David Monteau (French Tech) "Le label French Tech requiert une grande mobilisation du privé"

Fleur Pellerin a lancé fin novembre le plan "French Tech", destiné à stimuler la croissance des start-up du numérique. David Monteau, directeur du programme, détaille les principales mesures.

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David Monteau dirige la mission French Tech pour le gouvernement. © S. de P. French Tech

JDN. La "French Tech" fait suite à l'initiative "Quartiers numériques". Quel en est l'objectif ?

David Monteau. A l'origine du projet "French Tech", un constat : Il y a en France un tissu, un écosystème très dynamique d'entreprises du numérique. Le gouvernement souhaite accélérer leur croissance et créer les conditions pour favoriser l'émergence de champions internationaux. Le deuxième objectif est de rendre les start-up françaises plus visibles à l'international car la France y souffre parfois d'une perception négative. C'est pourtant une vision erronée. Il n'y a qu'à voir le palmarès Deloitte Technology Fast 500 des entreprises avec la plus forte croissance en Europe : la France domine le classement avec 86 entreprises sélectionnées, suivie par le Royaume-Uni avec 71 sociétés. Nous possédons un terreau très riche en termes de start-up du numérique. Nous voulons contribuer à cette dynamique et l'intensifier pour faire émerger des champions.

Par quels biais ?

D'abord, en mettant en avant la logique d'écosystème. Nous sommes convaincus que la croissance de ces entreprises passe par une dynamique collective. On le voit dans tous les hauts lieux de l'innovation, qui montrent une capacité à agréger des compétences très différentes : capital, savoir-faire, technologies... Nous voulons favoriser des écosystèmes ancrés dans des territoires plutôt que des entreprises en particulier. La French Tech va mobiliser l'ensemble des acteurs autour d'un grand projet de développement de l'écosystème : start-up, PME, investisseurs, centres de formation, laboratoires de recherche, grandes écoles, universités... L'Etat labellisera des écosystèmes qui portent un réel projet répondant au cahier des charges de la French Tech. Par exemple, il requiert d'avoir un bâtiment totem, d'être tourné vers l'internationalisation, d'avoir un écosystème déjà dynamique et une réelle application du tissu privé en sa faveur...

15 millions pour promouvoir la French Tech à l'international

Qu'est-ce que le label "French Tech" apportera, concrètement ?

C'est un label de qualité, qui n'ouvre pas la porte à des financements. Il concernera des zones urbaines, des métropoles. Paris, bien sûr, dès 2014. Mais aussi, probablement, Lyon ou Toulouse par exemple. Les écosystèmes labellisés bénéficieront d'offres spécifiques. Les entreprises championnes auront un accès privilégié à Bpifrance et à Ubifrance, par exemple. Et puis il ne faut pas négliger l'effet de levier : les opérateurs nationaux vont se focaliser davantage vers les entreprises appartenant au label French Tech. Mais surtout, la promotion de la French Tech à l'international va donner de la visibilité aux écosystèmes labellisés. C'est l'un des objectifs majeurs du programme. 15 millions d'euros seront destinés à renforcer la visibilité des écosystèmes français. Une petite partie des fonds sera dédiée à des opérations de communication institutionnelle, mais ils seront avant tout destinés à des initiatives portées par des acteurs privés. Par exemple, si des entreprises travaillant dans le machine to machine lancent un salon mondial sur le secteur, c'est une opération de visibilité pour l'écosystème que l'on pourra financer. Nous ferons valoir le savoir-faire français à l'international.

Comment va se dérouler la labellisation ?

Il s'agit d'un programme ouvert, auquel les écosystèmes peuvent postuler dans la durée. Les labellisations se feront au fil de l'eau. Nous souhaitons démarrer en 2014 avec un petit nombre d'élus qui construiront le programme puis enrichir l'équipe par la suite. De nombreuses villes sont déjà sur les rangs... A voir quand elles pourront proposer un vrai projet.

"Les fonds seront destinés à des initiatives portées par le secteur privé"

200 millions d'euros vont aussi être consacrés aux start-up du numérique pour favoriser leur croissance. Sous quelle forme ?

L'Etat va aider tout acteur privé qui veut s'engager pour aider les start-up en mettant en place un programme d'accélération. Les entreprises, entrepreneurs ou investisseurs qui sont prêts à s'engager en ce sens sont les plus à même d'aider des jeunes pousses. Les 200 millions d'euros serviront à financer du coaching, l'accès à des technologies ou à des réseaux de distribution... Tout programme susceptible d'augmenter la capacité des start-up à se développer, en somme.  

Depuis ses débuts dans une startup de bio-informatique, David Monteau a inscrit tout son parcours professionnel sous le signe de l'innovation numérique. Avant de rejoindre la French Tech, il était directeur du transfert et de l'innovation de l'Inria, gérant un portefeuille de partenariats R&D stratégiques avec des grands comptes, ainsi qu'un flux de projets de transfert technologique vers des PME/ETI et de créations de startups. Il était également administrateur de deux fonds d'investissement.