Jean-Daniel Guyot (Capitaine Train) "Capitaine Train vendra 400 000 billets de train cette année"

Le site de vente de billets SNCF, iDTGV et Deutsche Bahn s'apprête à ouvrir ses portes au public. Son PDG explique l'avantage de Capitaine Train sur Voyages-Sncf et ses ambitions pour les mois à venir.

JDN. Que fait Capitaine Train ?

Jean-Daniel Guyot. Nous vendons en ligne des billets de train sur les marchés français et allemand. Nous référençons les trajets de la SNCF - donc également d'Eurostar, Thalys et Lyria - ainsi que d'iDTGV et de Deutsche Bahn.

Concernant les trajets en France, qu'est-ce qui vous différencie de Voyages-Sncf.com ?

Nous mettons l'accent sur la simplicité et la rapidité du service. L'utilisateur commence par créer un compte client, car le fait qu'il ne soit pas anonyme nous fait gagner du temps et de la pertinence dans nos interactions. Une fois qu'il a renseigné l'itinéraire et les passagers, il obtient ses billets en 30 secondes. Ceci est notamment rendu possible par la technologie que nous utilisons, Ember.js, qui ne nécessite jamais aucun rechargement de la page. Mais également par l'absence de publicité sur le site et par notre tunnel d'achat réduit au minimum : lorsqu'on choisit un trajet, on est envoyé directement dans le panier et une option a déjà été posée sur le billet.

Les internautes viennent aussi sur Capitaine Train en raison de l'efficacité du service client, puisque notre support répond dans un délai extrêmement bref, quel que soit le canal de communication, et met un point d'honneur à apporter au client la meilleure solution possible. Enfin, notre modèle économique est exclusivement basé sur des commissions. Donc contrairement à Voyages-Sncf.com, qui ne vend pas que du train mais également des voyages et fait aussi de la publicité, nous gagnons de l'argent en misant uniquement sur la satisfaction des clients.

Comment fonctionnez-vous avec les différents opérateurs ferroviaires ?

Nous nous connectons aux systèmes d'information de VSC Technologies, d'IDTGV et de Deutsche Bahn. Nous avons accès à leurs tarifs et disponibilités en temps réel. Quand les tarifs ne sont pas les mêmes sur deux systèmes, nous proposons le moins cher des deux. Pour le moment, cette possibilité n'est intéressante que sur les trajets transfrontaliers, mais ceci devrait bientôt changer.

En effet, Capitaine Train a pu voir le jour grâce à l'ouverture du marché de la distribution des billets de train. Nous allons maintenant assister à l'ouverture du rail, qui est déjà intervenue en Allemagne et en Italie. Le marché va devenir plus complexe et notre service encore plus utile aux consommateurs, car nous distribuerons tous les opérateurs ferroviaires.

Ne risquez-vous pas de voir apparaitre des concurrents ?

Peut-être. Mais pour l'instant, aucun n'est connecté comme nous aux principaux opérateurs. Or c'est là que réside la principale difficulté pour lancer une activité comme la nôtre : avoir les reins suffisamment solides pour tenir une année de négociations avant de commencer à vendre.

Comment se sont déroulées vos négociations avec eux ?

Suite à une décision de l'Autorité de la Concurrence en février 2009, la SNCF a accepté d'ouvrir son système de réservation. En mars de la même année, nous avons fondé Capitaine Train. Nous avons ensuite négocié pendant un an pour accéder à son système de réservation et signer un contrat nous permettant de vendre ses billets. Nos interlocuteurs ont fini par comprendre que nous étions sérieux et nous sommes maintenant en très bon termes avec eux.

En octobre 2010 nous avons lancé notre service et vendu quelques billets de train à nos proches. En avril 2011 notre site est passé en version beta sur invitation et nous tournons toujours sur ce mode, qui nous permet déjà de grandir. En août 2011 nous avons rajouté iDTGV afin de proposer une offre complète sur la France. Et en mai 2012 nous avons signé avec Deutsche Bahn. Nous quitterons la beta pour lancer officiellement Capitaine Train durant l'automne.

Combien de billets avez-vous vendus jusqu'ici ?

Sur nos neuf mois d'activité en 2011, nous avons vendu 40 000 billets, ce dont nous étions déjà très satisfaits. Et comme les utilisateurs qui ont essayé le service reviennent, notre taux de récurrence s'est fixé à 70% de clients qui ré-achètent dans l'année, ce qui est assez rare dans l'e-commerce. De plus, l'expérience utilisateur de notre service s'améliore avec le temps, car le client qui revient sur Capitaine Train peut sélectionner en un clic ses trajets préférés ou les passagers qui l'accompagnent. En 2012, notre objectif est de vendre au moins 10 fois plus de billets qu'en 2011. Nous allons réellement passer la seconde.

Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Dans l'immédiat, nous nous concentrons sur le développement de Capitaine Train en France et en Allemagne. Donc sur la sortie publique en France, pour laquelle nous devons encore finir d'adapter notre site à Internet Explorer, et dans un deuxième temps sur le lancement d'un site en allemand, que suivra un site en anglais. A plus long terme, nous désirons être présents partout en Europe.

Envisagez-vous de conclure des partenariats ou de proposer votre service en marque blanche ?

Non, pour le moment nous voulons développer notre marque, qui se révèle très appréciée.

Pourquoi n'était-il pas possible d'ouvrir votre site au public plus tôt ?

Nous nous sommes heurtés à un problème de recrutement. Les start-up ne bénéficient que de très peu d'exposition sur le marché de l'emploi. A la sortie de leur école d'ingénieurs, les développeurs effectuent leur stage au sein de SSII ou de grands groupes qui les embauchent dans la foulée. Alors que dans les start-up, les collaborateurs travaillent sur des problématiques complexes et dans des environnements bien plus motivants ! Nous recrutons d'ailleurs beaucoup. Chez Capitaine Train nous serons passés de 5 à 14 salariés entre le début et la fin 2012. Et ce sont des emplois de qualité : ils ne sont absolument pas payés au Smic, les collaborateurs ont beaucoup de responsabilités et nous affichons une très belle croissance.

C'est donc aussi pour porter ce message que nous participons le 22 septembre prochain à Paris à la journée "Rejoignez une start-up", au cours de laquelle les fondateurs et les directeurs techniques d'une quarantaine de start-up expliqueront leur activité et proposerons des postes. Tous, nous voulons créer le prochain Twitter, le prochain Facebook, et faire en sorte qu'il ne soit pas une fois de plus américain, mais français !

Jean-Daniel Guyot est PDG et co-fondateur de Capitaine Train. Diplômé de l'INSA Rouen en 2005, ingénieur logiciel puis freelance, il intègre Wizzgo en 2008 en tant que responsable technique. Il crée Capitaine Train en 2009 avec Valentin Surrel et Martin Ottenwaelter dans le but simplifier les achats de billets de train sur Internet.