unique, de répondre à plusieurs besoins.

"Nous homogénéisons au maximum nos capacités de gestion de parc iOS, Android et Windows Phone"

XenMobile supporte-t-il aussi bien Windows, Android qu'iOS... qui est réputé plus fermé ?

Nous nous basons sur les API de Windows Phone, iOS, et Android, spécifiques à chacun d'eux. Nous avons fait le maximum pour rendre homogène les fonctionnalités, parfois différentes, offertes par ces trois plates-formes. Mais beaucoup d'éléments se recoupent, notamment la possibilité de mettre les applications et données en conteneur, de les provisioner, de verrouiller à distance, mais aussi d'établir des politiques de configuration et de contrôle d'accès.

Globalement, les API d'iOS et Android sont plutôt mâtures. Quant à Microsoft, il propose pour l'instant des interfaces de base pour Windows Phone, mais je pense qu'il devrait très vite les renforcer. Du fait d'une prise en charge plus récente de Windows Phone par nos solutions, cet OS n'est pas supporté par Worx App [qui permet de rendre les applications pleinement compatibles avec XenMobile NDLR]. Mais, cela va évoluer.

La qualité que vous pouvez offrir est par conséquent différente entre les trois OS ?

Certaines fonctionnalités que nous offrons sont effectivement de ce fait différentes selon le système. Sur Android par exemple, nous pouvons entièrement effacer un terminal en vue de le reprovisioner. Avec iOS, nous n'en avons pas la possibilité.

Que pensez-vous de l'intégration d'Hyper-V dans Windows 8 ? Est-ce vraiment une bonne nouvelle pour vous ?

C'est plutôt une bonne nouvelle. Pour l'instant, je pense qu'il s'agit d'une fonctionnalité expérimentale, à destination des développeurs et techniciens. Mais dans le futur, nous pensons qu'il s'agit d'une vraie opportunité pour nous d'intégrer ce grand hyperviseur à XenDesktop, et ainsi de lui apporter notre valeur ajoutée. Nous pourrions ainsi pousser des image de desktop en mode cloud sur des clients Windows équipés d'Hyper-V, les manager et les synchroniser. Le tout de façon très performante.

Certaines offres récentes de Microsoft semblent recouper votre offre, c'est le cas de certains de ses services cloud comme le MDM Intune...

Nos offres demeurent très complémentaires. Dans le cadre de notre partenariat avec Microsoft, notre objectif est toujours d'apporter une valeur ajoutée supplémentaire aux technologies Windows et Azure. Nous avons par exemple une version de XenMobile qui peut fonctionner en se basant sur n'importe quel MDM, y compris donc Intune. Autour de l'offre Azure, on peut aussi évoquer SkyDrive ou SkyDrive Pro. Certes, les clients peuvent s'orienter vers cette offre. Mais, ils peuvent aussi opter pour notre propre offre de stockage en ligne, ShareFile, qui est aussi basée sur Azure. Ils ont le choix. Notez que nos solutions SaaS ne reposent pas toutes sur le même cloud. Nous utilisons également Amazon, et opérons aussi un datacenter qui nous est propre. Ce qui nous permet d'optimiser notre couverture au niveau mondial.

"Nous travaillons à l'interopérabilité de CloudStack et Azure"

Pourrait-on imaginer une convergence entre Azure et CloudStack, votre propre technologie de IaaS ?

CloudStack est de plus en plus utilisé par des fournisseurs de services. CloudStack est utilisé par de nombreux fournisseurs de services à travers le monde. C'est le cas d'Ikoula en France, 1&1 en Allemagne, IDC Frontier au Japon, Korea Telecom, BT, et Godady aux Etats-Unis. Nous planchons par conséquent sur des solutions leur permettant d'interopérer facilement avec Azure.  

Nos produits d'orchestration de cloud basés sur CloudStack peuvent d'ailleurs être aussi utilisés dans le cadre de clouds privés. C'est une solution qui vient compléter notre palette de produits pour les clouds, notamment Netscaller qui permet d'optimiser les réseaux de data centers des grands clouds publics et des grands sites web, et naturellement XenDesktop qui met à disposition en mode cloud n'importe quel desktop ou app Windows.

Pensez-vous que CloudStack puisse devenir un jour le standard des clouds publics, répondant par la même occasion aux problématiques de réversibilité et d'interropérabiltié entre clouds ?

C'est difficile à prévoir. Ce que l'on peut dire c'est que la communauté CloudStack fonctionne bien. Elle est bien organisée. C'est l'une des plus importantes dans ce domaine, voire même la plus importante. OpenStack repose sur une logique de consortium industriel, équivalente à Unix, avec un grand nombre de petits chefs. A l'inverse, je pense que CloudStack présente une plus grande cohérence, une meilleure vélocité, et surtout une plus grande maturité. La preuve en est le grand nombre de clouds en production qui tournent sur CloudStack. Notre objectif est d'être un contributeur clé de cette communauté, avec comme objectif premier de faire de cette technologie un levier réellement opérationnel.

Biographie professionnelle : Mark Templeton est le P-DG de Citrix. Il a rejoint le groupe en 1995 comme vice président du marketing, juste avant l'entrée en bourse de la société. Il est nommé président en 1998, puis directeur général en 2001. Il est parvenu à hisser Citrix d'une société de 15 millions de dollars de chiffre d'affaires à un groupe mondial qui a réalisé 2,59 milliards dollars en 2012.