Codecademy : la start-up qui veut révolutionner l'enseignement informatique

Codecademy : la start-up qui veut révolutionner l'enseignement informatique En deux ans, la plateforme qui permet d'apprendre à développer est devenue l'une des start-up les plus en vogues de New York. Décryptage d'un succès.

A respectivement 21 et 22 ans, c'est sur les bancs de l'université de Columbia que Zach Sims et Ryan Bubinski ont décidé de lancer un réseau social dédié à l'apprentissage. Une idée simple qui par son ambition a séduit Paul Graham, le fondateur du Y Combinator, le plus célèbre accélérateur de startup de la Silicon Valley. En 2011, les deux prodiges intègrent la structure et se retrouvent vite confrontés à leurs compétences en développement informatique. Ce constat donne naissance à Codecademy. L'idée est simple : sur le site, les utilisateurs peuvent apprendre différents langages informatiques en faisant des exercices de plus en plus compliqués. D'autres, à des niveaux supérieurs, les aident à progresser. Séduisant et engageant, ce nouveau MOOC (Massive Open Online Course) comptabilisait déjà 1 million d'utilisateurs inscrits en janvier 2012, seulement 5 mois après son lancement. 

 

Près de 280 000 visiteurs uniques

En octobre 2011, le fonds d'investissement new-yorkais de Fred Wilson Union Square Ventures menait un tour de table de 2,5 millions de dollars dans la start-up. Accompagné d'autres capitaux-risqueurs comme Thrive Capital, SV Angel ou encore CrunchFund, la start-up comptait déjà des utilisateurs provenant de plus de 200 pays dont seulement 30% aux Etats-Unis. En avril dernier, Codecademy enregistrait près de 280 000 visiteurs uniques aux Etats-Unis, selon Nielsen Netratings, et un million de visiteurs uniques dans le monde. Mais sa principale caractéristique tient dans sa capacité à captiver l'attention de ses utilisateurs : ces derniers ont passé en moyenne 46 minutes sur le site durant le mois d'avril.

 

Des investissements massifs pour internationaliser le modèle

La réputation de Codecademy n'est plus à faire. En 2012, le site est considéré par le Time Magazine comme l'un des meilleurs sites au monde et est récompensé par TechCrunch au titre de la meilleure start-up du secteur de l'éducation. En août dernier, la start-up signait un second tour de table de 10 millions de dollars : un signal fort pour le marché de l'éducation en ligne, au regard des investisseurs faisant leur entrée à son capital. Kleiner Perkins, Index Ventures, le patron de DST Yuri Milner et même l'icône de l'entrepreneuriat britannique Richard Branson apportent leur soutien financier à la société pour qu'elle s'internationalise. Mais cette réputation sans précédent tient également à son partenariat avec la Maison Blanche. La start-up fut intégrée début 2012 à un programme baptisé Code Summer+ mené par le gouvernement américain. L'objectif : aider les jeunes les plus défavorisés à se former à la programmation pour trouver plus facilement un emploi d'été.

 

Transformer le marché de l'éducation

"Codecademy n'a pas encore de business model et la monétisation n'est pas encore sa priorité", explique Pierre Dubuc, fondateur de Simple IT, l'éditeur du Site du Zéro, une plateforme communautaire de formation spécialisée dans l'informatique qui s'apprête également à lancer des MOOC sur le marché français en partenariat avec des universités. Mais pour ce jeune entrepreneur, si le marché de l'éducation en ligne au sens large est encore peu perceptible aujourd'hui, "sa taille s'évalue en trillions de dollars puisque ces plateformes s'attaquent sur le long terme aux parts de marché des universités américaines". Aux Etats-Unis, Coursera souhaite à ce titre se positionner comme concurrent frontal des grandes universités comme Stanford. "Cette situation de restructuration du marché se présentera d'ici 5 à 10 ans. L'atout économique de ces plateformes, c'est de pouvoir un jour proposer une formation reconnue par l'Etat, dix fois moins chère et qui s'adresse à un public 1 000 fois plus large". 

 

Un avenir financier encore incertain

Mais pour le moment, l'unique levier de monétisation de Codecademy réside dans sa capacité à mettre en relation des développeurs et des employeurs. Une activité destinée notamment à répondre à une problématique à laquelle tous les DRH de la Silicon Valley sont confrontés : la pénurie de développeurs qualifiés. "Ce levier de monétisation reste néanmoins balbutiant et ne disposant pas de problème de trésorerie, Codecademy n'a jamais caché que trouver un modèle économique n'était pas sa priorité", précise Pierre Dubuc. Et à la différence des autres MOOC, Codecademy se positionne sur un marché très vertical. Sa stratégie de monétisation sera donc certainement très différenciée des futurs géants que sont Coursera et Udacity dont le marché adressable est bien plus large. Depuis leur création, ces deux dernières start-up ont respectivement levé 22 et 20 millions de dollars.

Les autres articles de la semaine Educ 2.0 du JDN :