La RFID trouve ses débouchés dans les solutions NFC

Malgré une évolution relativement lente, les puces RFID s'installent peu à peu en France. L'évolution des technologies et de la normalisation favorisent leur déploiement.

Alors qu'une récente étude menée par le cabinet ABI Research estime à 9,7 milliards de dollars le marché des solutions RFID en 2013, soit une croissance annuelle de 15 % à partir de 2008, l'utilisation des puces RFID reste peu visible de l'utilisateur final en France. Où en est la réglementation ? Quelles applications en tirent profit ? Combien coûte une implémentation et pour quel ROI ?

La progression est timide, mais manifeste. Depuis la première application phare des technologies RFID / NFC (badge personnel sans contact), le passe Navigo (utilisé par la SNCF et la RATP pour l'accès aux transports en commun), ces dernières ont convaincu certaines stations de ski pour l'accès aux pistes, des transporteurs pour le suivi de colis, des aéroports pour le suivi de bagages, et ont même attiré les opérateurs de téléphonie mobile.

SFR, Orange et Bouygues Télécom ont ainsi lancé une association dédiée au soutien et au développement de la technologie NFC (Near Field Communication). Luc Chatel, secrétaire d'Etat à la consommation et à l'industrie, a de son coté annoncé le lancement d'un forum des services mobiles sans contact. L'objectif étant de transformer les téléphones mobiles en solution de paiement en y intégrant la technologie NFC pour échanger des données entre un téléphone et un récepteur sans contact.

Selon les analystes, jusqu'à un tiers des téléphones portables pourraient être équipés de puces NFC d'ici 2011. Conscient du potentiel du marché, la France veut prendre le train en marche. Un pôle de compétitivité a été ouvert autour des technologies RFID. Baptisé CEN@RFID, il est chargé de promouvoir l'usage de ces solutions et d'en faciliter l'appropriation par les acteurs de l'industrie.

Coté logistique, les groupes en sont encore aux expérimentations

"Les applications les plus courantes de la technologie RFID sont : le badge d'entrée sans contact, les puces pour tracer les animaux, et, dans la logistique, les applications visant la gestion des stocks. Ainsi, nous avons actuellement une solution en cours de déploiement pour Air France, de manière à suivre les containers à bagages sur l'aéroport Charles de Gaulle", explique Marion Choppin, responsable produit chez Hub Télécom.

Dans tous les cas, la fluidification et la tracabilité semblent être les deux principaux moteurs de déploiement de ces solutions. "Les puces RFID ont plusieurs avantages par rapport aux codes barres : pouvoir lire des données en masse, pouvoir les lire à distance, et pouvoir inscrire des informations sur la même puce au cours de sa vie", ajoute Marion Choppin. La grande distribution fait donc office de client tout trouvé pour ce type d'applications. Pourtant, c'est aussi celle qui hésite le plus à franchir le pas.

La grande distribution est en effet liée depuis longtemps maintenant aux codes barres. Cette solution, éprouvée, ne saurait être remplacée sans entraîner de surcoûts. Or, si le prix d'un tag RFID s'avère déjà plus élevé qu'un code barre (de 10 cents à 20 ou 30 euros pour un badge RFID autoalimenté), il implique également de changer les lecteurs (2 000 à 3 000 euros le lecteur), ainsi que la couche logicielle reliant l'objet tagué au système informatique de l'enseigne.

Toutefois, dans la grande distribution, un ROI est possible. En effet, si tous les objets disposaient d'étiquettes RFID, on pourrait imaginer des caisses plus efficaces où le contenu d'un chariot de consommateur serait scanné automatiquement en passant un portique. De même, en stock, l'identification des cartons serait plus aisée puisqu'il suffirait de faire passer un camion sous un portique pour connaître tous les produits qu'il contient, et même de pouvoir rajouter des informations sur les tags des produits.

Mieux, pour des produits électroménagers ou informatiques, les puces RFID pourraient permettre d'améliorer le service rendu au client en stockant par exemple le détail des différentes pièces pour pouvoir en changer au cours de la vie d'un micro-ordinateur par exemple.

En dehors de la grande distribution, un certain nombre d'applications sont également possibles : suivi des lits d'hôpitaux, des bagages d'avions, des vêtements, des visiteurs d'un musée ou d'un parc d'attraction et même au sein de l'entreprise.

Il demeure toutefois quelques limites d'un point de vue technologique. "L'eau ou le métal peuvent venir perturber la lecture de certaines puces RFID, ce qui réduit l'utilisation systématique de la RFID sur certains produits vendus par la grande distribution. D'autre part, il se pose plusieurs questions de réglementation émises par la CNIL, qui ne souhaite pas que cette technologie soit utilisée pour stocker des données à caractère personnel", affirme Marion Choppin.

La CNIL surveille de près les utilisations possibles de cette technologie

Et dans ce domaine, les choses avancent lentement pour les industriels. En effet, il ne s'agit pas pour la CNIL que les industriels puissent multiplier les bases de données à caractère personnel en liant les achats au profil de leurs clients sans que ceux-ci ne soient au courant. D'autant plus que certaines utilisations dépassent le caractère traditionnel de la logistique : tatouage des animaux, voire des hommes (au Japon ou en Espagne).

Outre ce cadre juridique encore flou, c'est surtout dans le domaine de la miniaturisation des puces que les évolutions sont attendues. Grâce au travail des spécialistes des semi-conducteurs, les puces deviennent plus petites et donc plus faciles à intégrer mais aussi moins chères, et capables de stocker davantage de données. Autant d'évolutions qui devraient faciliter les déploiements en France.

"Coté normalisation, les choses ont beaucoup avancé. La norme EPC Gen 2 régule notamment les marchandises, la norme RP1740 régule les bagages d'avion et la norme RP1640 régule les containers. Ce travail était essentiel car il permet, partout dans le monde, que les produits soient encodés et décodés de la même façon", constate la responsable produit traçabilité de Hub Télécom.

Malgré cela, le marché évolue lentement sous la pression des prix et des habitudes. Les solutions RFID ne sont donc pas prêtes d'exploser pour le moment. Toutefois, la multiplication des expérimentations en fait un secteur à fort potentiel pour les 10 prochaines années.