Interview
 
02/11/2007

Pascal Lassaigne (Intel) : "Nous croyons beaucoup en un terminal mobile à la croisée du PC portable et du PDA"

Wimax, nouvelle architecture, processeur à quatre cœurs et évolution de l'Itanium : le point sur les nouveautés attendues chez Intel au cours des 12 prochains mois.
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JDN Solutions. Avez-vous des relations directes avec vos clients entreprise ?

Pascal Lassaigne. Nous signons principalement des contrats avec des acteurs, grands comptes, pour être au plus proche des clients dans une optique de conseil bien entendu mais aussi pour leur donner la vision technologique d'Intel à court et moyen terme. Nous faisons aussi pour eux du proof-of-the-concept pour valider ce que peuvent leur apporter ces nouvelles technologies.

Nous venons de lancer la nouvelle technologie 4 cœurs, que nos clients peuvent déjà tester en avance de phase. Nous avons également une relation étroite avec les éditeurs et constructeurs pour valider nos plates-formes sur les outils du marché. Avec cette annonce, le quatre-cœurs est désormais disponible sur des serveurs uniprocesseur, biprocesseur et multiprocesseur jusqu'à 32 sockets.

Mais les applications sont-elles optimisées pour ces nouvelles plates-formes ?

Nous avons fourni aux éditeurs des API, des blocs de programmes pour profiler, optimiser et débuguer des applications multitâches. Nous avons sorti des produits, des compilateurs, démontré les tunings possibles sur ce type d'application. Ces outils, commercialisés, rassurent les clients sur le fait que nous ne réalisons pas de solutions purement techniques, mais nous les accompagnons aussi dans la mise en œuvre. Pendant les salons Intel Developper Forum, nous avons monté plusieurs sessions de présentation pour guider les développeurs en matière de développement multitâche.

Où en est votre plate-forme vPro, à l'occasion de la sortie de la version 3.0 ?

Elle est désormais disponible en deux versions, sur les postes fixes et depuis mai 2007 sur les PC mobiles également. Cette solution donne la possibilité d'administrer à distance sa flotte de PC fixes et mobiles. En septembre, nous avons lancé la version 3 de la plate-forme. Cette nouvelle version introduit principalement plus de sécurité. Nous avons également défini une feuille de route sur plusieurs années, en intégrant au fur et à mesure plus de fonctionnalités de sécurité et de virtualisation.

"vPro 3 introduit beaucoup de fonctionnalités de sécurité"

Pour le moment, la nouvelle version de vPro permet d'identifier et d'isoler un poste plus rapidement lors d'une tentative d'intrusion IP. Si par hasard, il se passe quelque chose d'anormal, nous bloquons l'adresse système tout en gardant l'adresse IP privée pour administrer le poste. Cette solution va encore s'enrichir dans le futur grâce à des intégrations plus fortes avec des solutions spécialisées de type Altiris, HP, Landesk.

Nous sommes aussi capables de détecter des paquets réseaux récurrents, pour éviter la surcharge réseau. De même, vPro crypte les informations d'authentification. Plus tard, nous pourrions imaginer crypter aussi les machines virtuelles.

Quel en est le bilan en termes d'adoption ?

Nous sommes globalement satisfaits des résultats, mais ils restent modestes. Il faut prendre en compte le fait que les entreprises rafraîchissent leur parc informatique par tiers. Aussi, elles ont pour certaines déjà sélectionnées vPro mais ne sont pas encore passées à sa mise en place. D'autre part, vPro change leurs méthodes actuelles de gestion de parc et elles doivent donc adapter leurs procédures, ce qui prend du temps.

Dans les sociétés de taille moyenne, le processus d'adoption est plus rapide toutefois. Nous avons par exemple comme client vPro le Secours Populaire, qui dispose d'une flotte de 200 PC gérée par 4 personnes. Pour ce client, l'un des avantages insoupçonnés de la solution est la réduction de la consommation électrique qu'elle permet. En effet, avec vPro, il est possible de mettre à jour ces PC sans les laisser allumer, en les réactivant à distance. Ils ont estimé à 30 euros par poste et par an les économies.

Quelles sont les nouveautés prévues sur votre feuille de route qui affecteront prochainement les entreprises ?

Nous avons fait des choix en matière de feuille de route. Notre calendrier prévoit désormais une mise à jour de nos procédés de fabrication tous les 2 ans et une mise à jour de notre architecture tous les 2 ans aussi, mais de manière intercalée pour offrir des nouveautés tous les ans aux clients. Le mois prochain, nous allons introduire nos premiers processeurs dont les transistors ont été gravés en 45 nanomètres. Dans ce domaine, notre feuille de route court jusqu'en 2012.

Pour atteindre cette finesse de gravure, nous allons changer les matériaux utilisés. L'objectif étant de maintenir la consommation électrique des puces aux alentours de 130 watts, mais d'offrir aux clients beaucoup plus de performance par Watts.

Mais avec les prix de l'énergie qui flambent et le problème du réchauffement climatique, vos puces ne devraient-elles pas viser de moins consommer plutôt ?

Nous fabriquons en effet des processeurs low voltage pour les serveurs, qui consomment moins de 50 watts. Ces puces peuvent être intéressantes dans le cas de centres de données confrontés à des problèmes de consommation d'énergie mais elle n'offrent pas le même niveau de performance que les puces à 130 watts. Tout dépendra du rapport prix / performance / consommation que le client souhaitera payer.

Pourtant les PC portables consomment moins de 50 Watts, et offrent des performances quasi comparables aux PC fixes. N'est-il pas possible de transposer ce type d'architecture au monde des serveurs ?

Sur les PC fixes, nous utilisons la même micro-architecture que celles des PC portables, seul le jeu d'instruction, la quantité de mémoire cache et la vitesse d'horloge du processeur diffèrent. Et les performances d'un PC fixe sont tout de même un cran au dessus de celles des PC portables. Toutefois, nous sommes conscients que la réduction de la consommation électrique est une priorité.

"La consommation électrique est un enjeu que nous avons commencé à adresser depuis l'architecture Core"

C'est un travail que nous avons commencé avec l'architecture Core, et que nous poursuivons en optimisant les procédés de fabrication. Nous avons par exemple réussi à réduire de moitié les fuites d'énergie de nos processeurs, provoquant moins de consommation électrique et moins de dissipation de chaleur. Autre solution, quand le processeur n'est pas actif, nous le passons en mode veille.

Les clients seraient-ils prêts à choisir des solutions moins puissantes, mais aussi moins consommatrices d'énergie ?

En France, l'énergie n'est pas très chère donc ce problème ne fait pas vraiment partie des priorités des entreprises. Après, il y a la conscience du DSI, mais celle-ci est souvent rattrapée par les réalités du terrain et les exigences de ces applications. Mais il faut aussi avoir à l'esprit que le processeur n'est responsable que de 30% de l'énergie totale dégagée par une machine. Nous sommes donc présents à travers un consortium qui réfléchit à l'optimisation de la consommation électrique au sens large, par exemple concernant le boîtier d'alimentation des PC et des serveurs.

En 2008, quelles seront les nouveautés produits chez Intel ?

Nous allons introduire une nouvelle micro-architecture, qui apportera 8 cœurs sur un seul processeur. Nous allons aussi évoluer vers QuickPath, qui est une manière différente de gérer la mémoire en la plaçant au niveau du processeur. Le FSB, évoluera jusqu'à 1666 Mhz en attendant QuickPath. La prochaine génération d'architecture sera aussi plus efficace en termes d'attribution de la mémoire par cœur. Elle intègrera des fonctions sur les transistors pour une meilleure interaction entre le logiciel et le matériel. Dès 2009, nous estimons que nos plates-formes dépasseront quelques dizaines de cœurs.

Qu'en est-il des nouveautés pour Itanium ?

Ce processeur poursuit son chemin. Il a connu quelques évolutions mineures en 2007, portant sur l'isolation des composants mémoires. En 2008, nous sortirons une version quatre cœurs de l'Itanium. Dans les mois à venir, nous introduirons plus de fonctionnalités sur Itanium. L'objectif étant de supporter aussi toujours plus d'applications, aujourd'hui nous en sommes à 12 000 certifiées.

Avec le développement des smartphones et des PDA communicants, Intel a-t-il des projets particuliers en la matière ?

"Plus de 12 000 applications sont certifiées sur Itanium"

Nous évoluons petit à petit vers le marché de l'UMPC et des Mobile Internet Device. Notre vision de l'avenir des terminaux mobiles est celle d'un terminal unique évolué, capable de recevoir des réseaux WiFi, Wimax, 3G, de proposer un écran de bonne taille et une interface évoluée. La taille du terminal serait celle d'une console portable PSP de Sony. Notre défi sur ce segment consiste à développer des puces plus petites qu'un doigt, capables d'être aussi puissantes qu'avant et de consommer moins d'un watt.

La consommation électrique pour ses appareils est aussi un point critique, car ce terminal servira à terme de lecteur MP3, de baladeur vidéo, de téléphone, de connexion Internet... Notre première génération de puce vient de sortir, et nous en préparons une deuxième pour 2008 / 2009. Nous croyons beaucoup au développement de ce segment là.

Principal soutien du Wimax, qu'en est-il de son adoption au sein des technologies Intel ?

Nous avons fait beaucoup d'expérimentation en matière de Wimax, mais le marché est désormais arrivé à maturité. Nous allons donc intégrer dans nos PC portables des puces Wimax en 2008.

 
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Cette annonce a déjà été faite, et pourtant rien n'est encore sorti. Pourquoi ce retard ?

Il y a eu de gros problèmes autour de la normalisation du Wimax, qui ont ralenti le processus. D'autre part, nous avions besoin de fédérer des acteurs autour de la norme Wimax pour s'assurer de soutien avant de lancer la production en série pour des raisons économiques. Or, il y a eu à affronter une résistance logique d'acteurs qui ont payé très cher des licences UMTS qui n'ont toujours pas été rentabilisées.

Mais le Wimax décolle désormais et des projets voient le jour en Amérique du Nord, dans quelques pays émergents, en Asie et au Japon. Le continent Africain a de ce coté là un énorme potentiel. En Europe en revanche, il y a beaucoup de réticences et le marché ne devrait pas décoller du fait des licences 3G. Ce qui ne veut pas dire toutefois que des opérateurs alternatifs ne profiteront pas de l'occasion pour se lancer et venir bousculer le marché.


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